Le Bénin, en pleine mutation ces dernières années, fait aussi la part belle au stylisme. Le mois de la mode est créé à cet effet pour mettre en lumière les talents de créateurs et de créatrices exerçant dans le pays. Une belle façon de révéler la richesse des savoir-faire artisanaux du Bénin.
Selon Carole Borna, le »mois de la Mode » relève de la vision du gouvernement de faire de l’art et de la culture des instruments de rayonnement du Bénin à l’international, de renforcement de notre identité et un moyen fédérateur des acteurs du monde créatif. Ainsi, depuis plusieurs années, la mode bénéficie à l’instar des autres disciplines artistiques, d’une attention particulière parce que faisant partie des « marqueurs de l’identité béninoise et présentant un potentiel important dans le champ de l’économie créative ».
Il s’agit donc de façon précise, de créer de la croissance et générer de l’emploi pour ce secteur en pleine expansion ; de valoriser les talents et d’accroître les potentialités ; et de professionnaliser les métiers de la mode et donner des outils pour le renforcement des compétences. Il offre également l’occasion de stimuler les échanges commerciaux avec les acheteurs et le grand public. Quand le mois de juillet apparaît, le gouvernement ne déroge pas à la tradition. Il a su trouver la manière de mettre la mode béninoise est à l’honneur. Une célébration qui s’affirme et s’améliore d’année en année avec une kyrielle de manifestations qui ponctuent les temps forts de la saison à l’intérieur du pays. « Sortir des sentiers battus ». C’est le thème de l’édition de cette année. Le mois de la mode est l’expression de la volonté manifeste du gouvernement de promouvoir l’industrie de la mode au Bénin.
Une chaîne de métiers
« Le secteur de la mode constitue une chaîne de métiers que le gouvernement entend valoriser et promouvoir parce qu’il fait partie de l’industrie qui crée de la valeur ajoutée à l’existant et génère l’économie », a fait remarquer le ministre de la culture Jean-Michel Abimbola ajoutant que l’organisation du mois de la Mode permettra d’insuffler une nouvelle dynamique dans le secteur, de montrer la palette des créations et surtout d’établir les liens entre le public des consommateurs et la famille des stylistes. Une quarantaine d’acteurs de la mode béninoise, notamment des créateurs, des mannequins, des coiffeurs, des maquilleurs, et des accessoiristes et autres acteurs de la chaîne de l’industrie de la mode, ont animé des ateliers sur la mode béninoise et africaine. Plusieurs communications ont été également animées sur l’originalité de la mode béninoise et son ancrage dans « le consommons local».
La mode et les stylistes
L’art de s’habiller a toujours été un facteur omniprésent dans le quotidien des Béninois. Des époques de la royauté à nos jours en passant par la période coloniale, le costume a tout le temps été au cœur de l’identité et du statut social des populations. Selon les bourses, le sexe ou le statut social, l’habit qui, dit-on « ne fait pas le moine », a connu coupes, styles et modèles de tous genres. Les gens s’habillent selon leur goût, influencés par des tendances, des stars, des convictions religieuses et coutumières. Quelle soit traditionnelle ou moderne, ou encore tradi-moderne, la mode se diversifie avec différentes matières textiles comme le bazin, le wax, le boggolan, la soie, le coton, le voile…
Ainsi, le métier de la mode et du stylisme prend des proportions de professionnalisation depuis les années 80. La mode au Bénin doit ainsi sa renommée internationale à des créateurs contemporains avertis et talentueux comme Lolo Andoche, Nokwé, Félicien Castermann, Ok Fashion, Sessi Edy, Phil création et bien d’autres. Ces acteurs de la mode et du vêtement ont un regard optimiste sur leur secteur d’activité qui représente un fort potentiel économique. Grâce aux réformes dans l’enseignement technique, ce secteur renaît de ses cendres, contribuant ainsi à l’économie. C’est l’avis de Oslo Nassi Adjakidjè, promoteur de mode basé à Bohicon dans le département du Zou. Les métiers de la mode peuvent contribuer au développement économique, social et culturel du Bénin. La mode au Bénin est un levier sur lequel l’économie peut s’appuyer pour éclore », soutient l’acteur de la mode.
Potentiel important pour l’économie
Carole Borna, conseillère technique aux Arts du ministre du tourisme, de la culture et des arts, rappelle que la mode, depuis plus de quatre ans, bénéficie d’une attention particulière parce qu’elle fait partie des marqueurs de l’identité béninoise et présente aussi un potentiel important dans le champ de l’économie créative. « En offrant une plateforme dédiée à cette expression artistique, le ministère du tourisme, de la culture et des arts met en synergie tous les maillons de la filière et valorise leurs apports à la création de la valeur ajoutée que génère, au bout de la chaîne, l’ensemble de la filière », a-t-elle souligné. Carole Borna va préciser que l’édition 2024 du mois de la Mode promet aux uns et aux autres, une expérience enrichissante où chacun aura l’opportunité de découvrir de nouveaux visages du secteur, d’apprécier des talents émergents et de revoir les grands noms de la mode. L’Agence de développement des arts et de la culture (Adac) a pour rôle de promouvoir une économie créative. Selon William Codjo, directeur général de l’Adac, il est important que le secteur de la mode devienne un secteur pourvoyeur de ressources et d’emplois au Bénin. Pour y arriver, il urge de transformer le secteur et de le faire passer du stade artisanal à un stade industriel. « Quand on prend une économie créative, la mode y trouve une place importante», a-t-il reconnu. Il rassure de la disponibilité de l’Adac à échanger avec les acteurs de la mode pour révéler encore plus le secteur.
Sergino Lokossou