De son vrai nom Yves Gontran Valette, Goby est né au Bénin, précisément à Bohicon le 28 mars 1964 d’un père métis franco-béninois. Septième d’une famille polygame de vingt enfants, il passait toute son enfance à Cotonou. Très tôt, dès l’âge de 9 ans, il s’amusait déjà à jouer sur son accordéon et sur un piano toutes les chansonnettes qu’il avait apprises à l’école. Autodidacte, à 10 ans, il s’initie à la pratique de la guitare. A l’âge de 12 ans, il intègre le groupe des juniors du collège Sainte Rita. Goby amorce alors sa carrière avec différents groupes dont « Les Vampires de la Capitale » et « Poys Arts ». En 1983, il rejoint l’orchestre « Black Santiago » dirigé par Ignace de Souza. Le 16 février 1988, du retour d’un spectacle, les membres de l’orchestre ont subi un grave accident qui a emporté Ignace de Souza, Miguélito et Eric Medrid. Passionné de guitare et influencé par Georges Benson, un guitariste américain, il décide d’apprendre le solfège et de se lancer dans le jazz. Goby mit en place un groupe de jazz « Cotonou Dixie Land » qui engendre plus tard « Cotonou Big Band » avec des jeunes béninois qui désiraient apprendre le jazz. Cependant, tous ces voyages musicaux dans le jazz ne l’empêchaient pas de continuer avec son orchestre Black Santiago. Grâce à ses expériences, il devient l’arrangeur du groupe qui enregistrait en 1993 à Lagos son premier album intitulé « Aminata ». Avec Jean Adagbénon à la batterie et Patrick Ruffino à la basse, Goby formait un trio appelé les « Trois terribles » qui reçoit en 1996, le prix du « Meilleur groupe de jazz » à Accra. En 2022, il met sur pied son propre studio de musique qu’il a nommé Goby’Studio. Goby sort son premier opus de huit titres « Wa dagbé » en 2006 en tant que producteur, promoteur, arrangeur et chanteur. Le succès de ce dernier et celui de Bayo Agonglo, « Abanijè » lui ont valu la convoitise de plusieurs artistes béninois. En 2008, Goby sort son deuxième album « Goby’Spirit » qui lui permet de livrer plusieurs spectacles à Cotonou et à Lomé. Après le décès de son meilleur batteur et chef d’orchestre, Christophe Agonglo alias Bayo en 2015, Goby devient le chef d’orchestre de Black Santiago. Depuis la fermeture de l’hôtel Marina, Goby joue tous les weekends, avec son orchestre Black Santiago dans les cabarets de Cotonou et surtout pour des différentes manifestations telles que les mariages et les anniversaires. Marié, Goby est père de 04 enfants dont un garçon. Sa rencontre en 2021 avec le promoteur français Florent Lazzoleni et le producteur de séries Alexandre Rideau lui permet de décrocher un contrat de production de la série « Black Santiago Club » diffusée sur les chaînes de Canal Plus. En 2022, Goby a réussi à faire voyager son orchestre en France au Quai Branly dans le cadre de la semaine culturelle Béninoise en France. Aujourd’hui titulaire de quatre albums et de trois singles, Goby a reçu les distinctions du « Meilleur instrumentiste de l’Afrique » aux côtés de Diblo Dibala en 2019, du « Trophée d’or » en 2021 décerné par « La nuit des trophées d’or » puis le « Trophée des légendes » offert par « La saga des oubliés » en 2022. Actuellement superviseur des classes culturelles initiées par le gouvernement, Goby reste et demeure à ce jour une icône de la guitare et de la musique au Bénin qui ne cesse d’impacter la jeune génération montante de musiciens.
Yves Gontran Valette alias « Goby » : Des témoignages émouvants…
Yves Gontran Valette alias Goby est un grand musicien qui continue d’inscrire son nom en lettres d’or dans les annales de la musique béninoise. Dans une série de témoignages, ses proches et amis rendent un vibrant hommage à ce grand homme. Lire leurs témoignages!
