Elolo, de son vrai nom Thierry Corneille Kpatcha, n’assimile pas son handicap à une fatalité. Ainsi, il combat au quotidien la mendicité pour mener une vie normale comme tous les autres. Digne fils de Sodohomè, Commune de Bohicon, il est un touche-à-tout. Tantôt artiste, tantôt informaticien, Elolo a juste besoin d’un coup de pouce pour se faire une place dans la société et contribuer au développement de sa communauté.
Né le 04 juillet 1996 à Sodohomè, dans la Commune de Bohicon, Corneille Kpatcha, alias « Elolo », a reçu l’appel des muses dès son jeune âge. C’était quand il avait douze ans. « Depuis ma tendre enfance, je brûlais l’envie de devenir artiste », se souvient-il. Ainsi, il a commencé par écrire les premières pages de sa carrière musicale. Cette passion est motivée par le constat selon lequel son église n’a même pas un seul artiste ni un chanteur, auteur compositeur. C’était donc un défi pour lui de devenir artiste afin de combler ce vide. Dans cette dynamique, il s’est mis à interpréter les chansons de ses pairs artistes. Aussi, il a mis à profit les chorales chrétiennes qu’il a fréquentées et les occasions des journées culturelles et récréatives pendant qu’il était collégien. « A cette époque, le génie des arts m’accompagnais et je chantais à tout bout de champ. J’exprimais mes pensées et mes messages par la chanson. Les encouragements des uns et des autres m’ont permis de garder le flambeau allumé », souligne l’artiste. Sorti des moules de ces mouvements artistiques, Elolo ne ratait aucune opportunité pour mettre en exergue son talent et son timbre vocal. Les petites animations dans les bars et buvettes de la place lui ont permis d’affiner son art et de s’arrimer avec son rêve. Aujourd’hui, l’artiste chanteur Elolo devient peu à peu une fierté de la musique béninoise parce qu’il s’inscrit progressivement dans le cercle restreint des créateurs d’œuvres d’esprit au Bénin. Doté d’un talent captivant, il se veut un atout important pour l’art vivant en termes de créativité et de prestation artistique, surtout quand il est en live sur scène. Son handicap ne l’y empêche pas.
Elolo, le reflet de la détermination
Plus connu sous le pseudonyme de « Elolo », Thierry Corneille Kpatcha reflète la détermination et la rigueur. Et cela déteint à plusieurs égards sur ses faits et gestes surtout quand il s’agit de le voir à l’œuvre. Selon ses confidences, il doit ses qualités à ses parents. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est en vrai un jeune homme pétri d’un talent hors pair. « Elolo », pour le moins qu’on puisse dire, est en train de faire son entrée dans le monde du showbiz béninois par la grande porte. L’étoile montante du Zou ne laisse personne indifférent lorsqu’il tient la scène avec beaucoup d’énergie. Accroc des travaux manuels et du numérique, il n’hésite pas à soulever par vagues son public pendant qu’il se produit. Emporté par la musique telle une folie, la voix étoilée de la musique béninoise décroche régulièrement de ses mélomanes des ovations et oublie parfois qu’il traîne un handicap.
Un palmarès sobre
Très soft, Elolo a, à son actif, deux albums de six titres et deux clips vidéos déjà disponibles sur le marché discographique. Le dernier est lancé cette année. Mais restent disponibles encore dans son escarcelle, plusieurs autres morceaux sur lesquels il travaille actuellement. « Si ces chansons ne sont pas encore sur un support magnétique, c’est à cause de mes moyens limités. Le peu qu’on a eu à faire, c’est grâce à ceux qui ont cru en nous. Sincères remerciements à tous ceux qui nous ont toujours soutenu », a fait savoir Elolo. Fidèle fervent de la Mission évangélique des affranchis (Mea), le digne fils de Sodohomè tient à rappeler qu’il a composé sa toute première chanson intitulée « Aléninan » en 2019. Très apprécié du public chrétien lors d’un live, il eut alors l’audace d’aller en studio pour faire sortir le premier album qui le lance dans le monde musical. L’artiste est très agile dans une variété de rythme musical à savoir le Tchink, la salsa, le zouk sans oublier le Gospel pour lequel il a démarré une carrière artistique. Il sert tout ceci avec un arrière-goût traditionnel qui plonge les mélomanes béninois dans leurs origines en savourant ses morceaux. Son parcours admiratif n’est pas encore aussi vieux. Mais c’est plutôt son talent qui a atteint un niveau de maturité inimaginable en peu de temps. Au-delà de l’art, Corneille Kpatcha veut s’assumer. Pour éviter de mourir dans la précarité comme certains artistes, Elolo a mis plusieurs cordes à son arc. «Moi je suis un informaticien de formation pour suppléer l’art. Cela n’a pas été du tout facile. Mais j’y suis parvenu par la force de Dieu». Bien que l’art nourrit son homme, il faut forcément avoir d’autres activités parallèles, histoire de tenir le coup. « Si tu n’as pas autres activités secondaires en dehors de de la musique, tu pourras chômer», insiste l’artiste en évoquant les raisons. « La musique ne donne plus rien aujourd’hui. Cette difficulté est d’une part imputable à l’Etat qui taille très peu d’importance à l’artiste contrairement aux autres artistes des pays voisins. C’est pour cela qu’au Bénin, nos artistes meurent souvent dans la misère. Si l’Etat avait considéré les artistes, il allait supprimer la piraterie. Si non, tu investis des millions dans une œuvre sans pouvoir faire le retour sur investissement », fustige l’artiste qui plaide pour une amélioration des conditions de vie des artistes béninois. « Si le pouvoir en place peut améliorer nos conditions de vie, cela pourra faire émerger l’artiste béninois. Et je sais que le président Talon en est capable ». Membre de Rameb, une organisation naissante qui lutte pour les intérêts des artistes, Corneille Kpatcha sollicite le soutien du ministère des affaires sociales et celui des bons samaritains pour faire aboutir son rêve : celui de batailler pour devenir une méga star de sa génération. La vingtaine environs, Elolo attend patiemment la célébration de son mariage. En digne fils d’Abomey, il adore les plats traditionnels. Il a préféré le pseudonyme « Elolo » pour la simple raison qu’il aurait souhaité que son élévation soit une œuvre de la providence avant d’être celle des hommes. «Mon nom d’artiste est tiré d’une abréviation qui signifie Eternel lumière. Je me disais toujours si Dieu pouvait me faire artiste, je vais lui rendre la gloire. J’ai aussi rêvé que mon nom vienne d’une inspiration divine », explique-t-il. De l’art à l’informatique, Elolo se bat pour une survie exemplaire.
Zéphirin Toasségnitché
(Br Zou-Collines)