Depuis le début de la crise entre le Niger et le Bénin, les espoirs d’un retour à la normalisation des relations entre les deux pays, n’ont jamais été aussi prometteurs. Des signes annonciateurs d’un dégel de la crise sont patents après la rencontre, lundi 1er juillet 2024, entre Patrice Talon et ses prédécesseurs Nicéphore Soglo et Boni Yayi.
L’on semble finalement tenir le bon bout pour ce qui est la décrispation de la tension qui prévaut depuis plusieurs mois entre le Bénin et le Niger. La médiation initiée par les deux anciens présidents béninois Nicéphore Soglo et Boni Yayi semble porter ses fruits. C’est du moins la lecture qui s’infère du communiqué rendu public par la cellule de communication des deux anciens présidents suite aux échanges qu’ils ont eus avec le président de la République, Patrice Talon. Cette rencontre, faut-il le rappeler, s’inscrit dans le cadre de la mission de méditation entreprise par les deux anciens chefs d’Etat depuis quelques jours. Après les échanges avec le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), le général Abdourahamane Tiani, mardi 25 juin 2024 à Niamey et celui avec des anciens présidents du Niger en l’occurrence le général Salou Djibo et Ousmane Mahamane, Nicéphore Soglo et Boni Yayi ont sollicité et obtenu de Patrice Talon, une audience hier lundi 1er juillet 2024. La rencontre a été pour les trois personnalités, l’occasion de faire le point de la situation. Les deux prédécesseurs de Patrice Talon lui ont rendu compte de leur mission de médiation d’initiative personnelle. Le communiqué rendu public en soirée par la cellule de communication des deux anciens présidents, indique que les prédécesseurs de Patrice Talon dans la fonction présidentielle, notent « avec satisfaction que la médiation des deux anciens présidents de la République du Bénin crée les conditions en vue d’un rapprochement rapide de nos deux pays dans l’intérêt des peuples ». Un extrait qui témoigne de la volonté des deux parties de faire bouger les lignes afin de trouver une issue à cette crise qui n’a que trop duré. Ce constat des deux personnalités rassure déjà de l’issue de cette médiation dont l’initiative a été saluée par une frange de la population aussi bien béninoise que nigérienne, même si certains ont émis quelques griefs contre la forme. A la lumière des échanges issus des discussions qui, selon les ainés de Patrice Talon, ont été « très chaleureuses », il a été convenu des diligences à mener pour un rétablissement rapide du dialogue souhaité par toutes les parties. Même si aucune précision n’a été donnée en ce qui concerne les diligences en question, il est à espérer qu’elles soient menées le plus rapidement possible pour permettre aux deux pays et à leurs peuples respectifs, de retrouver la fraternité et la sérénité qui ont toujours caractérisé leurs relations.
Les clés du dégel
On ne pouvait mieux demander aux deux anciens chefs d’Etat béninois. Nicéphore Soglo et Boni Yayi, à travers l’initiative de cette médiation, font montre d’un sens de responsabilité appréciable. En dépit des divergences d’approches et des nombreux sujets qui fâchent et qui les opposent à Patrice Talon, les deux personnalités ont transcendé leurs égos et perçu la nécessité de jouer leur partition pour un retour à la normale. Ce qui a constitué le relatif succès de cette mission de médiation, est qu’elle est d’initiative personnelle. En effet, et de l’avis de plusieurs analystes, les deux hommes d’Etat auraient été persona non grata au Niger s’ils étaient envoyés en qualité d’émissaires du président Talon. Il est un secret de Polichinelle que Tiani a fermé toute porte de dialogue aux autorités béninoises. En témoigne son refus de recevoir le ministre béninois des mines, Samou Seidou Adambi, les 27 et 28 mai dernier. L’arrestation de cinq ressortissants nigériens pour intrusion frauduleuse sur la plateforme pipeline de Sèmè-Podji, et la décision des autorités nigériennes de mettre fin aux transactions du pétrole vers le terminal depuis Agadez, a pratiquement enterré tout espoir de retour à la normalisation des relations entre le Bénin et le Niger. Le caractère quasi-neutre des médiateurs Soglo et Yayi a certainement été une des clés qui ont favorisé les discussions à Niamey et les promesses obtenues de part et d’autre.
Gabin Goubiyi