Rebondissement dans le dossier relatif à l’interpellation du sieur Steve Amoussou. Hier, mardi 3 septembre 2024 à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, trois des ravisseurs du présumé cyber-activiste communément appelé « Frère Hounvi » et nommément cités dans le communiqué rendu public, dimanche 25 août 2024, via la télévision nationale togolaise, par le procureur de la République près le Tribunal de Lomé, ont comparu au cours d’une audience « arrestation illégale du sieur Steve Amoussou et complicité d’arrestation illégale ».
« Arrestation illégale du sieur Steve Amoussou et complicité d’arrestation illégale » c’est sous ce chef d’inculpation que sont poursuivis les sieurs Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, deux des présumés ravisseur de Steve Amoussou dont l’interpellation dans la capitale togolaise précisément au quartier Adidogomè le 12 août 2024, défraie la chronique. Alors que le présumé cyber activiste est aux mains de la justice béninoise et a écopé d’un mandat de dépôt après sa présentation le 20 août 2024 au procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), un communiqué du procureur de la République près le Tribunal de Lomé, Talaka Mawama, est venu livrer les résultats des enquêtes entreprises par la justice togolaise dont la complicité était suspectée dans ce que d’aucuns ont qualifié d’enlèvement de Steve Amoussou, un exilé qui s’est établi au pays voisin depuis cinq ans. A la suite de ce communiqué qui a semblé indiqué de plausibles pistes en vue de la manifestation de la vérité dans cette affaire, la justice béninoise a cru devoir prendre ses responsabilités. Saisi des faits d’ »arrestation illégale du sieur Steve Amoussou et complicité d’arrestation illégale » par le plaignant sus-nommé, la Criet a ouvert une enquête pour identifier les personnes impliquées. Ladite enquête a permis de répérer et de mettre la main sur les sieurs Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, deux des ravisseurs du célèbre chroniqueur à charge contre le régime Talon et réfugié au Togo.
Déballages à la Cour
A l’audience du 3 septembre 2024, outre les nommés Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, Ouanilo Mèdégan Fagla, également cité dans le communiqué du procureur de Lomé au rang des ravisseurs, était à l’audience. « Avez-vous pu identifier Ouanilo Mèdégan Fagla sur le terrain des opérations au Togo ? », a demandé la présidente de céans au plaignant de circonstance, Steve Amoussou. « Je ne saurais répondre à cette question. Mais j’ai pu identifier Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi. », a répondu Steve Amoussou d’après des propos rapportés par diverses sources. Et aux deux ravisseurs formellement identifiés de livrer les dessous de leur opération en terre togolaise. D’après les déballages du sieur Jimmy Gandaho, coach Mma qui serait le cerveau de la bande, il est à retenir qu’à l’origine de l’affaire, il y a un certain Marcellin Ayi, résident en Indonésie qui lui aurait demandé de se rendre à Lomé aux fins de retrouver le nommé Steve Amoussou qui lui devrait une somme de 10 millions de FCfa pour une prestation qu’il n’a pas exécutée. Jimmy Gandaho dit avoir associé son collègue Géraud Gbaguidi avec qui il se serait rendu à Adidogomè le lundi 12 août 2024. Sur place « deux autres petits du quartier » leur auraient prêté mains fortes selon ses dépositions. C’est ainsi que leur cible (Steve Amoussou) qui a déclaré avoir « ressenti le besoin d’aller prendre quelque chose » au dehors, a été embarquée dans la voiture 4-Runner apprêtée pour l’opération.
Les réquisitions du procureur
Dans ses réquisitions, le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, Mario Mètonou, a demandé que le directeur général du Centre national d’investigations numériques (Cnin), Ouanilo Mèdégan Fagla, soit purement et simplement relaxé vu que son implication n’est pas établie dans l’opération d’enlèvement de Steve Amoussou. Contre les deux ravisseurs dont la culpabilité est établie, il a demandé à la Cour de les retenir dans les liens de la détention pour « arrestation illégale du sieur Steve Amoussou et complicité d’arrestation illégale », un délit puni par la loi. Contre le sieur Jimmy Gandaho, cerceau de l’opération, Mario Mètonou a requis 24 mois d’emprisonnement ferme, contre 18 mois d’emprisonnement ferme pour son comparse, le sieur Géraud Gbaguidi.
Le verdict
A la suite des différentes plaidoiries, l’affaire a été mise en délibéré. Après plus d’une heure de suspension, le verdict est tombé aux environs de 21h45 minutes. La Cour a condamné le sieur Jimmy Gandaho à 24 mois d’emprisonnement dont 12 ferme. Idem pour Géraud Gbaguidi, son complice. Les deux ravisseurs sont par ailleurs solidairement condamnés à payer une somme de 5 millions à Steve Amoussou au titre de dommages et intérêts. Pour ce qui est de Ouanilo Mèdégan Fagla, ils est relaxé, motif tiré de ce que les éléments ne sont pas suffisants pour le placer sur les lieux de l’opération à Lomé.
Gabin Goubiyi