La campagne électorale bat son plein au Bénin depuis son lancement officiel le 23 décembre 2022. Au nombre des sujets au cœur des débats, figurent la situation de l’ancienne ministre Réckya Madougou et du professeur Frédéric Joël Aïvo, la gouvernance Talon, la Présidentielle de 2026 et le retour des « exilés ».
Plusieurs sujets alimentent les débats au cours de la campagne électorale en cours. A côté des projets de Législature avec leur cortège d’utopies et d’ambitions démesurées, la situation des opposants Réckya Madougou et Frédéric Joël Aïvo s’est invitée dans le débat. Sur la question, les positions sont tranchées selon qu’on soit de la mouvance présidentielle ou de l’opposition. L’Union progressiste Le renouveau et le Bloc républicain postulent pour une solution semi-judiciaire à savoir la grâce présidentielle et l’amnistie. Dans une interview qu’il a accordée à Rfi, le mercredi 28 décembre 2022, le Secrétaire général national du Bloc républicain, le ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané a indiqué qu’« il n’y a que deux voies. Aujourd’hui, il est prématuré de dire ce qui va être fait…. ». Pour le député de l’Union progressiste Le renouveau, Orden Alladatin, ce n’est pas le président de la République qui libère des personnes qui sont dans les liens de la justice. L’opposition se fait plus radicale sur la question. Pour elle, la conviction est toute forgée que les deux opposants paient les prix de leur engagement politique contre le pouvoir. Pour elle, il s’agit d’un procès politique. « Le tort de ces deux camarades de lutte, c’est d’avoir osé se présenter (Ndlr à l’élection présidentielle de 2021). Sinon, quand vous écoutez les charges, vous verrez qu’il s’agit d’un procès purement politique », a exposé le directeur de campagne du parti Les démocrates, Saliou Akadiri, sur Rfi dans un entretien qu’il a accordé au média international, le jeudi 29 décembre 2022. Pour qui sait lire entre les lignes, le sort des deux opposants condamnés en décembre 2021 à de lourdes peines d’emprisonnement par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) se joue à l’aune des élections législatives du 8 janvier prochain.
La gouvernance Talon diversement appréciée
Les différentes sensibilités politiques engagées dans les Législatives du 8 janvier 2023, analysent selon des grilles parallèles de lecture, la gouvernance du régime du Nouveau départ. La mouvance s’agrippe au bilan du régime pour convaincre les populations. Le menu proposé aux potentiels électeurs est bien garni : asphaltage, revalorisation des salaires, microcrédit Alafia, construction de marchés et de stades etc. Les succès du régime sont projetés à la face des populations qui sont appelés à ne pas mettre un coup de frein à la dynamique en cours depuis 2016. L’opposition, de son côté, voit plutôt un Bénin totalement différent et tente de défaire cet argumentaire qui pour elle, n’est qu’un pur mirage pour endormir le peuple et l’enfoncer dans la misère. Elle évoque une profonde crise politique qui a conduit de nombreux compatriotes en prison et d’autres en exil. Les opposants au régime parlent également d’un pays divisé par une gouvernance exclusive, de la montée du chômage des jeunes, de l’accaparement des libertés publiques, du vote d’une série de lois liberticides et crisogènes, de l’affaiblissement du pouvoir d’achat des populations, de la chasse aux hommes d’affaires en conflit avec le chef de l’Etat, de l’émergence d’une minorité proche du pouvoir au détriment de la majorité. Face à ce tableau, elle se pose comme une alternative pour renouveler ce qu’elle qualifie de « Parlement de la honte » et martèle son ambition de restaurer la démocratie qu’elle voit sérieusement mise à mal au travers d’une remise en cause systématique des acquis de la conférence nationale. Au verre à moitié plein perçu par les partis de la mouvance, l’opposition perçoit plutôt un verre à moitié vide.
2026, l’invité surprise si loin, si proche
A priori, le sujet parait prématuré mais à y voir de près, les joutes électorales du 8 janvier prochain, constituent un match d’avant date de l’élection présidentielle de 2026. Interrogée sur la question, les acteurs politiques tentent d’éluder le sujet si ce n’est Orden Alladatin qui a eu le courage de révéler ce qui se fait au sein de son parti. « L’Union progressiste Le renouveau travaille pour que le prochain président de la République soit issu de ses rangs », a confié d’un brin formel, le président de la commission des lois du Parlement au micro de Rfi. L’acteur politique va plus loin. « Le système est fait pour que le prochain président de la République soit issu des partis politiques. C’est cela le projet politique », a-t-il martelé. Interrogé sur la même sujet, Saliou Akadiri du parti Les démocrates s’est voulu évasif. « Notre parti va se préparer en prenant toutes les dispositions pour qu’il n’y ait aucun blocage », a-t-il indiqué. De son côté, Abdoulaye Bio Tchané du Bloc républicain préfère focaliser sur l’enjeu du moment. « Notre ambition est de prendre et d’exercer le pouvoir, mais il est un fait que c’est prématuré de parler d’élection présidentielle de 2026 alors même que nous sommes au milieu d’une élection qui est très importante pour le parti et pour les autres partis d’ailleurs », a-t-il laissé entendre.
A.T.