Issues de l’aire culturelle « Yoruba/Nago », les origines d’Oro remontent à Oyo au Nigéria et ce culte aurait été introduit au Dahomey presqu’au même moment où le culte « Egoun » sous le règne du roi Ghezo (1818- 1858).Divinité de l’élément « Air », Oro, quand il sort, purifie la société à laquelle il appartient et la débarrasse des mauvais sorts. Le fétiche ‘’Oro’’ élit toujours domicile dans la forêt et fait partie de la classe des plus grands vodoun’’ d’où on lui confère le titre de ‘’sacrée’’ et où se rendent les initiés pour le vénérer.
A Sakété, dans le département du Plateau, la fête la plus célébrée par les populations parmi la multitude de fêtes qui existent est celle de Oro. C’est la période où toute la diaspora de Sakété arrive pour vivre l’évènement. Plusieurs célébrations caractérisent les peuples Yoruba et Nagot. Ces célébrations ancestrales ont suivi le peuple depuis le Nigéria. Au nombre des célébrations culturelles et cultuelles, il y a le culte « Oro » appelé en Yoruba ‘’Odun Oro’’. Cette célébration est connue pour priver les femmes, les enfants ainsi que les autres habitants de la région (Goun et autres) de la liberté de sortir pendant quelques jours à une certaine période de chaque année. Il est formellement interdit aux femmes et aux étrangers de regarder les figures masquées. Seuls les hommes originaires de la communauté sont autorisés à y participer. Le festival du culte Oro débute toujours un dimanche du mois d’août. Toute la population se retrouve devant le couvent (la forêt sacrée) à 16h y compris les femmes et les enfants. Les dignitaires du culte et quelques adeptes se réunissent pour faire appel à la divinité pour le lancement officiel. Quand la divinité commence par tonner , les femmes qui sont sur les lieux sont autorisées à frapper les hommes avec des chicottes (ègba) avant de se voir privées de liberté à la tombée de la nuit. Dès que les cris du fétiche ‘’Oro’’ retentissent dans la forêt,ils font courir les femmes. Elles ne sont donc plus autorisées à sortir la nuit à partir de 23 h jusqu’à l’aube. Trois jours après l’ouverture, les femmes et les enfants sont interdits de sortir de leurs chambres pendant 24 h ou 72 h. Pendant ce temps, les hommes sont au dehors pour voir circuler le fétiche ‘’Oro’’. La fermeture a lieu trois ou quatre fois en 17 jours, selon le village et la plupart dure 24h.
Les fermetures
La première fermeture est appelée ‘’Eta’’ (3e jour), la seconde ‘’ éjé’’ (7e jour) et la troisième ‘’Eta dogou’’( 17e jour). D’autres régions ferment symboliquement les 2e et 3e jours. Par exemple à Pobè, on ne ferme plus dans la journée contrairement à Sakété. Pobè permet aux femmes de vaquer à leurs occupations dans la journée. La divinité ‘’Oro’’ a ses dignitaires comme pour les autres confessions endogènes. Il s’agit de façon catégorielle de ‘’ Adjanan Oro’’ qui est le premier responsable et chef de la divinité Oro. Il est nommé par les adeptes pour un mandat illimité ; le ‘’Aborè’’ qui est le ministre du Adjanan et ‘’Alakè’’ Ministre de ‘’Adjanan.. Les deux ministres disposent de leurs privilèges particuliers avec leurs troupes respectives. Pour être initié au culte ‘’Oro’’, il faut prendre en ligne de mire le genre et la maturité absolue. Même les adolescents peuvent être initiés s’ils ont la maturité et la discrétion. Les femmes ne sont pas autorisées à rentrer dans le couvent. Elles n’ont pas la capacité de voir le fétiche. L’initiation se fait par une série de rituels qui consistent à apprendre aux nouveaux initiés les codes pour la survie à l’extérieur et à offrir au fétiche des produits dont notamment l’igname, l’huile rouge et l’argent. Les ainés qui initient les nouveaux profitent aussi pour leur donner quelques coups de chicotte ou de punition corporelle pour les initiés à la violence à l’extérieur.. Les étrangers et autres ethnies comme les ‘goun’’ ne sont pas autorisés à être initiés au fétiche ‘’Oro’’. Le festival Oro dure environ un mois et se termine par un rituel appelé en Yoruba ‘’èfè oro’’.
Martial Agoli-Agbo
(Br Ouémé-Plateau)