Lentement mais sûrement, l’Agence nationale d’identification des personnes (Anip) remplit sa part de contrat dans le cadre des élections législatives du 08 janvier 2023. Le sens d’écoute de l’organe, la recherche permanente de consensus et le souci de perfection qui caractérisent la réalisation de cet outil sensible du dispositif électoral, constituent déjà un gage d’assurance pour les acteurs politiques quant à la fiabilité de la Liste électorale informatisée (Léi).
L’une des particularités des élections législatives du 08 janvier prochain réside dans la nature de la liste électorale qui servira de substrat à l’opération de vote. Il s’agit de la Liste électorale informatisée (Léi), une liste qui contient les informations nominatives de tous les Béninois en âge de voter, assortis de leurs photos. Cette liste en cours d’élaboration est née sur les cendres de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) qui, après dix années d’expérimentation, est en passe d’être rangée au placard. Si le pays en est encore à rechercher la meilleure forme de liste pour crédibiliser son système électoral, c’est assurément parce que jusque-là, les listes électorales ayant servi à l’organisation des scrutins, ont toutes montré des faiblesses. La Lépi avait, en son temps, suscité beaucoup d’espoir. Avec son avènement, beaucoup croyaient avoir enterré pour de bon, le spectre de la tricherie et du tripatouillage dans les élections. Mais très tôt, les espoirs nourris se sont mués en désillusion aux premières heures de l’élaboration de cette liste. De profonds soupçons de fraudes ont été élevés contre cette liste. Elle était notamment taxée de servir les intérêts du camp au pouvoir. Les membres de l’organe en charge de son élaboration, le Conseil d’orientation et de supervision (Cos) étaient soupçonnés de corruption. Des milliers de citoyens ressortissant des fiefs traditionnels de l’opposition ont été laissés en rade. La première élection organisée avec la Lépi, la Présidentielle de 2011, a failli faire basculer le pays. Mal conçue et mal partie, la Lépi a subi avec le temps son lot de mésaventures sur fond de guerre larvée entre acteurs politiques en vue du contrôle du Cos-Lépi, organe en charge de sa confection. La gestion du processus d’actualisation du fichier électoral par un organe politique a été l’une des tares qui ont contribué à l’exacerbation des tensions et jeté un sérieux discrédit sur la Lépi. La mise en place en 2014, d’une Commission électorale nationale autonome permanente a un tant soit peu amélioré l’organisation des élections mais le grand problème est demeuré la gestion de la Liste électorale par le Cos, une chapelle éminemment politique.
L’Anip et le souci de transparence
Si la Lépi est restée semblable à un éléphant annoncé mais qui est finalement arrivé avec un pied cassé, la Liste électorale informatisée (Léi) quant à elle, donne d’énormes garanties de fiabilité au regard du processus de son élaboration. D’abord, elle est issue de la conjonction de la base de données transmise par l’Agence nationale de traitement (Ant) et celle générée par le Recensement administratif à vocation d’identification de la population (Ravip). Le Ravip, faut-il le rappeler, reste une opération d’envergure qui a donné le ton de la révolution en matière d’état civil au Bénin. Il a permis d’enrôler plus de 10 millions de Béninois dans une base de données dotée d’un système qui s’autogère et qui génère des données actualisées au fil des naissances et des décès au Bénin. C’est dire qu’un filtrage conséquent se fera au fur et à mesure et la marge d’erreurs et d’insertion de personnes fictives sera à un taux nul. Au regard de ces paramètres, on peut affirmer que le Bénin sera doté d’une Liste électorale informatisée très technique qui prendra en compte tous les citoyens béninois régulièrement enregistrés et qui sont en âge de voter. La Liste électorale informatisée en conception devra rassurer puisqu’elle n’est plus aux mains des politiques. Le souci de la transparence et de consensus, le sens d’écoute et la prise en compte régulière dont fait preuve l’Anip, organe en charge de son élaboration est de nature à lever les éventuels goulots d’étranglement et prévenir les crises pré et postélectorales préjudiciables à l’image du Bénin. La formule adoptée par Cyrille Gougbédji qui fait montre d’un sens de réceptivité admirable relativement aux critiques et recommandations sur la liste en confection, déblaie le terrain et trace le boulevard vers des Législatives transparentes et apaisées. La deuxième phase d’affichage de la Leip, annoncée du 1er au 15 octobre 2022, est illustrative de la volonté du premier responsable de l’Anip, de ne pas foncer tête baissée dans la confection de l’outil le plus sensible du dispositif électoral.
Gabin Goubiyi