S’il a été quelque peu acerbe contre le régime de la Rupture il y a quelques années, Me Robert Dossou semble voir désormais les choses avec beaucoup d’optimisme et de fierté. L’ancien président de la Cour constitutionnelle apprécie positivement la gouvernance de Patrice Talon même s’il estime qu’il reste des efforts à faire notamment au plan du renforcement de la démocratie et dans le sens de la décrispation du climat sociopolitique.
Robert Dossou, l’une des figures emblématiques incontestables de la politique béninoise était hier dimanche 23 juillet 2023, l’invité de l’émission de décryptage « De vous à nous » de Peace Fm. Occasion pour l’homme connu pour sa verve et son éloquence, de donner sa lecture sur diverses questions liées à l’actualité nationale. Relativement à la gouvernance du président Patrice Talon, Me Robert Dossou reconnaît des mérites à l’homme qui se démarque de tous ses prédécesseurs par son style de gouvernance. L’ancien président de la Cour constitutionnelle estime qu’il y a des éléments de satisfaction dans la gouvernance du chantre du Nouveau départ. Il dit apprécier des pas qui ont été posés et reconnait que le Bénin a progressé sur plusieurs plans. A titre illustratif, le doyen honoraire de la Faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi dit avoir relevé « l’engagement très volontariste du gouvernement actuel de la République, de faire avancer un certain nombre de choses…Des choses avancent et me conviennent », a-t-il confié. Le politologue apprécie plutôt positivement les actions posées dans le sens du développement telles la politique d’industrialisation, la construction de la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé (Gdiz), la promotion de l’art et de la culture, des projets envisagés pour le tourisme, la construction des routes et bien d’autres. L’ancien bâtonnier a en outre exprimé le même sentiment de satisfaction et de fierté vis-à-vis de la désignation du Chef de l’Etat béninois par ses pairs pour prendre langue avec les actuels dirigeants du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée Bissau dans le cadre d’une mission la Cedeao pour s’assurer du bon déroulement de la transition en cours dans chacun de ces trois pays et lever éventuellement, les goulots d’étranglement à l’agenda qui devra aboutir au retour des civils au pouvoir dans chacun de ces pays.
Plaidoyer pour la libération des « prisonniers politiques et le retour des exilés.
Robert Dossou pense qu’il y a quelques tâches noires dans la gouvernance actuelle. L’ancien bâtonnier évoque des sujets de crispation ou de frustration qui décrédibilisent la gouvernance. Il pointe à cet égard, l’emprisonnement de certains compatriotes dont la mise en liberté va concourir, de son point de vue, à décrisper la tension sociopolitique dans le pays. Sur les cas Aïvo et Madougou, l’avocat pense que la balle est dans le camp du président de la République Patrice Talon, qui, selon lui, a la recette pour renforcer la cohésion nationale. Ce qui passe entre autres par la prise de mesures pour favoriser la libération des deux personnalités ainsi que le retour des exilés. « Je suis tiraillé par ce qui est fait de bien qui m’enchante et ce qui est fait de mal qui me désole », a indiqué l’invité du journaliste Aziz Adam Soulé qui a « quémandé » la clémence du Chef de l’Etat.
Lever des restrictions à la démocratie
Selon Robert Dossou, des reculs sont notés au plan de la démocratie. La démocratie continue d’avoir des tares. Ces tares pour l’ancien bâtonnier, sont des plombs qu’on aurait intelligemment mis pour restreindre un certain nombre de libertés. Pour Robert Dossou, la mise de ces plombs serait justifiée par des menaces et des craintes qu’on avait par rapport à un certain nombre de choses. Le juriste estime que ces craintes ne sont plus de mise et qu’il faudra subséquemment lever les plombs pour permettre à l’expression démocratique de retrouver toutes ses lettres de noblesse. Il salue à cet égard les récentes avancées qui ont conduit à l’organisation des élections législatives qui ont connu la participation d’un certain nombre de partis politiques notamment le parti « Les démocrates ». « Les ouvertures de ces dernières années donnent une nouvelle espérance mais ces nouvelles espérances doivent être concrétisées par le déverrouillage qui doit être progressif et couvrir tous les autres domaines ».
Des attentes de nouvelle mandature de la Cour constitutionnelle
S’il s’est refusé d’apprécier la configuration de la nouvelle mandature de la Cour constitutionnelle, Robert Dossou attend quand même des nouveaux conseillers qui siègent au sein de l’institution qu’il a eu le privilège de diriger, « qu’ils renouent pleinement avec la tradition de cette institution et qu’ils fassent le distinguo entre les actes posés qui ne sont pas dans la ligne d’une bonne défense de la démocratie ou d’une bonne défense des droits de l’Homme. » Pour Robert Dossou, il y a eu, à un moment donné, au niveau de la Cour constitutionnelle, des décisions qui sont déconnectées de la tradition de la Haute juridiction.
Gabin Goubiyi