Les tenues vestimentaires déviant les normes prescrites par le règlement pédagogique des Unités de formation et de recherche (Ufr) sont désormais interdites au sein de l’Université d’Abomey-Calavi. La mesure a été prise par le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) à travers un communiqué en date du 21 octobre 2022. Le professeur Félicien Avlessi, recteur de l’Uac, a rappelé qu’il est formellement interdit aux étudiantes de porter des pantalons taille basse, débardeurs, jupes taille basse, jupes mini et/ou à fentes exagérées (au-dessus du genou), tenues décolletées. Il a donc invité les étudiantes à adopter un style vestimentaire correct et digne de leur statut et du milieu universitaire.
Nadine Okoumassoun, membre du parti « Les démocrates » : « Cette décision permettra à nos sœurs de se donner du respect »
« Habillons nous décemment car pour une femme, il n’y a rien de plus humiliant que de s’habiller et être obligée d’ajuster à mainte reprises pour empêcher que les autres découvrent sa nudité.
Pourquoi se stresser parce qu’on est mal vêtu alors qu’on peut être à l’aise avec un bon accoutrement ?
Parfois même, l’entourage ne vous reproche rien mais en raison de la gêne qu’on a de ce que les autres pourraient penser en mal de notre habillement, on est soit même mal à l’aise.
Notre lutte n’a pas pour vocation de faire la promotion de la dépravation. Ne nous méprenons pas, il n’est pas question du sexisme mais plutôt de la promotion des bonnes mœurs dans un lieu par excellence d’éducation qu’est l’université.
Félicitation au recteur pour cette décision qui permettra à nos sœurs de se donner du respect à elles-mêmes et immanquablement les valorisera ».
Angela Kpeidja, journaliste : « C’est une manière obsolète d’appréhender les violences sexistes et sexuelles »
« Je viens d’apprendre qu’il est désormais interdit aux étudiantes de l’Uac de porter des jupes tailles basses, mini, à fentes exagérées et des tenues décolletées!
Je ne sais quelles raisons justifient cette décision. Mais franchement, c’est une manière obsolète d’appréhender les violences sexistes et sexuelles dont sont victimes les filles et les femmes étudiantes. Une restriction des libertés en réponse à la répression du harcèlement sexuel en milieu universitaire engagée par l’Etat béninois.
Je constate que c’est une volonté délibérée de ne pas comprendre que les violences sexistes et sexuelles relèvent d’une infériorisation légendaire du sexe féminin. Sinon, comment comprendre les viols sur des mineurs si tant est qu’il s’agit d’une question d’habillement ?
Par ailleurs, je voudrais préciser que le phénomène d’attirance ou de provocation n’est pas l’apanage des hommes. Nous femmes et filles avons aussi des pulsions que vous mettez à rude épreuve par vos habillements, vos sourires, vos coiffures et que sais-je encore ! »