Les députés de l’opposition continuent d’essuyer des revers au Parlement. Le jeu des rapports de force les met dans une position de faiblesse face à leurs pairs de l’Union progressiste Le renouveau et du Bloc républicain.
Les débats parlementaires s’animent à l’hémicycle au rythme des intérêts et des enjeux politiques. Il ne saurait en être autrement quand on sait que l’Assemblée nationale reste le laboratoire par excellence de la politique. Les dernières actualités provenant du palais des gouverneurs révèlent une fois encore que l’institution est le couvent où se mène véritablement la bataille politique. Qu’ils veuillent s’appeler minorité ou opposition parlementaire, les députés du parti « Les démocrates » auront compris à la faveur des désignations des représentants du Parlement aussi bien au niveau des Parlements régionaux que dans les institutions de la République, qu’ils devront subir, tout au long de la 9ème Législature, le diktat de leurs pairs de la mouvance présidentielle. Hier députés de la majorité parlementaire, certains élus du parti « Les démocrates » font aujourd’hui la dure expérience de la minorité. Ils l’auront appris à leurs dépens, la roue tourne en politique. Les positions des différentes sensibilités politiques ont achoppé au niveau de la clé de répartition où les approches ont été diamétralement opposées sur les notions de majorité et de minorité parlementaire. Alors que la commission des lois, se fondant sur une jurisprudence de la Cour datant de 2009 a proposé une clé de répartition qui a tenu compte des différentes sensibilités politiques représentées au Parlement en fonction de la taille de chaque groupe parlementaire, les députés du parti « Les démocrates » ont estimé que les choses ne devraient pas être ainsi. Qu’au demeurant, ils devraient être considérés comme des députés de la minorité parlementaire et traités comme tels dans les différentes répartitions. Une approche battue en brèche par la quasi-totalité des députés Up Le renouveau et Bloc républicain dont l’avis favorable en faveur du rapport a induit la poursuite des travaux qui ont abouti à la désignation des représentants des deux partis politiques, conformément à la clé de répartition proposée par la Commission des lois. Les récriminations de Eric Houndété et ses collègues n’ont pu infléchir les positions de leurs pairs.
La Cour constitutionnelle à nouveau sollicitée
Comme il fallait s’y attendre, les députés du parti « Les démocrates » n’entendent pas avaler la couleuvre à eux administrés par leurs homologues de la mouvance. Du coup, ils ont martelé leur volonté de saisir la Cour constitutionnelle à l’effet de clarifier à nouveau les notions de majorité et de minorité et s’il faille procéder à la désignation des représentants du Parlement selon le principe de la configuration politique ou suivant celui de la minorité ou majorité. Dorothé Sossa et les autres conseillers de la Haute juridiction seront, sauf cas de force majeure, saisis pour apprécier le recours dont ils seront saisis de la part des députés de l’opposition.
Déjà des craintes pour 2026
Dans une déclaration lue à la tribune de l’Assemblée nationale au petit matin du mercredi 14 juin 2023, le groupe parlementaire « Les démocrates », a marqué son opposition relativement à la gestion du président de l’Assemblée nationale Louis Vlavonou qui selon les députés constituant ce groupe, ne gère pas l’institution avec équité contrairement aux engagements qu’il a dûment pris à l’occasion de son installation officielle. Pour les députés de l’opposition, « depuis l’installation de la nouvelle Législature, tout est mis en branle pour clochardiser la seule et unique minorité parlementaire ». Ils évoquent à titre illustratif le mode utilisé pour la réinstallation des membres des commissions permanentes après la décision de la Cour constitutionnelle. Ils dénoncent par ailleurs le processus ayant conduit à la désignation et à l’installation des membres de la 7ème mandature de la Cour constitutionnelle ainsi que la désignation des représentants du Parlement du Bénin dans les Parlements régionaux et autres institutions de la République. « Toute cette cavalerie politique conduit à un cadre constitutionnel que, si rien n’est fait, mènera inexorablement notre pays à des élections générales de 2026 non transparentes et sans crédibilité », alerte l’opposition qui visiblement nourrit déjà des inquiétudes pour 2026.
Gabin Goubiyi