61 ans après les indépendances, le Bénin et certains pays africains continuent de traîner les legs négatifs de la période coloniale. Pour Jean-Royer Ahoyo, cet état de fait est inadmissible. Et il propose dans cette réflexion de rompre avec cette période sombre, en donnant les noms des personnages historiques aux rues et places publiques. Ci-dessous publiée l’intégralité de la réflexion.
Quand d’illustres inconnus s’installent dans nos rues
Introduction
Le lundi 19 juillet 2021, en allant chercher des journaux (le Monde Diplomatique, Le Canard Enchainé..Etc.) à la librairie SONAEC, je tombe par hasard sur le Plan d’Adressage et l’index des Rues de la Ville de Cotonou. C’est un document bien fait, par la Mairie de Cotonou (du temps du Maire Lehady SOGLO !) avec l’appui de l’Ambassade de France, édition de Novembre 2016.
Comme en juillet/Août 2020, j’ai publié dans la presse de notre pays un article (1) dans lequel j’ai prôné une politique d’adressage(2) de nos rues, et de statuaire(3) dans les villes de notre pays, je n’ai pas résisté longtemps à l’envie d’acheter ce document. Il m’a coûté 5.000FCFA et, après l’avoir parcouru, je ne regrette pas de l’avoir acheté. Mieux, je recommande fortement à tous les Maires de nos 76 Communes restantes (Cotonou qui l’a édité est censé le posséder déjà !) de l’acquérir.
Que découvrons-nous en effet, en parcourant ce document ?
1. Des ‘’ inconnus’’ dans nos rues
On est étonné de constater que 61 ans après notre indépendance, nous continuons à lire, à Cotonou, les appellations suivantes dans nos rues :
a. Lettre A
– Rue Albert d’ALBECA
– Rue Albert SARRAUT
-Rue du Gouverneur Général ANTONETTI
b. Lettre B
– Avenue du Gouverneur Général BALLOT
– Rue du Gouverneur BAYOL
– Rue Bechardin DURHAND
c. Lettre C
– Rue du Brigadier CADOT
– Avenue du Général CLOZEL
– Rue Collona de LECCA
– Rue Amiral CUVERVILLE
d. Lettre D
– Rue du Commandant DECOEUR
– Boulevard du Gouverneur DODDS
(1) ‘’ La Cerise sur le gâteau (de l’asphaltage)’’, article publié en juillet/Août 2020 dans les Journaux suivants :
– ‘’ La Presse du Jour’’ n° 3377 du Mercredi 12 Août 2020
– ‘’ La Nation’’ n° 7539 du Jeudi 30 juillet 2020
– ‘’ L’Evènement Précis’’ n° 2277 du vendredi 07 Aout 2020
– ‘’ L’Autre Quotidien ‘’ n° 3525 du Mardi 04 Août 2020
– ‘’ L’Economiste ‘’ n° 1721 du Jeudi 13 Août 2020
(2) Adressage : Politique de dénomination et de numérotage des rues d’une ville
(3) Statuaire : Fabrication de Statues.
e. Lettre E
(4) Avenue du Gouverneur Général Ernest ROUME
f. Lettre M
(5) Rue du Capitaine Marnet
g. Lettre P
(6) Avenue Pierre DELORME
(7) Avenue du Gouverneur PONTY
(8) Avenue PROCHE
h. Lettre S
(9) Rue Sylvère LAOBE
i. Lettre V
– Avenue du Gouverneur Général Van Vollenhoven
Quand nous parlons d’ ‘’inconnus’’ c’est par rapport au béninois lamda. Car nous devons distinguer :
– Les inconnus ‘’ définitifs’’ comme Bechardin DURHAND, Brigadier CADOT, Capitaine MARNET, dont les noms n’évoquent aucun souvenir en nous. Nous devons effacer leurs noms de nos rues sans hésiter.