Edwige Guindehou, chanteuse : « Goby est une personne très sage et honnête… »
« Goby, en dehors d’être un aîné du domaine de la musique est une personne très spéciale. Je l’ai connu quand j’ai intégré l’orchestre Black Santiago dans lequel je suis actuellement chanteuse. Goby est une personne très gentille et joviale. Très rigoureux dans le domaine professionnel, attentif, compréhensible, il se démarque par sa volonté, sa disponibilité et sa détermination à œuvrer pour l’intérêt général du groupe. Avec lui, j’ai acquis beaucoup de connaissances non seulement sur le plan musical, mais aussi dans la vie en général. J’ai eu tellement d’expériences avec lui et il est prêt à partager ce qu’il a avec tous. C’est une personne très sage, très honnête qui aime la justice dans tout ce qu’il fait. Il n’y a vraiment pas de mot pour qualifier sa personne. C’est toujours un grand plaisir de travailler à ses côtés.»
Koffi Kombert Quenum, acteur culturel comédien et voix off documentaire : « C’est un homme assez calme, assez effacé »
«J’ai connu Goby quand j’étais assez jeune parce qu’on est de la même génération et je l’ai surtout connu sur scène d’abord par les spectacles de l’orchestre Black Santiago qui animait souvent des soirées à l’actuel Institut français du Bénin, Centre culturel français à l’époque. La première fois que nous avons échangé, c’était à la fin d’un spectacle que j’avais organisé avec Monique Foba qui est le créateur de Festival lagunimages. À la clôture du spectacle, il y a eu une animation de l’orchestre Black Santiago. A la fin de l’animation, j’ai échangé avec Goby, Bayô et d’autres personnes, mais un peu plus avec Goby. Je me rappelle surtout de ce jour parce que c’était la veille d’un premier drame que l’orchestre a vécu. Ce jour, je continuais à Ouagadougou pour le Fespaco. J’étais rentré autour de deux heures du matin. J’avais juste eu le temps de me changer pour prendre le bus. Dès notre départ, il y a eu un terrible embouteillage sur la voie menant à Abomey de manière à ce que le bus fasse un détour. Les rumeurs fusaient qu’il y aurait eu un accident grave sur la voie. J’ai effectué mon voyage et je suis arrivé à Ouagadougou. Le lendemain matin, la première nouvelle que j’apprends est que Béhanzin qui était leur batteur, du retour du spectacle, est décédé des suites d’un accident. Ayant échangé avec le groupe avant mon départ et ayant appris cette nouvelle à Ouagadougou, cela a été un coup dur et m’a rappelé les échanges que j’ai eus avec Goby quelques heures avant. C’était le premier événement qui m’a un peu rapproché du groupe. Des années après, Bayô aussi s’en est allé, ce qui a fait mal à tous ceux qui aimaient le groupe. Après le décès de Bayo, Goby a dû reprendre le flambeau du groupe pour diriger en tant que chef d’orchestre. Je dis tout cela pour montrer que si Goby a pu reprendre les rênes du groupe, c’est qu’il a le management qu’il faut, mais aussi la poigne pour continuer après tant de coups reçus par le groupe. Par rapport à cela, on peut le féliciter. Le dernier événement qui a fait qu’on s’est un peu plus rapproché, c’est le tournage de Black Santiago club, où nous avons travaillé pendant environ six mois. Moi comme responsable du volet figuration et silhouette au niveau de la production, j’ai eu à échanger avec tous les comédiens et spécifiquement avec les membres de Black Santiago pour des choses liées à la production. Je l’ai redécouvert sous ses meilleurs jours et ça m’a révélé que c’est un homme assez calme, assez effacé, mais très bon guitariste et soliste. Je l’ai découvert après quelques années en tant que chanteur. Il avait des chants que je ne connaissais pas, donc je l’ai découvert aussi au-delà qu’il soit musicien, qu’il soit aussi chanteur, voix de l’orchestre. Je pense que ce que j’aurais à lui souhaiter c’est qu’il puisse amener le groupe encore plus loin et j’espère que l’expérience qu’ils ont eue avec la série Black Santiago club pourra leur ouvrir le chemin de l’international. Je souhaite que sous son leadership, le groupe connaisse une autre vie pour le bonheur des mélomanes béninois, africains et du monde ».
