Votre quotidien « Le Matinal » a consacré sa page culture à une série d’interviews dans le cadre de la célébration du mois de la mode. Pour ce numéro, le promoteur du Festival international de la mode et du mannequinat africain (Fesmma) et Directeur artistique du mois de la mode, John Médard Sèdokoun s’est confié à nous.
Le Matinal : Le gouvernement du Bénin à travers le ministère du Tourisme, de la culture et des arts organise durant ce mois de juillet, l’édition 2023 du « Mois de la mode ». En votre qualité de directeur artistique, que vous inspire le thème retenu cette année ?
John Médard Sèdokoun: Il faut reconnaître que c’est un thème authentique, car ça parle déjà du Xwéda Blue qui est l’une des gammes du tissu Elu vô qui était appelé Couleur indigo qui est un patrimoine en termes de nom d’où le Elu vô. Xwéda Blue est un tissu qui inspire énormément à travers ses designs, sa couleur. Ce thème nous rappelle une certaine partie du Bénin qui est un peuple très riche culturellement. Je suis dans une immersion d’idées artistiques. En termes de tableaux, de chorégraphies ou de parades, nous avons de la matière pour présenter un évènement. Ce thème inspire le bleu, la culture béninoise et l’authenticité du Bénin et l’apport des tenues béninoises dans la promotion de la mode africaine et mondiale.
Quelles sont les innovations auxquelles on peut s’attendre au cours de cette édition ?
Pour cette année, nous aurons beaucoup d’innovations. Cela a commencé depuis le lancement le 1er juillet à travers cette parade qui est unique en son genre ; une parade de plus de 20 créateurs avec 20 mannequins dans des tenues de créativité, des tenues qu’on ne saurait de façon systématique imaginer. Des créateurs se sont surpassés. Nous avons eu des tenues dans des matières atypiques. Des tenues en escargot, en balai, en queue de pagne. Il y a vraiment eu de l’ingéniosité. A la fin de cette parade, j’ai dit que le Bénin a un incroyable talent.
Quels sont les différents tendances et tableaux auxquels nous pouvons assister lors du défilé ?
Nous avons trois grands tableaux de cinq grands créateurs par tableau. Il y aura une grande parade de fin pour clôturer la soirée. C’est comme cela que se présente la grande nuit du Mois de la mode de cette année.
Combien de participants sont attendus (Stylistes, accessoiristes…) ?
Pour la grande nuit du mois de la mode qui se tiendra le samedi 22 juillet 2023, nous avions une cinquantaine d’acteurs dont 15 créateurs pour le grand défilé, 20 mannequins, 15 coiffeurs, 2 maquilleurs, 2 accessoiristes et les autres membres de l’équipe technique dont la Direction artistique et les décorateurs.
Vous êtes aussi Responsable d’une agence de mode et promoteur de l’évènement de mode « Fesmma », que pensez-vous de la mode au Bénin ?
Comme vous avez bien su rappeler, nous sommes promoteurs du (Fesmma), Festival de la mode et du mannequinat africain, qui est d’ailleurs à sa 15e édition, et qui à ce jour, demeure le plus vieil événement de mode du Bénin encore en activité si on peut parler ainsi. Donc déjà, à travers la pérennité de cet événement nous avions contribué à inspirer plus d’un et à maintenir le flambeau d’une mode béninoise en effervescence. Et nous avions fait venir pas mal de créateurs béninois au Bénin, la plupart pour leur première fois. Ils doivent être de grands noms , et pour la promotion de la mode béninoise, pour ne pas parler que de vêtements, nous en sommes pour beaucoup. Nous avions été à l’initiative de la création des différentes associations professionnelles de mode au Bénin ici, je veux parler de l’association des promoteurs ,des agents de mode du Bénin, de l’association des mannequins professionnels du Bénin, l’association des créateurs de mode du Bénin, et ceci depuis 2016. Ensuite, sur pratiquement tous les grands projets de mode au Bénin à commencer par le Kanvô, la première édition du grand défilé du Kanvô, nous avions été également à la direction artistique pour piloter ce projet avec le ministère des petites et moyennes entreprises et également sur le mois de la mode donc aujourd’hui. Également, nous sommes le directeur artistique de cette marque au Bénin et on peut dire que sur la promotion, nous avions fait pas mal de choses et il va falloir toute une émission pour parler de nos actions en 22 ans de carrière professionnelle aujourd’hui.