– Les inconnus qui ont joué un rôle important en Afrique comme les Gouverneurs Généraux de l’AOF. Il faut les traiter cas par cas. Par exemple le Gouverneur Général William PONTY qui a créé, à Gorée, la célèbre Ecole Normale William PONTY, n’est pas à rejeter. Car c’est son Ecole qui, en l’absence d’Université en Afrique, a formé les hauts cadres (Administrateurs, Médecins, Instituteurs) de l’Afrique francophone : les futurs ‘’ Pères’’ de nos Indépendances. (Houphouët BOIGNY, MODIBO HEITA, MAGA…etc)
– Les Inconnus que nous ne connaissons que trop, parce que artisans de la conquête coloniale du Dahomey : Il s’agit de Victor BALLOT, BAYOL, DODDS, DECOEUR, CUVERVILLE. Un peuple qui de la mémoire et de la dignité ne doit pas laisser ces noms encombrer ses rues.
Par contre, il y des noms étrangers que je n’ai pas évoqués comme le Père AUPIAIS, Monseigneur STEIHMETZ, le Gouverneur FOURN, le Commandant GRANGE, SCHOELCHER et POISSON ; car ils méritent de rester dans le notre souvenir :
– Monseigneur STEIHMETZ a joué un grand rôle dans l’évangélisation de notre pays. Il s’était si bien assimilé à notre peuple qu’on l’appelait Mgr DAAGA ! Premier évêque du Dahomey avant PARISOT, il fait partie de pères fondateurs de l’Eglise Catholique de notre pays. Il mérite qu’on se souvienne de lui de mille manières.
– Le Père Francis AUPIAIS, a été le premier député du Dahomey-Togo, en tandem avec Sourou MIGAN APITHY ; il a joué aussi un grand rôle dans la scolarisation du Dahomey ; d’où le grand Collège qui porte son nom et qui, avec le Lycée Ballot devenu BEHANZIN, ont formé la majorité des cadres qui ont dirigé notre pays jusque dans les années 1990-2000 !
– Les Administrateurs FOURN(4) et GRANGE(5) ont laissé une postérité nombreuse dans notre pays, de même que POISSON
– Quant à Victor SCHOELCHER, tout le monde se souvient de son rôle dans l’abolition de l’esclavage. Député de la Martinique et de la Guadeloupe, et Sous-Secrétaire d’Etat à la Marine en Mars-Mai 1848, c’est lui qui prépare le décret du 27 Avril 1848 qui abolit de l’esclavage dans les colonies. Pour ce rôle important qu’il a joué dans l’histoire, il mérite de rester dans notre souvenir.
Je n’ai pas évoqué non plus, parmi les noms à consonance étrangère, le Gouverneur Général Félix EBOUE, et le Président Konrad ADENAUER :
– EBOUE, pour une raison évidente : Il est des nôtres, il est de la Guyane française. Il a joué un grand rôle pour rallier l’Afrique Equatoriale au Général de Gaulle pour combattre l’Allemagne nazie. Sans compter que sa fille a été la première épouse du Président L.S SENGHOR. Bref, EBOUE est chez lui au Bénin !
-Quant à Konrad ADENAUER, nous devons tenir compte de son rôle pour pacifier l’Europe, en tandem avec le Général de GAULLE, après la Seconde Guerre Mondiale. Il est aussi un des pères fondateurs de L’Union Européenne.
En conclusion à cette première partie concernant les ‘’inconnus’’, nous devons reconnaitre qu’il y a ‘’ inconnus’ et ‘’inconnus’’, comme il y a fagots et fagots ; et qu’il n’est ni convenable, ni juste de les mettre tous dans le même sac pour les jeter. C’est pourquoi je reviens à ma proposition d’une Commission Nationale composée d’Historiens, de Géographes et de Représentants de nos Mairies, proposition faite dans article sus-cité : ‘’Cerise sur le gâteau (de l’asphaltage)’’. C’est cette Commission qui doit séparer le bon grain de l’ivraie et nous proposer les étrangers dont les noms peuvent servir pour baptiser nos rues. C’est aussi cette Commission qui doit identifier, pour chacune de nos Communes, les noms de nos anciens Rois, de nos Responsables Politiques, de nos Célébrités dignes de donner leur noms pour baptiser nos rues, nos établissements universitaires, et hospitaliers, nos amphithéâtres, nos Salles de Concert, nos Théâtres, bref nos édifices publics que nous voulons distinguer.
