(Les vendeurs dans l’expectative)
Au Bénin, la communauté musulmane va célébrer le dimanche 16 juin 2024, la fête de la Tabaski appelée Aïd el-Kebir. C’est une fête musulmane importante en commémoration du sacrifice du mouton. A quelques jours de cette célébration, une équipe de la rédaction du quotidien « Le Matinal » a sillonné quelques points de vente de moutons à Cotonou pour faire le constat de l’affluence et recueillir l’avis de quelques fidèles musulmans sur les préparatifs de cette fête.
La Tabaski est l’une des fêtes les plus importantes de l’islam. L’Aïd el-Kebir célèbre le sacrifice d’Abraham (Ibrahim) par les musulmans. Selon la tradition, Ibrahim a été prêt à sacrifier son fils Ismaël sur l’ordre de Dieu, mais au dernier moment, Dieu a fourni un agneau à sacrifier en lieu et place. Pour commémorer cet événement, les musulmans sacrifient un mouton ou un autre animal domestique et partagent la viande avec leur famille, leurs amis et les nécessiteux. C’est un moment de célébration, de prière et de partage. Dans la pratique, tous les musulmans doivent célébrer cette fête avec toutes les recommandations et les prescriptions du Coran. De ce fait, les fidèles musulmans se préparent au mieux pour la fête de la Tabaski. A Cotonou, chez certains fidèles musulmans, la situation économique ralentit les préparatifs de la fête de la Tabaski. « Chez moi, tous les jours sont des jours de fête. La Tabaski est une grande fête pour tout musulman et c’est le jour où il faut faire des sacrifices, c’est ce qui marque la différence entre les autres jours. En raison de la situation liée à la cherté de la vie, je ne sais pas encore si je vais acheter un mouton. Je mets tout entre les mains de Dieu et j’espère trouver de l’argent pour m’acheter un petit mouton pour que la fête soit belle. L’essentiel, c’est que Dieu nous réveille et qu’on soit sur les deux pieds, c’est déjà la fête pour moi », a confié Kamal Dine Abdoul, fidèle musulman rencontré à Agblangandan. De son côté, Sèmiou Fatarou confie : « Pour la fête de la Tabaski de cette année, nous rendons grâce à Dieu pour tous ses bienfaits. Une fois qu’il nous réveille et que nous nous voyons dans la paix, c’est déjà la fête. Pour les préparatifs, nous sommes en train. Moi, je n’ai pas encore acheté mon mouton, mais inch’Allah, je vais acheter mon mouton et la fête sera belle», déclare-t-il. Si chez certains, les préparatifs traînent, chez d’autres fidèles musulmans, les choses vont bon train. C’est le cas au niveau de Mouhidine Bakari, musulman résidant à Agbalilamè qui indique qu’il a déjà confectionné des tenues pour toute sa famille et qu’il a déjà acheté son mouton. « Les préparatifs pour la fête avancent bien de mon côté. Mes enfants ont déjà leurs tenues prêtes pour aller à la mosquée le jour-là. Moi aussi, d’ici la veille, j’aurai ma tenue. Pour l’instant, on prie Allah de nous réveiller en bonne santé pour que nous fêtions bien avec la famille et les amis. Mouton, je l’ai acheté, mais si Allah me donne la grâce de pouvoir en acheter un autre, je le ferai », confie-t-il. Pour Rachad Amidou, un fidèle musulman rencontré à Dédokpo, il est déjà prêt pour la fête et n’attend que le jour J pour fêter et sacrifier son mouton. « Pour la Tabaski, moi, j’ai déjà pu acheter mon mouton. Bien que les moutons soient un peu chers sur le marché, j’ai pu acheter pour moi et j’attends juste le jour pour immoler et fêter avec ma famille et les amis. Les habits sont déjà chez le tailleur et tout est prêt pour célébrer avec joie la fête », révèle Rachad Amidou.
Pas d’affluence
Dans le rang des vendeurs de mouton, ils affirment que les ventes ne grimpent pas comme ils l’auraient souhaité. Selon Fadhil Adamou, un vendeur de mouton, les clients ne sortent pas comme il aurait voulu. Cependant, il ne désespère pas et reste confiant. « Cette année, la vente ne coule pas encore. Nous savons qu’il n’y a pas d’argent dans le pays, mais moi, je reste confiant. Je prie Allah pour qu’il aide mes frères musulmans à pouvoir s’acheter au moins un mouton pour que la fête soit belle. Chez moi, avec 50 mille FCfa, tu peux trouver un mouton. J’ai des moutons dont les prix vont jusqu’à 100 mille francs Cfa, 150 mille FCfa. J’espère qu’avec le peu de temps qui reste, je pourrai vendre tous mes moutons et être content aussi pour la fête ». Pour son confrère Osséni Kèfil, la situation économique cette année, est un peu plus compliquée que l’année dernière. Il dit que « les gens ne viennent pas encore. Il n’y a pas de clientèle comme on veut. On essaie de patienter espérant qu’ils viendront. J’espère qu’ils attendent le dernier jour et donc on attend. L’année dernière, à pareil moment, il y avait déjà l’affluence, mais cette année, il n’y a rien. Chez moi, avec 80 mille francs Cfa, quelqu’un qui avait pris un mouton à 150 mille francs Cfa, peut trouver. Nous mettons tout entre les mains de Dieu et nous espérons que les ventes évolueront ». En attendant le jour de la célébration de la fête, chaque musulman essaie de mettre les bouchées doubles pour sacrifier à la tradition et passer de bons moments de fête en famille.
Jeanne C. Sodjinou (Stag)