La rencontre annoncée entre les présidents du Bénin, du Niger, de la Guinée Bissau et du Nigéria a effectivement eu lieu à Abuja, mardi 18 juillet 2023. A l’occasion des échanges, le président béninois Patrice Talon a été mandaté par ses pairs Bola Tinubu, Mohamed Bazoum et Umaro Sissoco Embaló pour prendre langue avec les actuels dirigeants du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée Conakry et explorer des solutions efficaces contre l’insécurité dans la sous-région ouest africaine.
De façon concrète, la mission assignée au président Talon consistera à discuter avec les autorités militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry pour s’assurer du bon déroulement de la transition en cours dans chacun de ces trois pays et lever éventuellement, les goulots d’étranglement à l’agenda qui devra aboutir au retour des civils au pouvoir dans chacun de ces pays. Ces trois Etats dont les dirigeants sont issus de coups d’Etat militaires ont en effet été au cœur de la 63ème session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat tenue à Bissau le 9 juillet 2023. Après leurs putschs respectifs, ils ont tous promis d’organiser les élections aux fins de mettre un terme aux régimes actuels de transition dans ces trois pays. Quoique très délicate, cette mission confiée au président Talon est non seulement une marque de la confiance notable et de la respectabilité que lui vouent ses pairs du continent mais aussi le fruit de la dextérité dont il fait preuve dans la gouvernance du Bénin. C’est également le signe que le Bénin reste et demeure un foyer de paix et un modèle de démocratie dans la sous-région ouest-africaine. Par ailleurs, et conformément à la mission assignée à la troïka présidentielle mise en place lors du Sommet de Bissau, les chefs d’Etat présents au mini-sommet d’Abuja, se sont engagés « à attaquer les problèmes de sécurité de l’Afrique de l’Ouest avec une nouvelle approche mesurable, tout en renforçant la démocratie ». C’est du moins ce qu’on peut lire sur la page Facebook du président nigérian Bola Tinubu. Les approches et stratégies à envisager doivent intégrer la question de la sécurité post-Minusma, objet de la résolution 2690 adoptée par le Conseil de sécurité, le 30 juin 2023 subséquemment à la demande de retrait des forces onusiennes formulée par les autorités maliennes. Pour rappel, le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, ont été suspendus des organes décisionnels de la Cédéao, après les prises de pouvoir par des militaires respectivement en 2020, 2021 et 2022. Ils ont demandé, en vain, le 10 février 2023, la levée de leur suspension de la Cédéao et de l’Union africaine (Ua). Le Mali et la Guinée avaient en outre été soumis à d’autres sanctions, en partie levées l’an dernier à Accra.
Gabin Goubiyi