A l’approche des Législatives de 2023, bien que c’est la période de la précampagne, les partis politiques sont présents sur tous les réseaux sociaux dans un activisme qui laisse penser à la campagne électorale. Ainsi, les règlementations sont violées et ils continuent la propagande avant l’heure au vu et au su des institutions.
Sommes-nous en campagne électorale ou en précampagne ? La réponse à cette question à quelques semaines des Législatives de 2023 ne peut être donnée avec certitude, à condition de se départir de toute hypocrisie opportuniste. Il suffit de s’intéresser aux médias et surtout aux médias sociaux, pour tirer la plus nette et objective des conclusions. C’est déjà la campagne électorale sans le lancement officiel. Pour s’offrir un baromètre dans une perspective de faire la démarcation de ces deux périodes, il suffit de s’amuser à lire à fond la décision de la Haac. En effet, à travers un communiqué en date du 29 septembre 2022, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) a interdit aux médias publics ou privés la diffusion de tout élément de campagne électorale précoce, conformément aux dispositions de l’article 47 du Code électoral de la République du Bénin. Dans ce registre, six activités sont ciblées. Il s’agit du compte rendu des activités réalisées à des fins de propagande au profit d’un parti politique ou d’un candidat, des activités au cours desquelles les organisateurs ou les invités, personnalités politiques ou non font des dons et libéralités ou des faveurs parrainant ou participant à des cérémonies, à des événements coutumiers, religieux, culturels, sportifs, et commerciaux. Les spots et encarts, publicitaires, politiques, relatifs aux élections, les images de banderoles appelant à soutenir ou dénigrant des partis politiques, ou des candidats, les appels à voter pour tel ou tel candidat ou parti politique, sont interdits. Il leur est fait défense de diffuser des émissions, des films ou des discours, des interventions, des articles d’archives mettant en scène un parti politique ou un candidat.
La campagne électorale déjà sur les réseaux sociaux
Dans un raisonnement à contrario donc, la compréhension révèle que la plupart de ces activités énumérées sont réservées pour la période de la campagne électorale. Mais du communiqué et de l’article 47 qui dispose que nul ne peut, par quelque moyen ou sous quelque forme que ce soit, faire campagne électorale en dehors de la période prévue à l’article 46, la réalité est tout autre. Les partis politiques, avec une ingéniosité extraordinaire, trouvent des appellations pour camoufler leur campagne précoce. Mais au fond, les personnes averties le savent bien. S’ils peuvent quand même se défendre, ce sont les médias qui jouent au relais qui peuvent se faire épingler. Dans ce mouvement, la Haac peut agir pour sanctionner. Mais sur les réseaux sociaux, la réalité sera toute autre. Qui pour sanctionner cette campagne précoce ? Où des candidats avec le logo du parti sont affichés avec des légendes : « victoire écrasante », « tartempion promet de ratisser large», « l’He T quadrille Zogbodomey », « la circonscription Z aura 6/6 ». Dans cette foulée, des meetings zonaux qui, au lieu que les individus s’assemblent pour débattre et faire l’apprentissage de la citoyenneté ou que la réunion publique soit contradictoire qu’un lieu de débat, le meeting devient une vitrine pour l’image du parti et du candidat. Ces rencontres servent moins à convaincre qu’à entretenir le moral du candidat et de ses électeurs. Tout est fait, pour donner du relief au parti et au candidat dans le but de la victoire. En tout cas, c’est la règlementation de la précampagne bien violée sur les réseaux sociaux. Les partis politiques ne perdent rien.
Bienvenue Agbassagan