Quand nous aurons fini de baptiser nos rues, il suffira d’ajouter le numérotage pour achever la politique d’adressage.
Ainsi l’adressage, en dénommant et en numérotant nos rues, nous permet de les utiliser pour ainsi dire. Mais en ajoutant les statues dans nos villes pour les orner, nous sortons du domaine de l’utilisation, de l’utile, pour entrer dans une phase d’embellissement de nos cadres de vie.
2. Pour une politique de statuaire.
Si nous définissons la statuaire comme étant l’art de fabriquer des statues, une politique de statuaire consiste donc à orner nos villes avec des statues. La Commission revient pour achever son œuvre : c’est elle qui a identifié les célébrités pour baptiser nos rues, c’est encore elle qui logiquement, doit trier parmi les célébrités, celles dignes d’être statufiées. Car dénommer des rues et ériger des statues relève d’une politique mémorielle que chaque Nation met en œuvre pour perpétuer, dans la mémoire collective, le souvenir de ses plus dignes fils, ou le rappel des évènements marquant de l’histoire nationale. Une bonne politique d’adressage et de statuaire a ainsi vocation à transformer chacune de nos villes, chacune de nos communes en des espaces où à chaque nom de rue et chaque statue nous raconte une partie de l’histoire nationale. En parcourant nos villes, nous ouvrons à chaque pas une page d’un livre d’instruction civique.
(4). Fourn… Gouverneur du Dahomey du 28 Avril 1917 au 22 Décembre 1928, pendant 11 ans ! Une performance que lui seul a réalisée, quand on sait que les autres Gouverneurs ont fait, en moyenne, des séjours de 2 ans !
(5). Grange. Administrateur français, mort lors de la révolte des Sahouè, dans le Mono
La statue de KABA doit orner une grande place à Natitingou pour rappeler le rôle de résistant qu’il a joué dans cette région de notre pays, afin de le donner comme modèle à tous les Béninois d’aujourd’hui.
De même BIO GUERRA doit trôner à PARAKOU pour les même raisons, avant le Président MAGA, qui a l’air de lui ravir la vedette en ce moment.
Quand nous arrivons à Porto-Novo, nous devons faire une double opération pour :
– Changer l’actuelle statue du Roi Tofa 1er qui est mal faite
– Rebaptiser la place qui accueille cette statue qui ne doit plus s’appeler BAYOL. Car que voulez-vous que les étrangers pensent de nous lorsqu’ils se rendront compte qu’une grande place de notre capitale politique, porte, 61 ans après l’indépendance, le nom de l’administrateur français qui a tout fait, par une attitude d’opposition systématique au Roi GBEHANZIN, pour déclencher la guerre de conquête coloniale au Dahomey ! (1)
Nous restons à Porto-Novo pour suggèrer au Maire de cette Grande Commune, d’imiter son homologue de Cotonou en publiant, à son tour, le Plan d’adressage et l’Index des Rues de sa Ville. Cela faisant, il aidera la Commission Nationale à recenser ou identifier plus rapidement les rues ayant un nom de baptême colonial. La liste risque d’être plus longue à Porto-Novo qu’à Cotonou
Si nous arrivons maintenant à Abomey, nous constaterons avec satisfaction que la statue du Héros National, le Roi GBAHANZIN, trône à la place Goho. Mais on peut faire mieux, si le Maire d’Abomey, se donne les moyens de mettre en œuvre les propositions que nous lui avons adressées dans notre courrier du 15 juin 2020. En effet nous lui avons proposé de créer 5 grandes Places Publiques à Abomey :
– A Ahouaga, qui est le quartier des Premiers Rois ( Houégadja, Akaba, Agadja), la Place de la Sagesse avec, dressée en son milieu, une colonne qui portera à son sommet le symbole du ‘’ CASSOUDO’’ la Calebasse Renfermée.