Quelle est votre contribution en tant qu’agence de mode au Bénin dans la promotion des tenues made in Benin ?
Notre contribution en tant qu’ agent de mannequins au Bénin, c’est déjà d’être la plus vieille agence de mannequinat au Bénin, et même en Afrique aujourd’hui. Cela fait 22 ans que John Medard Agency international qui est une agence de mannequins professionnels existe. Donc, nous avons formé plusieurs générations, plus d’une dizaine de générations de mannequins sur la place, que ce soit au Bénin ou en Afrique. Et qui parle de bons mannequins, parle de mannequins pouvant mettre en valeur les tenues des créateurs pour ne pas dire les produits de la mode béninoise ou africaine. Donc, ça a été vraiment un travail qui a pu révéler le talent des différents acteurs de la chaîne de la mode béninoise et africaine. Ce qui est sûr, à travers toutes ces générations de mannequins qui aujourd’hui représentent dignement le Bénin, on a l’impression d’être dans le monde parce qu’on a des mannequins qui font le Fashion week de Cotonou, de Paris, de Milan, de New-York et qui représentent dignement le Bénin et l’Afrique. Donc, on peut quand-même dire que c’est également une autre contribution que nous avons apportée au développement de la mode béninoise.
Selon vous, comment la mode contribue à la promotion de la culture béninoise ?
La mode est la meilleure expression de la culture béninoise parce qu’à travers l’habillement d’un Béninois, vous pouvez reconnaître la culture béninoise. C’est aussi le cas à travers sa coiffure, des tisserands et des accessoiristes. Tous les acteurs de la chaîne de la mode sont de véritables représentants de la culture béninoise. A cet égard, je pourrai affirmer sans me tromper que la mode contribue à 50% à la promotion de la culture béninoise, mais mieux, elle n‘est pas que facteur de promotion ou de développement culturel, mais c’est aussi un grand secteur de développement économique. La mode, c’est l’utile à l’agréable; c’est toute une industrie. Quand on voit qu’en 2023, l’homme le plus riche du monde est un acteur de la mode, on ne peut que comprendre toute l’importance que ce secteur revêt.
Mode béninoise et le consommons local: utopie ou réalité ?
Je dirai que la mode au Bénin est une réalité. Ce n’est pas de l’utopie. Quand bien même pendant longtemps, nous sommes restés dans l’utopie, lorsque des décisions aussi fortes politiquement et économiquement ont été prises par le gouvernement à savoir l’instauration d’un mois de la mode béninoise et un mois du Consommons local, vous comprenez aisément que nous ne sommes plus dans de l’utopie, mais dans la réalité politique, économique, culturelle. C’est une révolution vraie et réaliste que nous vivons. Nous pouvons voir que beaucoup de Béninois prennent du plaisir à se mettre en tenues locales faites à base du Kanvô, Elu vô. Je pense que ça prend vraiment et je prie pour que cela prenne plus, car lorsque nous voyons des exemples comme le Burkina-Faso ça nous donne envie. Aujourd’hui, le Bénin est aussi cité en exemple à travers ses différentes initiatives en faveur de la promotion de la mode. Pour finir, je dirai carrément que c’est du réel actuellement.
Votre mot de fin
Je dis merci à toute la presse béninoise notamment au journal Le Matinal pour cette initiative. J’en profite pour dire à tous les acteurs de la mode béninoise de saisir cette opportunité que nous offre le mois de la mode offert par le gouvernement pour montrer de quoi le génie créatif béninois est capable. Le Bénin a un incroyable talent. En matière de mode également, nous l’avons vu. Le secteur de la mode est une grosse industrie. Nous pouvons encore aller très loin. Je demande aux autorités à divers niveaux de continuer sur la même lancée afin de relever les défis économique, culturel et social ensemble.
Propos recueillis par Mohamed Yasser Amoussa (Coll)