(Un aveu d’échec avant la compétition)
Quoiqu’étant prévues pour se tenir dans un peu moins de trois ans, les joutes électorales de 2026 polarisent déjà les attentions au sein du parti « Les démocrates ». Dans la déclaration finale qui a sanctionné le conseil national du 22 juillet 2023, le parti a une fois encore exprimé des craintes relativement aux élections prochaines. Une stratégie qui, selon certains analystes, cache mal l’incapacité du parti à se donner les moyens de provoquer l’alternance en 2026.
2026 perturbe déjà le sommeil de certains acteurs politiques. Si depuis quelques temps, l’actualité est nourrie de suscitations de candidatures par certains mouvements politiques, le parti « Les démocrates » s’est invité au débat non pour apprécier la floraison des appels à candidatures en faveur d’une personnalité proche du pouvoir, mais pour exprimer des craintes sur les élections qui semblent pourtant encore loin. En effet, dans l’une des résolutions adoptées par les délégués au Conseil national organisé par le parti à Porto-Novo le week-end dernier intitulée « Résolution sur l’exclusion politique sous toutes ses formes du parti « Les démocrates » du cadre institutionnel du Bénin », le parti dénonce son absence au niveau des institutions en charge de la gestion des élections. « Le Conseil national manifeste sa désapprobation totale face aux manœuvres et actes qui consacrent l’exclusion du parti « Les démocrates » du cadre institutionnel du Bénin et exige sa présence au niveau des institutions qui ont la charge des élections générales de 2026 dont l’Anip qui en est l’une des chevilles ouvrières est dirigée par un expatrié dont on connait les dérives autoritaires dans son pays. Le Conseil national rend responsable le gouvernement de la Rupture des déconvenues qui découleraient du non-respect de l’approche d’inclusion du parti « Les Démocrates » dans le processus de gestion des élections générales en 2026», précise le communiqué final. Cette alerte du parti de l’opposition radicale n’est pas la première par rapport aux élections de 2026 puisque déjà le 18 juillet 2023, le parti a tiré la sonnette d’alarme et énoncé des craintes sur les élections. C’était à l’occasion de la conférence de presse tenue par le président du groupe parlementaire pour apprécier les dernières décisions rendues de la Cour constitutionnelle suite aux recours à elle adressés par le parti. Pour Nourénou Atchadé, les deux décisions révèlent une « grave connivence » entre la Cour constitutionnelle et les députés de la mouvance parlementaire. L’opposant affirme craindre pour le pays et sa démocratie de ce fait. « Si la Cour constitutionnelle est en mesure aujourd’hui de dire que c’est tel qui va être à telle place, c’est tel autre qui va être à telle autre place, (…) nous craignons qu’en 2026, la Cour nous dise qui va être président de la République et qui ne va pas être président de la République », affirme-t-il tout en ajoutant « Mais nous comptons sur le peuple souverain pour arrêter cette velléité ».
Que mijotent Houndété et Cie ?
A la lecture de ces déclarations des responsables du parti « Les démocrates », l’on pourrait se demander à raison si cette formation politique ne mijote pas un plan contre les prochaines élections. Ces affirmations pourraient bien participer d’une stratégie politique visant à préparer les esprits des militants et des populations à d’éventuels mouvements pour perturber le processus électoral en son temps. Visiblement, après avoir échoué dans son ambition d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale au terme des Législatives du 8 janvier 2023, le parti « Les démocrates » craint un autre revers aux élections générales de 2026. Et la formule toute trouvée pour éviter cet énième déluge est d’abreuver l’opinion publique à travers une victimisation, en dénonçant une exclusion comme si ses leaders méconnaissent l’histoire de ce pays. En effet, le Bénin a le mérite d’avoir passé sans heurts, certains tournants de son histoire. Pour mémoire, Boni Yayi a été élu président en 2006 sans avoir le moindre député à l’Assemblée nationale, à la Céna, ni à la Cour constitutionnelle, encore moins au sein du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi). Idem pour Patrice Talon en 2016, même s’il convient de reconnaître que le mauvais casting au sein de la majorité présidentielle d’alors, a quelque peu favorisé sa victoire. Au regard de tout cela, on se demande réellement l’objectif que poursuivent les responsables du parti « Les démocrates » en introduisant ce débat nauséabond au sein de l’opinion publique à près de trois années des prochaines élections. Et pourtant, les leaders de ce parti doivent leur repositionnement dans l’arène politique, à une institution dans laquelle ils n’étaient pas représentés mais qui les a sauvés du spectre d’invalidation qui planait sur leur liste de candidatures aux Législatives du 8 janvier 2023. A l’analyse de tous ces facteurs, on se rend compte que le vrai problème du parti « Les démocrates » est ailleurs. Au demeurant, ces lamentations prématurées s’apparentent à un aveu d’échec.
Abdourhamane Touré