– A Hountondji, quartier du Musée Historique, la Place de la Repentance qui sera ornée d’un Assen Géant. C’est là que tous les ans une grande libation sera organisée pour honorer, et la mémoire des nombreux innocents sacrifiés lors de nos sacrifices humains, et la mémoire des esclaves, non moins nombreux, que le DANXOME a vendus(2). Sa réalisation demandera beaucoup de pédagogie et correspondra à une révolution copernicienne dans nos mentalités !
(1) Bayol ayant remonté l’Ouémé à bord de la canonnière TOPAZE, a essuyé les coups de canon des troupes de BEHANZIN. Cet incident a créé le casus belli utilisé par le Parti de la Guerre à la Chambre des Députés en France pour voter les crédits afin de déclencher la guerre contre le Danxome.
(2) Condamner les sacrifices humaines purement et simplement, c’est faire de l’anachronisme ; c’est apporter de l’eau aux moulins des agresseurs qui ont défait le Danxome sous ce prétexte. Faire acte de repentance aujourd’hui, c’est montrer que nous avons assumé ce triste héritage pour tourner la page des droits humains !
Réaliser cette place ne signifiera pas une condamnation pure et simple des anciennes pratiques de nos Rois ! Cette réalisation signifiera plutôt qu’Abomey a compris que nous avons changé d’époque pour vivre pleinement, avec le reste du monde, le temps des droits de l’homme.
Cette Place pourrait faire corps avec le nouveau Musée de l’épopée des Amazones et des Rois du Danxome, dont la construction est programmée pour démarrer cette année ou en 2022
– Dans le quartier Adandokpodji, la Place du Roi Tégbéssou qui a réalisé le plus long règne de la dynastie, de 1732-1774, soit 42 ans ; battant ainsi de deux ans HOUEGBADJA, le Fondateur (1645-1685), et GUEZO Le Réformateur (1818-1858) ; ou la Place du Roi KPENGLA qui est crédité d’être le véritable créateur de l’armée du Danxome(1)
– Dans l’Arrondissement de GBECON-HOUNLI, la Place du Roi GUEZO ou la Place de l’Unité, avec une colonne centrale portant la Jarre Percée
– Enfin, dans l’Arrondissement de DJEGBE, la Place du Roi GLELE qui sera ornée par la statue du célèbre Lion du Roi GLELE(2)
Nous souhaitons vivement que le Chef de l’Etat examine favorablement ces propositions et nomme un architecte urbaniste pour aider la Marie d’Abomey à retoucher la morphologie de la ville, afin d’implanter, de façon idoine, ces nouvelles places.
