Le Barreau de avocats du Bénin est revenu à la charge dans ce qu’il convient désormais d’appeler ‘’affaire Enosch Chadaré’’. Dans un droit de réponse qu’il a rendu public dans la soirée d’hier jeudi 11 novembre 2021, l’instance faîtière des défenseurs de la veuve et de l’orphelin a démonté en pièces, le puzzle des arguments du Procureur spécial près la Criet, contenus dans sa déclaration à la presse en date du 09 novembre 2021. Un énième rebondissement qui embrouille davantage l’opinion sur la situation de la vérité dans cette affaire. Lire l’intégralité du droit de réponse.
Droit de reponse au communique du procureur special pres la Criet du 09 Novembre 2021
A la suite du point de presse de l’Ordre des avocats du 08 Novembre 2021, le Procureur spécial près la Criet a publié le 09 Novembre 2021, un communiqué largement relayé par les médias. Ledit communiqué comporte, hélas, beaucoup d’affirmations approximatives et inexactes que l’Ordre des Avocats du Bénin tient à relever.
- Sur la prétendue violation du double cordon de sécurité
Il est ubuesque de dire qu’un individu non armé ait pu franchir un double cordon de sécurité constitué de militaires et de policiers, spécifiquement mis pied pour une opération aussi sensible.
- Sur la supposée violence verbale et physique opposée par maître Chadaré à l’équipe d’intervention
Quels que soient le caractère et la force physique d’un individu, on a du mal à croire qu’il ait pu opposer une violence physique et verbale à un dispositif sécuritaire aussi musclé et dissuasif comme celui que dit avoir mis en place le Procureur spécial.
Au demeurant, pour qui connaît bien le naturel pondéré du Confrère incriminé en cette affaire, en est d’autant plus surpris de cette accusation du Procureur Spécial.
- Sur le prétendu enregistrement filmé des opérations
Si tant est que le Confrère a pu filmer les opérations en cours comme il a été affirmé, nous notons et faisons remarquer que pendant des heures, le téléphone portable du Confrère lui a été arraché, ce qui laissait tout loisir à la police de rapporter la preuve de cette imputation tendancieuse. L’Ordre des Avocats du Bénin attend toujours que cette preuve soit rapportée.
4- Sur l’affirmation selon laquelle le mis en cause n’aurait pas constitué maître Chadaré
L’Ordre des Avocats du Bénin affirme sur ce point que Maître Enosch Chadaré est le Conseil habituel du mis en cause vers qui il s’est porté, à la demande de ce dernier après que des individus non identifiés sont venus le chercher à son bureau à Akpakpa.
C’est le lieu de rappeler que, contrairement aux affirmations du Procureur spécial, il n’est point besoin qu’un mis en cause soit en état d’arrestation pour être assisté d’un Avocat.
Un point du communiqué du Procureur Spécial affirme de manière perfide que Maître Enosch Chadaré serait le Conseil habituel de Monsieur Philippe Assah qui est actuellement recherché par la police. Il n’y a rien de plus inexact que cette affirmation : Maître Enosch Chadaré n’est ni le Conseil habituel de Monsieur Philippe Assah ni son Conseil en cette affaire. Bien au contraire, les preuves existent que Maître Enosch Chadaré a conduit et conduit actuellement contre le nommé Philippe Assah les procédures suivantes :
N° Parquet : COTO/2016/RP/02362
N° Parquet : COTO/2016/RP/02498 (Classée sans suite le 02 mars 2017 par le Procureur)
N° Parquet : COTO/2019/RP/06492 (N° Instruction : CAB1/2019/00003 en cours)
5- Sur le prétendu non déferrement à la convocation qui lui a été remis pour le 04 Octobre 2021.
Sur ce point, l’Ordre des Avocats du Bénin s’étonne que le Procureur Spécial près la Criet rapporte que Maître Enosch Chadaré n’a pas déféré à la convocation de la police alors que par correspondance en date du 04 Octobre 2021, l’Ordre des Avocats du Bénin a pris le soin de dire au Procureur Spécial près la Criet et au Procureur Général d’inviter la police à se conformer aux règles organisant la convocation d’un avocat dans l’espace Uemoa.
En effet, l’article 6 du règlement n°05/CM/Uemoa du 25 Septembre 2014 dispose ainsi qu’il suit en ses alinéas 1 et 2 : « Les Avocats, dans l’exercice de leur profession, bénéficient de l’immunité de parole et d’écrit.
Ils ne peuvent être entendus, arrêtés ou détenus, sans ordre du Procureur Général près la Cour d’Appel ou du président de la Chambre d’accusation, le Bâtonnier préalablement consulté… »
6- Sur la supposée plainte deposée contre maître Chadaré par le chef d’équipe d’intervention
C’est du communiqué lu par le Procureur spécial le 09 novembre 2021 que Maître Chadaré, Monsieur le Bâtonnier comme l’ensemble des Avocats du Barreau du Bénin apprennent qu’il y aurait une plainte déposée contre Maître Enosch Chadaré sur laquelle, le plaignant aurait été écouté.
Mieux, le Procureur Spécial près la Criet ne précise pas l’infraction pour laquelle Maître Chadaré a été gardé à vue ni celle pour laquelle le supposé plaignant a été couté sur procès-verbal.
Au total, le communiqué du Procureur spécial près la Criet achève de convaincre de ce que, en violation de la loi, un Avocat, dans l’exercice de son ministère, a été interpellé, violenté, puis gardé à vue sans qu’aucune infraction ne lui a été notifiée jusqu’à son relâchement.
Fait à Cotonou, le 11 novembre 2021
Le Secrétaire
Me Igor Cécil SACRAMENTO