Exposé pour la première fois au Bénin après la restitution, par la France, des 26 «trésors royaux», le trône du roi Ghézo surplombe les autres pièces de l’exposition « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de la restitution à la révélation».
Impressionnant ! Il impressionne. Le trône du roi Ghézo s’impose le regard des visiteurs de l’exposition «Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de la restitution à la révélation», en cours du 19 février au 26 mai 2022 au Palais de La Marina.
L’une des 26 œuvres restituées au Bénin par la France, le trône d’apparat du roi Ghézo suscite beaucoup d’attraction à la présidence de la République. Constitué de plusieurs panneaux en bois et dont la partie supérieure est incurvée, le trône du roi Ghézo, le neuvième souverain d’Abomey (Danxomè), est un haut siège rectangulaire. Il est orné de motifs d’inspiration ashanti (culture du Ghana) certainement pour traduire l’idée de succession et de pouvoir du roi Ghézo, comme c’est la tradition chez les Agassouvi.
Il est créé à partir d’un seul morceau de bois dans lequel sont sculptés des sièges en forme de croissant, des bases plates et un cadre complexe. Les nombreux motifs et symboles signifient que chaque trône est unique et que chacun a une signification différente selon l’âme de la personne qui occupe le siège. Il est sculpté de façon majestueuse et présente un aspect dominant. Il est en bois métal 199 × 122 × 88 cm. Les deux côtés, largeur de l’assise du monarque, portent deux types de décoration installés de façon superposée. L’un est constitué d’un motif circulaire de trois pièces alors que l’autre, un peu plus haut, porte sept pièces identiques sous forme de pointe. Il fait près de deux mètres de haut avec de nombreuses sculptures.
Ce trône possède des motifs tels que des palmiers, symbole d´éternité. Sa taille traduit la prospérité du royaume de Danxomè, notamment sous le règne du roi Ghézo. Bon organisateur et grand chef militaire (1818-1858), le roi Ghézo a eu l’idée de développer la plantation du palmier à huile en remplacement du commerce des esclaves, principale source de revenu du royaume. Il a réussi à développer son royaume grâce à la plantation du palmier. Il impose à tous ses sujets de planter unpied de palmier en l’honneur de chaque nouveau-né. Pour la croissance du royaume, le roi Gézo puise ses sources dans l’invisible et les matérialise sur le plan visible en s’appuyant sur le Fâ, divinité oraculaire.
Pour partager la prospérité du royaume à ses sujets, le monarque sortait son trône d’apparat et s’y installait. Surplombant la foule, le souverain distribuait à son peuple cauris, tissus, animaux, nourriture, armes, etc. Cette cérémonie se déroulait une fois l’an, en reconnaissance à la participation du peuple à la prospérité du royaume. Le souverain saisissait également l’occasion des rituels en hommage aux ancêtres royaux pour s’afficher sur ce siège royal. Ghézo fut un roi très puissant. Il est mort en 1858.
Odi I. Aitchédji