A Ouidah qui est une vieille cité historique comme Abomey, les célébrités dignes d’être statufiées ou susceptibles de donner leurs noms à ses rues, sont légion. Pour notre part, nous proposons deux grandes places :
– Une dédiée au Capitaine Jean ADJOVI(3), et ornée par sa statue
– La seconde pour accueillir la statue de Kojo Marc TOVALOU HOUENOU(4)
Pour les rues à dénommer, Ouidah compte une flopée de Célébrités, à commencer par les vieux Maîtres comme ZINSOU Bodé (le père du Président) et Gustave GOUDJO ; suivis par beaucoup de cadres universitaires comme Roger ADJOVI, BOCO Eugène, OLOGOUDI Emile..Etc
A Djougou, Capital de la Donga, trois noms s’imposent d’emblée, tous les trois de la génération des anciens Maîtres : il s’agit de Taïrou CONGACOU, Ancien Président de la République, DANGOU Issiakou, et BIO TCHANE (le père de l’actuel Ministre d’Etat)
Quand on redescend à DJAKOTOMEY, deux personnalités s’imposent sans débat :
– Le Président Bruno AMOUSSOU, qui réalise l’exploit d’être le seul, parmi les anciens militants de la FEANF, à rester actif politiquement, à la tête de la grande formation politique qu’est l’Union Progressiste(UP)
– Et son ‘’ petit frère’’ ennemi feu Pascal FANTONDJI qui, à la tête du PCB dans les années 1980, a poussé le Président Mathieu KEREKOU dans ses derniers retranchements par une lutte résolue qui nous a conduit à la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation(5)
(1) On peut retenir d’édifier une place pour chaque Roi ; il y a suffisamment d’arguments dans le règne de chacun d’entre eux, pour justifier la création d’une place
(2) le Lion du Roi GLELE est une œuvre d’art, un régalia de premier ordre. C’est une statuette de 56 cm de long et 28,5 cm de haut que le Roi Glele a fait exécuter en 1871 par Allode HOUNTONDJIFON. Entièrement couverte d’argent, cette statuette a été réalisée en deux (02) copies jumelles.
(3) Le capitaine ADJOVI est le premier officier dahoméen de l’armée française
(4) Kojo Marc TOVALOU-HOUENOU, médecin et philosophe dahoméen, fait partie, avec son cousin Ouanilo BEHANZIN, des premiers intellectuels dahoméens, de rang universitaire, du premier quart du 20ième siècle. Bien que simples Instituteurs, Paul HAZOUME et Louis HOUNKANRIN les accompagnent brillamment.
(5) Pascal FANTONDJI étant déjà décédé, on peut ériger une statue pour l’honorer et en faire un modèle. Le Président AMOUSSOU attendra de mourir pour recevoir cet honneur !
S’agissant des rues de Djakotomey, je pense que le Maître Synoque HOUNGBADJI, qui est un fon d’Abomey, mérite de donner son nom à une rue ou à un édifice public. En effet, il a marqué beaucoup de cadres supérieurs Adja, pour avoir été le Directeur d’Ecole qui les a envoyés en grand nombre en classe de 6ième au Lycée !(1)
Nous pouvons continuer ainsi et passer en revue toutes nos 77 communes, en proposant pour chacune :
– Les personnalités qui méritent une statue
– Les célébrités qui peuvent donner leurs noms aux rues
– Les personnages qui peuvent donner leurs noms aux édifices publics.
Arrivé à ce stade de notre réflexion, il nous plait de faire une pause pour proposer deux principes aux Membres de la Commission Nationale ad ‘hoc :
– Le premier, c’est qu’il est plus prudent d’attendre que les gens meurent avant de les distinguer de façon spéciale ; l’exemple de quelques prix Nobel ( la dame leader de Birmanie, le premier Ministre actuel d’Ethiopie…etc) nous conseille effectivement la prudence dans nos choix.
– Le second principe qui me parait plus important que le premier, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’être originaire d’une ville avant de marquer son histoire. L’exemple de maître Synoque HOUNGBADJI qui est fon d’Abomey et qui, en tant qu’enseignant, a marqué la ville de DJAKOTOMEY en pays adja, me parait édifiant.
D’une manière générale, lorsque nous choisissions une personnalité pour être statufier ou pour dénommer une rue, c’est un modèle que nous proposons pour tous les habitants d’une ville et pour la Nation entière. Or ce qui fait d’une célébrité un modèle, ce n’est pas son origine, mais son parcours de vie, l’exemple qu’il a su donner sa vie durant
Tout ce qui précède montre l’importance de la Commission Nationale ad ’hoc. C’est pour que nous proposons qu’elle soit une Commission interministérielle comprenant :
– Le Ministère de l’Intérieur
– Le Ministère de la Décentralisation et de la Gouvernance locale (représentants des Maires)
– Les Ministères des Enseignements (les cadres de tous les niveaux à proposer)
– Le Ministère du Cadre de Vie (Les statues pour embellir nos villes)
Comme les opérations d’adressage et de statuaire sont destinées à rendre nos villes fonctionnelles et les embellir, nous proposons que la Commission Nationale ad ‘hoc soit présidée par le Ministre du Cadre de Vie et du Développement Durable.
