(Une session extraordinaire du Conseil communal bientôt convoquée sur le sujet)
Au cours de la dernière ordinaire du Conseil communal de Sèmè-Podji qui s’est achevée, le mardi 05 novembre 2024, la question du morcellement et de la vente du domaine public de plus de 49 hectares sis dans la zone Sika où les populations font le maraîchage, est revenue sur tapis dans une atmosphère électrique. Dans leur grande majorité, les conseillers communaux ont expressément invité le maire Jonas Gbènamèto à convoquer une session extraordinaire en vue de la constitution d’une commission d’enquête sur ce dossier qui continue de faire des vagues au sein de la Commune.
Après les échanges d’un ministre du gouvernement actuel avec les responsables des maraîchers sur le morcellement et la vente d’un domaine public de plus de 49 hectares dans la zone Sika, c’est le tour du Conseil communal de Sèmè-Podji de se pencher à nouveau sur la question. Toutes tendances politiques confondues, des élus communaux ont instruit le maire Jonas Gbènamèto aux fins de convoquer une session extraordinaire pour la mise en place d’une commission d’investigation et de vérification des titres fonciers délivrés à certaines personnes dites sinistrées pour occuper un domaine de l’État où plus de 1500 maraîchers et assimilés travaillent depuis plusieurs années. Comment est-on arrivé à une telle décision ? Au cours de la session, le maire de Sèmè-Podji s’est offusqué du fait qu’il y a trop de polémiques concernant ce domaine. « La mairie a un chargé de communication. Nous sommes en contrat avec des organes de presse. Il lui suffit d’aller à la radio dire que c’est l’État même qui a installé les gens sur ce site…», a-t-il lancé entendre. Cette déclaration de l’autorité communale a suscité un tollé général dans la salle de délibération avec à la clé, des accusations tous azimuts. « Cette affaire, on en parle chaque fois qu’on vient en Conseil mais on ne prend pas des actes concrets. Je ne sais pas ce qu’on va faire pour vider ce dossier. Il faut qu’on audite cette question-là. C’est important. On doit faire son audit pour savoir qui a droit ou non. Pourquoi vous avez peur qu’on audite ? Il faut qu’on audite…», a martelé avec force et conviction Cyrille Kouzounhoué, chef de l’arrondissement central de Sèmè-Podji. Il a été automatiquement soutenu par le conseiller Ambroise Houessou qui dénonce dans un ton acerbe, la mafia foncière qui est en train de s’installer au détriment des producteurs maraîchers dans un domaine de l’État. « Ces parcelles ont été partagées… Comment peut-on apprécier cela ? La population de Sèmè-Podji ne peut pas accepter qu’un cadre d’un ministère qui n’a pas été dédommagé ailleurs, vienne s’installer sur une parcelle à Sèmè-Podji. Dire que c’est le gouvernement qui a morcelé et vendu le domaine, c’est mettre nos populations sur le champ de bataille des policiers ou des commissaires de Police…», a-t-il décrié. Le conseiller communal de l’Up le Renouveau, Valentin Assinou, était dans tous ses états. Selon ses propos, ce sont des politiciens tapis dans l’ombre qui sont les acteurs de cette magouille foncière. « Nous savons que ce sont des conseillers communaux, députés et autres politiciens qui se sont accaparés de cette terre sous couvert de sinistrés de Cotonou. Nous n’allons pas accepter cela. On doit auditer la gestion de ce domaine. Nous devons aller en session extraordinaire sur ce sujet…», a-t-il souligné. De son côté, le premier adjoint au maire de la Commune, Timothée Gbèdiga, , a rassuré tous les conseillers de la convocation d’une session extraordinaire pour débattre de cette question et la mise en place d’une commission d’enquête à cet effet. Visiblement indexé par les propos du maire Gbènamèto qui disait : « En réalité, ce n’est pas le maire Gbènamèto ou Honfo qui a installé les gens. Il faut qu’on fasse cette clarification…», l’ancien maire de Sèmè-Podji, actuellement conseiller Up le Renouveau, Mathias Gbèdan, a réagi, en ces termes : « Les conseillers de l’arrondissement de Sèmè-Podji, je constate que c’est eux qui se sentent touchés. Je dis que nous sommes tous intéressés par ce sujet. On peut ouvrir un débat approprié. On peut ouvrir une session sur cette histoire côtière. Mais, ce n’est pas une première à Sèmè-Podji. Il faut noter que moi Gbèdan, je n’ai pas fait ça. Je me dédouane, même si l’on ne m’a pas dédouané…», a-t-il déclaré. Au finish, il est demandé au maire de Sèmè-Podji de convoquer une session extraordinaire sur la question dans les jours à venir. Dans les coulisses, on souffle que des têtes vont tomber.
Rappel
La zone Sika est un domaine public où des jeunes se sont massivement installés pour faire le maraîchage, après la fermeture des carrières de sable marin en 2009 sous le régime du président Boni Yayi. Cette activité a pris une importance capitale dans la localité et a attiré d’autres chômeurs et jeunes déscolarisés. Aujourd’hui, plus de 1500 personnes se trouvent sur ce site. Quelques temps après, des personnes dites sinistrées de Cotonou ont débarqué pour s’y installer. Des maraîchers s’y sont opposés. A l’époque, c’est-à-dire sous l’ex-maire de Sèmè-Podji, Mathias Gbèdan, il y a eu des arrestations et emprisonnements de maraîchers et confiscations de matériels agricoles. Malgré cela, rien n’a changé. Mais, à l’avènement au pouvoir du président Patrice Talon, il y a eu la paix dans la zone. Selon nos investigations, certains propriétaires ont sauté leurs plaques de leurs parcelles. Est-ce la rigueur du gouvernement Talon contre la corruption et l’impunité qui fait peur ? Chose curieuse, à moins de deux ans du terme du deuxième mandat du président Patrice Talon? beaucoup d’entre eux sont revenus au galop. Depuis lors, on assiste à des affrontements entre propriétaires terriens et maraîchers. Conséquence, les cultures maraîchères sont détruites au profit des bornes et clôtures.
Jules Yaovi Maoussi (Br Ouémé-Plateau)