Vital Assaba, Artiste musicien : « Goby un homme hors-pair, un monument… »
« Je l’ai connu dans le monde de la musique dans les années 98 ou 99. On s’est rencontré en qualité de musiciens à Sheraton. Lorsque vous arrivez à un niveau en matière de musique, vous avancez et formez des orchestres. C’est dans ces circonstances que nous sommes devenus des collègues, amis et frères. Vous savez, on n’est pas parfait, mais il y a des qualités qu’il faut reconnaître à l’homme. C’est très important de le dire. Dans un premier temps, nous sommes collègues et frères. Si vous êtes collègues, amis et frères, c’est très important. Tout le monde ne peut pas vous aimer, mais si vous avez des qualités qu’on apprécie, cela veut dire que vous êtes une bonne personne. Goby est quelqu’un qui aime beaucoup le travail. Je vais vous confier un secret. Dans la spiritualité et la numérologie, Dieu a fait grâce à certaines personnes, mais la jalousie grandit. Goby est un homme qui reste focalisé sur ses projets. Il ne se détourne pas de ses objectifs et buts. Quand vous travaillez avec lui, vous êtes méthodique. Goby fait l’accompagnement, la basse et la solo. Il fait les trois. Il est aussi interprète, chanteur, lead vocal, compositeur, arrangeur et ingénieur de son. C’est un don tout simplement. Ceux qui ont l’humilité de se rapprocher de Goby apprennent beaucoup de choses. Il constitue une encyclopédie et une académie de la musique. C’est un homme hors pair, un monument. Les jeunes doivent cultiver cette humiliation et se rapprocher des gens comme Goby pour apprendre les vraies qualités pour se hisser haut. La vision est complexe, raison pour laquelle nous devons nous rapprocher pour mieux juger. Il a tellement de projets, mais le climat ne lui est pas très favorable. »
Prudence Ahlonsou, trompettiste, chanteur, percussionniste : « J’apprécie sa bonté et son sens de rigueur… »
« J’ai connu Goby depuis mon bas-âge. Il reste et demeure une figure emblématique de la musique béninoise. Lorsque Goby a su mes compétences de musicien, il m’a recruté dans l’orchestre du groupe Black Santiago. Nous avons toujours entretenu de très bonnes relations; des rapports de subalterne et de chef d’orchestre. Au-delà de toutes ses qualités, j’apprécie sa bonté et son sens de rigueur en situation professionnelle. Goby est une personne qui aime beaucoup partager et n’aime rien garder pour lui seul. Il incarne l’humilité et a des oreilles toujours attentives aux suggestions et demandes. C’est toujours un plaisir de travailler avec lui. »
Christophe Codji, musicien : « Goby est une source d’inspiration pour la jeune génération »
« J’ai connu Goby dans les années 80. Au moment du récital, on jouait tous ensemble. Après, nous nous sommes retrouvés en 1983 dans l’orchestre Black Santiago nouvelle formule que dirigeait le feu Ignace de Souza. En 1988, plus précisément le 16 février 1988, nous avons eu un accident. Le patron, le père de Miguelito et Éric Médrid sont tous décédés. Bayo Agonglo a pris la relève. Il a géré l’orchestre pendant 25 ou 27 ans. Après sa mort, c’est Goby qui a pris les rênes de l’orchestre Black Santiago qu’il continue de diriger. Il a toujours été notre soliste. C’est un gars, je dirais rigoureux, mais qui ne parle pas. Il est très calme. Il est très rigoureux sur son travail. Il est notre chef d’orchestre et le dirige avec une main de fer. Si tu ne fais pas bien, il te fait la remontrance. Actuellement, nous sommes les deux doyens de la Ceda. Il faut souligner qu’il a été, est et sera un bon guitariste, un très bon même. Il est une inspiration pour la jeune génération c’est pour cela qu’on l’appelle El maestro. Il a formé beaucoup de guitaristes au Bénin et un peu partout.»
Propos recueillis par Mohamed Yasser Amoussa (Coll)
Rendez-vous du week-end
– Concert live de Fifamè : Samedi 27 juillet 2024 à 20 heures à l’espace culturel « Le Centre »
– Spectacle « Le Trône de Béhanzin » : Vendredi 26 juillet à 19h30 au Palais des congrès
– Heure de conte : Vendredi 26 juillet 2024 à 16h à l’Institut français du Bénin
– Exposition « Carte blanche à case nomade » : Jusqu’au 27 juillet 2024 à l’Institut français du Bénin