Voici pour conclure la démarche que nous proposons,
3. La démarche méthodologique :
Dans tous les pays du monde, les personnalités qui ont marqué la vie de la Nation sont données en modèles à travers :
– Le choix de leurs noms pour baptiser les rues et les édifices publics, mais aussi les privés
– La réalisation de leurs statues pour orner les places publiques.
(1) Comme nous habitons le même Arrondissement que le Maître S. HOUNGBADJI, àAbomey nous n’avons pas oublié que, pendant les vacances, beaucoup de cadres du pays Adja (dont de nombreux promotionnaires !) faisaient le ‘’ pèlerinage’’ d’Abomey pour aller saluer leur maître et lui donner différents cadeaux : cravates, chemises, chaussures..Etc.
Si bien que chaque ville devient un chapitre de l’histoire nationale que les citoyens feuillètent en parcourant tous les jours les rues de leur pays. C’est ainsi que l’histoire nationale s’ancre dans la mémoire des citoyens.
Définir et mettre en œuvre une politique d’adressage de nos rues et de statuaire dans nos villes devient ainsi un acte hautement politique. C’est pour cela que nous proposons chez nous la démarche suivante en trois phases :
Primo : Le Gouvernement, à travers le Ministère de la Décentralisation demande à tous les Mairies de déblayer les terrains en réalisant deux opérations :
• inventorier les rues de leurs Communes à dénommer et à numéroter
• dresser, pour chaque Commune, la liste exhaustive des personnalités à donner comme modèles aux citoyens. Cette liste doit comporter deux catégories :
* personnalités qui serviront uniquement au niveau local
* personnalités ayant une envergure nationale.
Secundo : Dans une seconde phase, le Gouvernement mettra sur pied la Commission-interministérielle ad ‘hoc pour reprendre et approfondir les travaux des Maires à la base. Nous proposons que cette Commission soit présidée par le Ministre du Cadre de vie et du Développement, car les opérations d’adressage et de statuaire sont destinées à embellir nos cadre de vies ; cette Commission ad ‘hoc comprendra aussi :
• les Ministères de l’Enseignement, surtout de l’Enseignement Supérieur qui doit désigner les Historiens, géographes, et sociologues membres de cette Commission
• le Ministère de la Décentralisation pour les représentants à désigner par les Maires dans la Commission.
• le Ministère des Finances pour l’estimation des coûts
Le Travail de cette Commission interministérielle sera adoptée en Conseil des Ministres pour devenir La Politique d’Adressage des rues et de Statuaire dans les Villes de notre pays.
Il est vrai que l’adressage des rues et la confection des statues relève d’abord des attributions normales de chaque Maire dans sa Commune. Mais nous faisons intervenir le Gouvernement pour deux raisons :
– Il faut éviter de laisser chaque Maire faire ce qu’il veut et quand il le veut dans sa ville. Le Gouvernement doit intervenir pour introduire la discipline et la rigueur dans l’accomplissement de cette tâche nationale.
– Il faut coordonner cette tâche avec la poursuite de la seconde phase de la politique d’asphaltage du PAG. C’est ainsi, et ainsi seulement que adressage et statuaire viendront parachever l’asphaltage de nos rues pour constituer la cerise sur le gâteau.
Conclusion
Il nous plait de conclure en rappelant que donner nos personnages célèbres ( personnages historiques comme personnalités modernes) en modèles à nos concitoyens en écrivant leurs noms sur nos rues, en ornant nos places publique avec leurs statuts, c’est une manière d’écrire l’histoire nationale à travers une politique mémorielle. C’est en cela qu’il s’agit d’une affaire d’Etat, même si nos Maires en demeurent les premiers artisans à la base (10).