Isaac Agbanou. Ce nom peut paraître anodin chez certains. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce jeune est un passionné de l’agriculture, en particulier du maraîchage. Selon lui, la zone côtière de Sémé-Podji est un atout pour nourrir sa passion.
« Après ma licence, j’ai identifié la zone côtière de Sémé-Podji comme un atout pour booster davantage le maraîchage dans la sous-région et au Bénin. En maraîchage, le cycle le plus long de production des espèces maraîchères est de 90 jours » , a-t-il déclaré. Conjugeant la passion au travail professionnel, Isaac Agbanou a réalisé des prouesses énormes, malgré les difficultés qu’il rencontre dans son parcours. Aujourd’hui, il est président d’une coopérative dénommée « Agro révolution » créée en 2021 et régulièrement enregistrée au journal officiel. Cette organisation dispose de 20 hectares de terre sur le site de maraîchage de la commune de Sémé-Podji. « En créant cette coopérative, notre objectif est de travailler en synergie pour une bonne organisation et échanger des idées pour le développement du maraîchage dans notre localité », a fait savoir Isaac Agbanou qui dispose d’un domaine de 6 hectares. Il a un personnel de 15 employés permanents sans oublier une dizaine de femmes qu’il emploie occasionnellement sur son site. Pour preuve, en pleine saison sèche actuellement, son équipe et lui sont en train de produire de la carotte sur 2,5 hectares. Pour y arriver, ils utilisent des moto-pompes et autres moyens connus du monde maraîcher.
Cela suffit-il pour faire de prouesses ?
En dehors du matériel de travail, il faut un personnel de qualité. En tant que technicien du secteur, Isaac Agbanou forme ses collaborateurs qu’il utilise à bon escient. « Nous faisons assez d’efforts pour la formation. Nous recrutons des jeunes et femmes que nous formons à travers des séances de travail. Nous sommes en partenariat avec l’Université nationale d’agriculture de Kétou et d’autres lycées agricoles qui nous envoient des stagiaires pour des formations pratiques », confie le président de la coopérative « Agro-révolution ».
Des défis à relever
Pour Isaac Agbanou, la formation des maraîchers est un grand défi à relever. « Le maraîchage est un secteur sensible. Nous travaillons avec des personnes peu qualifiées. Beaucoup ne maîtrisent pas l’utilisation des engrais chimiques, ignorant leurs conséquences sur la santé des consommateurs. L’Etat doit nous aider à former les producteurs », a-t-il fait savoir. L’insuffisance des terres est aussi une équation à résoudre, selon Isaac Agbanou. « La terre nous manque, parce que nous avons un grand projet pour le maraîchage. Nous en voulons jusqu’à 50 hectares au moins pour satisfaire le Bénin et la sous-région. Nous voulons des marchés de livraison à grande échelle », souhaite le président de la coopérative » Agro-révolution ». La non-maîtrise du marché et des itinéraires techniques de production reste également un défi à relever, selon le maraîcher professionnel.
Appel à l’État
Au vu de tout ce qui précède, Isaac Agbanou invite le gouvernement à régler les problèmes évoqués, tout en veillant sur la bonne utilisation des aides qu’il apporte aux producteurs pour qu’ils atteignent régulièrement la base. « Le maraîchage nourrit son homme. Nous y sommes uniquement et nous arrivons à satisfaire nos besoins vitaux. Nous encourageons les jeunes et femmes à suivre une formation en maraîchage et s’y lancer. L’État ne peut que nous encourager. Nous avons d’ailleurs confiance au gouvernement dans ce sens », a-t-il conclu.
Abdourhamane Touré