Le procès des 4 milliards de francs Cfa disparus à la Direction générale des impôts (Dgi) a connu un nouveau rebondissement ce jeudi 23 janvier 2025, avec les réquisitions du ministère public. Après plusieurs jours de dépositions, le procureur spécial de la Criet a requis des peines sévères à l’encontre des principaux accusés, Carlos Adohouannon, ex-régisseur de la Dgi, et Blaise Salanon, le féticheur, dans ce scandale financier qui a secoué le pays.
Le ministère public a demandé 30 ans de réclusion criminelle pour chacun des deux prévenus, ainsi qu’une amende d’un milliard de francs Cfa à leur charge. Cette demande survient après plusieurs jours de dépositions, notamment celle de Gisèle Salanon, la sœur de Blaise Salanon, qui a témoigné avoir été sollicitée par son frère pour récupérer de l’argent dans son coffre-fort et en prendre soin. Marc Salanon, frère de Gisèle, a révélé avoir caché un véhicule appartenant à Carlos Adohouannon après avoir changé sa plaque d’immatriculation. Ces éléments ont alimenté les accusations de complicité de détournement de fonds publics et de blanchiment d’argent.
Dans cette affaire qui a défrayé la chronique, l’enquête menée par la Brigade économique et financière (Bef) a permis de mettre en lumière des faits graves, notamment le lien entre Carlos Adohouannon et Blaise Salanon, un ancien technicien de radio devenu féticheur pour plusieurs personnalités politiques africaines. Le procureur a évoqué une « relation très poussée » entre les deux hommes, marquée par des pratiques occultes, tout en soulignant que les fonds disparus avaient été retrouvés entre les mains de Blaise Salanon, en possession de billets de banque, d’un billet d’avion et d’un passeport.
Le ministère public a également demandé l’acquittement des autres prévenus impliqués dans le dossier, tels que Lambert Abley, directeur général des ressources à la Dgi, et plusieurs membres de la famille Salanon, dont Gisèle et Marc, pour leur rôle dans la dissimulation des fonds. Ils sont accusés de recel de malfaiteurs, de non-dénonciation de crime et de blanchiment de capitaux. Toutefois, le procureur a estimé qu’aucune charge pénale ne pouvait être retenue contre d’autres témoins, comme Victorine Hounnou et Romain Awessou, qui n’ont pas participé à des actes criminels selon les éléments de l’enquête.
En plus des peines de prison et des amendes requises, l’État béninois réclame une somme de plus de 7,5 milliards de francs Cfa pour préjudices subis, ainsi que la confiscation des biens des accusés. Le verdict final de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme sera rendu après les plaidoiries des avocats de la défense.
L. A.