Ces derniers jours, on assiste à une intensification de la tension entre propriétaires terriens et producteurs maraîchers dans la zone Sika dans la Commune de Sèmè-Podji. Menaces et destructions de produits vivriers y sont régulières. Le gouvernement est sollicité pour résoudre ce problème qui perdure.
Le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui et son homologue du Cadre de vie et des transports, chargé du développement durable, José Tonato. Voilà les deux membres du gouvernement actuel qui sont au bout des lèvres dans la situation conflictuelle qui sévit presque quotidiennement entre propriétaires terriens et producteurs maraîchers dans la zone Sika d’une superficie de 49 hectares environ dans la Commune de Sèmè-Podji. En effet, la semaine écoulée, il y a eu des affrontements entre maraîchers et personnes dites sinistrées de Cotonou sur le terrain. Malgré la présence des éléments de la Police républicaine, des carottes et autres cultures maraîchères ont été saccagées, afin de construire des logements ou poser des bornes. Menaces d’arrestations et de violences sont de plus en plus persistantes. Chaque camp est sur le qui-vive.
Pour justifier leur arrivée dans ladite zone, certains propriétaires brandissent des papiers d’achat de leurs parcelles dans ce domaine de l’État. Ils soulignent qu’ils sont des sinistrés de Cotonou recasés dans la zone Sika à Sèmè-Podji. Du côté des maraîchers, c’est la zone foncière qui est dans ses oeuvres. Pour eux, le gouvernement du président Patrice Talon doit les aider à sauver les meubles dans la mesure où certaines puissances mafieuses se sont cachées derrière de prétendus sinistrés pour morceler et vendre le domaine public sur lequel ils travaillent depuis des années pour subvenir à leurs besoins et nourrir les populations béninoises et celles de la sous-région. Suite à leur cri de coeur, un ministre du gouvernement actuel les a rencontrés, le samedi 19 octobre 2024 à Sèmè-Podji. Au cours de cette réunion, ce dernier leur a promis de poser leur problème au sein de l’Exécutif et de venir leur rendre compte. Jusque-là, aucune suite. Ce qui étonne plus les maraîchers, après le départ de ce ministre, la crise s’est intensifiée avec à la clé, l’arrivée massive de présumés propriétaires terriens qui les affrontent. Actuellement, la zone de maraîchage Sika est comme une poudrière dans la Commune de Sèmè-Podji.
Rappel
La zone en question est un domaine public où des jeunes se sont massivement installés pour faire le maraîchage, après la fermeture des carrières de sable marin en 2009 sous le régime du président Boni Yayi. Cette activité a pris une importance capitale dans la localité et a attiré d’autres chômeurs et jeunes déscolarisés. Aujourd’hui, plus de 1500 personnes se trouvent sur ce site. Quelques temps après, des personnes dites sinistrées de Cotonou débarquent pour s’y installer. Des maraîchers s’y sont opposés. A l’époque, c’est-à-dire sous l’ex-maire de Sèmè-Podji, Mathias Gbèdan, il y a eu des arrestations et emprisonnements de maraîchers et confiscations de matériels agricoles. Malgré cela, rien n’a changé.
Mais, à l’avènement au pouvoir du président Patrice Talon, il y a eu la paix dans ladite zone. Selon nos investigations, certains propriétaires ont sauté leur plaque de leurs parcelles. Est-ce la rigueur du gouvernement de la Rupture contre la corruption et l’impunité qui fait peur ? Chose curieuse, à moins de deux ans du terme du deuxième mandat du président Patrice Talon, beaucoup d’entre eux sont revenus au galop. Ce faisant, on assiste depuis quelques semaines aux affrontements entre propriétaires terriens et maraîchers. Par conséquent, les cultures maraîchères sont détruites au profit des bornes et clôtures. Cette crise persistante dans la zone Sika est lourde de conséquences. Il revient à l’État de situer les responsabilités.
Jules Yaovi Maoussi (Br Ouémé-Plateau)