Une frange de l’opposition béninoise a mis en place dimanche 10 novembre dernier, un cadre de concertation aux fins de coordonner les actions des partis adversaires au régime de Cotonou. Quoique la feuille de route du nouveau creuset ait été clairement définir, certains analystes doutent de sa capacité à faire bouger les lignes au profit de l’opposition. C’est le cas du politique et enseignant Gilles Gohy qui s’est confié à la rédaction de Le Matinal.
Le Matinal : Que pensez-vous de la création d’un cadre de concertation par l’opposition béninoise ?
Gilles Gohy : Je vous dis d’emblée que c’est une mode à laquelle nous finirons par nous habituer. Parce que vous vous souvenez, dans notre pays le Bénin, à la veille de chaque élection présidentielle, il y a toujours un certain engouement. Il y a toujours un remue-ménage, il y a toujours beaucoup de surenchères socio-politiques à la veille de ce type d’élection-là. Quelqu’un est constipé, quelqu’un a mal dormi, quelqu’un est stressé, il a miraculeusement des idées, il a l’idée de créer un cadre dit de consultation de l’opposition. Je vais vous rappeler simplement l’expérience de l’Union fait la nation dans ce pays où les gens, après avoir beaucoup rêvé, se voyaient déjà à la marina, parce que ce cadre dit de concertation de l’opposition, devrait miraculeusement leur donner le pouvoir. Vous savez ce qu’il en a été de telle sorte que comme pour l’Union fait la nation, allez noter ça quelque part, moi je vous prédis que ce fameux cadre de concertation de l’opposition, ne fera pas long feu. C’est un feu de paille, il n’y a rien là. Il n’y a rien là parce que quand vous voyez les responsables, quand vous voyez la composition des gens qui ont mis en place ce machin là, vous voyez vous-même qu’il n’y a rien de sérieux là. Donc c’est un ramassis, c’est un ramassis de comédiens. C’est un ramassis d’assoiffés de pouvoir qui savent très bien qu’ils n’ont pas l’étoffe, qu’ils n’ont pas l’acabit nécessaire pour assurer, pour jouer le rôle de chef de l’État, le rôle de président de la République qui est une institution. Je vous le martèle tout à fait très clairement, c’est un feu de paille. Ce sera une réédition de l’Union fait la nation. Donc pour moi, c’est l’Union fait la nation nouvelle formule.
Ce creuset va-t-il changer quelque chose dans l’animation de la vie politique au Bénin selon vous ?
Ma réponse sur cette question est très claire. Ce creuset ne va rien changer dans l’animation de la vie politique au Bénin, absolument rien. Au contraire, ça va nous faire juste apprécier la vitalité de la démocratie dans notre pays, le Bénin. C’est d’ailleurs l’un des rares charmes que je trouve à la démocratie libérale, parce que de temps en temps, comme elle permet à tout le monde de s’exprimer librement, n’importe qui peut se lever et dire ce qui lui plaît pour amuser la galerie. Donc, c’est l’un des aspects positifs que moi, je trouve à la démocratie libérale. Comme je l’ai dit, dans ma première préoccupation, ce creuset c’est juste un feu de paille. Ça ne va rien changer. On a déjà vu ça dans le passé, dans le renforcement continué de notre démocratie. C’est des choses qui vont de plus en plus s’observer jusqu’aux élections générales de 2026.
La relecture du Code électoral et le retour des exilés politiques sont entre autres, deux importants chantiers annoncés par le Cadre de concertation. Pourrait-il avoir gain de cause ?
Cette litanie, c’est du réchauffé qui n’intéresse personne. A force de répéter les mêmes choses, cela finit pas constiper. J’ai même été surpris de les entendre parler de ces choses-là. C’est des sujets qui ont été évacués depuis longtemps. A mon avis. Le Code n’a pas besoin de relecture. Combien de fois allons-nous réviser le Code électoral ? Ce Code de mon point de vue, n’a rien à se reprocher et on ne peut pas rejeter quelque chose qu’on n’a même pas encore expérimenté. Il faut d’abord l’éprouver pour en faire l’évaluation et tirer les conclusions conséquentes. Sur la question des prétendus exilés politiques, je l’ai dit à plusieurs reprises, il n’y a pas ni de prisonniers politiques ni d’exilés politiques au Bénin.
En clair, pour vous, ce Cadre de concertation n’apportera aucune plus-value à l’opposition dans la perspective des élections de 2026 ?
Aucune plus-value puisque ce sont des gens qui ne sont même pas vendables, ils ne sont pas crédibles. C’est quand quelque chose est vendable qu’on lui trouve une plus-value parce que la plus-value est déterminée par l’utilité marginale. Quelle utilité marginale ce Cadre de concertation a? Aucune utilité marginale. A la limite, je me suis dit qu’il s’agit de gens qui sont fatigués d’avoir faim. Ils sont fatigués d’avoir faim. Donc, ils s’agitent pour s’attirer quelques sympathies parce que ce sont des opposants systématiques ou opposants systémiques, qui sont prêts à vendre père et mère pour des bricoles, donc ils ne sont pas crédibles. Du coup, leur utilité marginale est totalement nulle.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi