Les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne depuis quelques années révèlent une grande pénurie de financement. Une situation dont les manifestations affectent l’équilibre économique de certains pays de cette région du continent africain. Selon le Fmi, les indicateurs que présente le Bénin amoindrissent le risque de ralentissement de sa croissance et le rendent moins dépendant des incertitudes économiques.

Le représentant résident du Fonds monétaire international (Fmi) au Bénin, Youres Zouher a partagé avec une palette de professionnels des médias, les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, édition d’avril 2023. C’est dans le cadre de l’édition du printemps de cette étude semestrielle de l’institution de Breton Woods consignée dans un rapport. Les dernières conclusions des études réalisées révèlent une grande pénurie de financement. Selon Youres Zouher, cette pénurie est due à des chocs mondiaux notamment la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne. A ces deux facteurs majeurs, on peut ajouter la dépréciation du taux de change du dollar, l’érosion du pouvoir d’achat, les incertitudes vis-à-vis du rendement des projets, le resserrement de la politique monétaire pour ne citer que ceux-là. Ces différents facteurs ont induit un renchérissement du coût du financement avec une absence d’émission d’eurobond dans l’Afrique subsaharienne depuis plus de deux ans. A en croire Youres Zouher, cette pénurie vient aggraver les tendances économiques plus longues et induit une baisse drastique de l’aide publique au développement. Le rapport indique que la situation ne devrait pas s’améliorer rapidement. Il est donc probable que le durcissement des conditions financières persiste. Les manifestions qui confortent cette thèse sont la forte inflation au niveau mondial avec possibilité de taux d’intérêt économique élevés, la fragmentation géopolitique qui pourrait impacter les flux d’aide financière, la prudence de la Chine dans sa politique de prêt, la continuation du recours accru aux financements de marché et les forts taux de financement liés au changement climatique. Selon Youres Zouher, le durcissement des conditions financières pourrait compliquer le refinancement des euro-obligations qui arrivent à échéance dans les prochaines années.
De lourdes conséquences
D’après le rapport du Fmi, la pénurie de financement en Afrique subsaharienne laisse entrevoir des préoccupations immédiates et des préoccupations à long terme. Ces conséquences vont des menaces sur des vies à l’impact négatif sur le développement en passant par le coup d’arrêt à la reprise économique et la dégradation de la position d’endettement. A cela s’ajoutent l’interruption de la reprise économique et le risque d’insécurité alimentaire qui pourrait affecter 132 millions de personnes selon les études. Le rapport précise que la pénurie de financement pourrait également laisser des séquelles sur le tissu économique en réduisant la capacité des pays à organiser la rescolarisation et le rattrapage scolaire après la pandémie, ce qui pourrait réduire la capacité des pays à s’intégrer dans l’économie mondialisée à l’avenir.
Le Bénin hors danger
De l’avis de Youres Zouher, le Bénin est moins dépendant des incertitudes économiques et présente moins de risque d’insécurité alimentaire, ce qui n’est pas le cas de certains pays de l’Afrique subsaharienne. La bonne gestion budgétaire et la rigueur imprimée à la gouvernance publique créditent le Bénin d’une poursuite de la dynamique ascendante de son économie. Le Bénin pourrait faire une bonne performance et pourrait enregistrer une croissance de 6% en 2023.
Les recommandations du Fmi
Le rapport établit une reprise à deux vitesses dès 2024. Ce rebond devrait affecter prioritairement les pays pauvres en ressources naturelles et les pays riches en ressources pétrolières. Le Fmi établit 4 priorités pour l’action publique afin de relever la pente. Il s’agit de la politique budgétaire, la politique monétaire, la politique de change et les réformes structurelles. Primo, la politique budgétaire doit réduire l’endettement et s’adapter aux conditions financières moins favorables. Secundo, l’inflation commence à se stabiliser et les banques centrales vont ajuster le rythme du resserrement de la politique monétaire. Tertio, les pays font face à des pressions considérables sur les taux de change et doivent en atténuer les effets néfastes sur leur économie. Enfin, les réformes structurelles sont plus importantes que jamais sur fond de besoins urgents pour faire face au changement climatique.
Gabin Goubiyi