La révocation de la directrice de l’administration du parti Union progressiste le Renouveau, Christhelle Houndonougbo Alioza, même si elle a été motivée par des raisons qui semblent évidentes, n’est pas à lire au premier degré. Cette décision est symptomatique d’un malaise profond dont les indices méritent d’être scrutés.
Par décision n°014 Up-R/Bp/Den/Hdp/Sg/Tg/Da/Sa portant révocation de la Directrice de l’administration du parti, Christhelle Houndonougbo Alioza, a été déchargée de ses fonctions. A celle qui est connue dans l’univers politique béninois comme l’une des figures féminines les plus actives, il est reproché « d’avoir de son propre chef et sans en avoir reçu pouvoir spécial ou une quelconque habilitation du parti et encore moins informé son président, engagé, poursuivi et conclu le 8 octobre 2024, un contrat qualifié « mémorandum d’accord » qui engage le parti à l’égard d’un cabinet dénommé « Particip Gmbh » ». C’est du moins les faits exposés dans l’article 2 de la décision précitée, dûment signée du président de la Haute direction politique du parti et qui ont coûté à Christhelle Houndonougbo Alioza, sa révocation du poste qu’elle occupe depuis décembre 2019. L’acte est analysée comme étant une faute grave étant donné qu’elle engage la vie du parti et met éventuellement à la charge de celui-ci, des obligations dont le non-respect pourrait donner lieu à des déboires, toute chose de nature, à ternir l’image du parti qui demeure la plus grande force politique du Bénin si l’on s’en tient aux résultats issus des dernières élections législatives du 8 janvier 2023. Qu’est-ce qui a pu bien pousser Christhelle Houndonougbo Alioza, une figure de proue du parti, à commettre une telle erreur administrative ? A-t-elle mesuré la portée de l’acte qu’elle a posée et des implications qu’il pourrait induire pour le parti ? Pourquoi, dame Alioza, s’est-elle permise de façon unilatérale et sans le quitus du parti, de formaliser un contrat au nom du parti ? Est-elle fondée en sa qualité de directrice de l’administration du parti, à agir ainsi ? Autant de questionnements qui ne manquent pas de pertinence mais qui, pour l’heure, demeurent sans réponses.
Un malaise profond
Au-delà des faits reprochés à Christhelle Houndonougbo, il faudra peut-être rechercher les réels motifs de cette éviction plus loin. De sources proches du parti, le courant ne passerait plus trop entre la désormais ex-directrice de l’administration de l’Up le Renouveau et le président du parti Joseph Djogbénou. Il est reproché à madame Alioza de se donner certains airs de liberté qui ne seraient pas du goût de l’instance dirigeante du parti. C’est ainsi qu’elle aurait reçu il y a quelques semaines, au siège du parti, une délégation de meilleures élèves filles du département du Borgou admises aux examens du fin d’année. Cette délégation, selon nos investigations, aurait été accompagnée par une élue communale du Bloc républicain. Une démarche dépréciée par la direction du parti et qui a valu à son initiatrice, une demande d’explication. Cet acte a quelque peu déteint sur la collaboration entre la mise en cause et les autorités du parti.
Le coup fatal
Outre la maladresse précitée qui a potentiellement mis en disgrâce Christhelle Houndonougbo Alioza, il a eu un autre fait majeur. Il s’agit de la publication qu’elle a faite sur sa page Facebook le 2 octobre 2024 et dans laquelle elle a souhaité « joyeux anniversaire » à Olivier Boko, ex-baron du régime, en plein ennui judiciaire pour implication présumée dans l’affaire de tentative de coup d’Etat. « Un frère reste un frère en toutes circonstances. Encore plus en période de grandes épreuves. Où que tu sois fofo, je te dis joyeux anniversaire ! Tu aurais reçu en d’autres circonstances, autre message de moi. », avait-elle donné à lire sur le réseau social très prisé. Un témoignage de sympathie qui pourrait sembler anodin s’il n’était pas intervenu au lendemain du communiqué en date du 1er octobre 2024 dans lequel le président Joseph Djogbénou, a appelé les militants à la prudence et à la retenue dans ce dossier. Cette attitude quoique perçue et saluée comme un acte de bravoure et de courage par plusieurs internautes, frise une violation du principe de discipline de groupe. Cette maladresse a, de l’avis de beaucoup d’observateurs, été le coup fatal qui a accéléré son débarquement du prestigieux poste de directrice de l’administration du parti. Une lecture qui ne manque pas de pertinence même si la décision de sa révocation est intervenue pratiquement quatre semaines après cet incident.
Sèdami Médégan-Fagla ?
Qui va succéder à Christelle Houndonougbo à la tête de l’administration du parti Union progressiste le Renouveau ? Cette question taraude l’esprit des militants et de l’opinion publique. Dans le cercle restreint de la Haute direction du parti, pas encore de noms qui circulent. Mais des sources proches de la formation politique nous renseignent que depuis un moment, une ancienne députée est souvent aperçue proche du président Joseph Djogbénou. Il s’agit de Sèdami Médagan-Fagla dont l’activisme a été très remarqué aux côtés du président ces derniers mois. On l’a vu s’impliquer dans beaucoup d’activités du parti, mieux qu’avant, ces derniers temps. Ceux qui fréquentent le siège du parti ont confirmé la sentir plus présente qu’avant, pendant que Christelle Houndonougbo se faisait rare. Est-ce qu’elle sera nommée pour succéder à sa camarade des Collines ? Nul ne le sait encore. Car, elle est la directrice de l’Institut parlementaire du Bénin (Ipab) dont la mission est non négligeable. Le poste de Directrice de l’administration du parti est aussi dense et il ne serait pas facile pour l’ancienne députée de cumuler les deux. Mieux, le parti regorge trop de cadres à promouvoir et il ne serait pas intéressant d’accepter des cumuls de fonctions pour une seule personne. De toutes les façons, Joseph Djogbénou et son équipe sont les seuls à pouvoir décider de qui va succéder à Houndonougbo.
Talon appelé à discipliner sa troupe
La révocation de la directrice de l’administration de l’Up le Renouveau, au-delà des raisons officielles, reste une conséquence de la crise latente qui secoue le parti depuis plusieurs mois et qui s’est exacerbée avec les dernières actualités liées à la tentative de coup d’Etat. L’éviction de Christhelle Houndonougbo n’est qu’une des manifestations de cette crise et constitue un signal fort pour ceux qui tenteraient de se mettre au travers des nouvelles lignes directrices du parti. La purge pourrait donc se poursuivre au niveau d’autres leaders ou militants indélicats du parti. Pour éviter un enlisement de la situation ou une déconfiture du parti, le chef de l’Etat, Patrice Talon, devra prendre ses responsabilités. Il se doit d’user de son leadership pour discipliner sa troupe qui a besoin de cohésion pour affronter sereinement les échéances électorales à venir.
Gabin Goubiyi