Le gouvernement béninois a mis en place le dispositif Azôli pour accompagner des peu ou pas instruits vers l’emploi. La raison d’être du dispositif est de réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes par l’insertion professionnelle dans l’emploi salarié ou dans l’emploi indépendant.
« Azôli », est un programme conçu par le gouvernement du président Patrice Talon pour redonner un nouveau souffle aux jeunes béninois sans emploi, laissés en rade par le système scolaire. Le dispositif Azoli (Chemin de l’emploi) traduction littérale du Fon, une langue véhiculaire parlée dans presque toute la partie méridionale du pays, est le fer de lance du projet d’inclusion des Jeunes (Prodij) mis en œuvre par l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) avec l’appui de la Banque Mondiale. Démarré en 2021, « Azôli » est destiné aux jeunes peu ou pas instruits (Ppi) de 18 à 30 ans (filles et garçons). L’objectif du gouvernement béninois en mettant en place ce dispositif est d’accroître l’inclusion économique des jeunes ciblés en situation de sous-emploi ou en inactivité, ayant un faible niveau de scolarisation (maximum Bepc). Il s’agit aussi de renforcer les services de l’emploi et le système de formation technique et professionnelle au Bénin. « Azôli », c’est une formation technique, à travers un stage/apprentissage de trois (03) à (06) mois pour une insertion dans l’entreprise formatrice ou dans d’autres entreprises. Ce programme innovant qui vise à accroître l’employabilité des jeunes est un dispositif qui offre de nouvelles opportunités pour tous les jeunes dans les 77 communes du Bénin. Selon les résultats attendus du dispositif à l’horizon 2025, il est prévu que 25.000 jeunes soient accompagnés par les services de l’Anpe vers l’emploi salarié décent et bien rémunéré ainsi que 25.000 jeunes vers l’auto-emploi. Il faut préciser que la mise en œuvre du dispositif Azoli repose entre autres sur les responsables des unités locales de promotion de l’emploi (Ulpe). Ces derniers au nombre de 81 (à raison de deux par commune à statut particulier) sont opérationnels dans les 77 communes pour fournir les services d’emploi aux jeunes.
Secteurs d’intervention et accès à Azoli
Le programme mis en œuvre par l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) intervient dans plusieurs secteurs tels que l’agriculture ou l’agrobusiness, les Btp-infrastructures, l’artisanat et les industries, le tourisme-hôtellerie-restauration, l’économie numérique et les énergies renouvelables et les mines. Pour avoir accès à Azoli, il faut s’inscrire sur la plateforme www.sica.anpe.bj ou auprès des responsables des unités locales de promotion de l’emploi ou dans les agences de l’Anpe. Etre sélectionné par une entreprise en fonction de ses aptitudes ou de choix d’inscription ou par tirage pour l’auto-emploi, suivre rigoureusement les formations programmées et bénéficier d’un accompagnement de l’Anpe pour l’insertion ou d’une subvention de démarrage par le fond national de la microfinance.
La parité au cœur du programme
La parité est au cœur du programme : 50 % des bénéficiaires visés sont des femmes, avec une attention particulière aux filles-mères. Ces dernières peuvent suivre des formations tout en bénéficiant d’un soutien pour la garde de leurs enfants dans des Espaces communautaires d’accueil des enfants (Ecae) installés dans les entreprises participantes. Ces structures sont gérées par des nourrices recrutées par l’Anpe, permettant aux femmes d’accéder à des opportunités professionnelles sans entrave.
Le programme repose sur un modèle collaboratif qui implique les entreprises locales. Ces dernières accueillent des stagiaires et leur offrent une formation pratique, soutenue par l’Anpe qui fournit les équipements nécessaires, tels que des kits de protection individuelle pour les secteurs industriels. À l’issue de leur stage, une majorité des jeunes sont intégrés en emploi salarié, et bénéficient de contrats en bonne et due forme. Pour ceux qui ne sont pas recrutés, le programme prévoit pour eux un accompagnement vers d’autres opportunités.
Importance accordée à l’entrepreneuriat
Outre les stages en entreprise, Azoli mise sur l’autonomisation des jeunes par l’entrepreneuriat. Le programme prévoit une aide financière de 200 000 Fcfa par bénéficiaire pour lancer des projets viables, après une formation en gestion, leadership et développement de compétences. Ce volet entrepreneurial est conçu pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes, notamment dans les zones rurales souvent marginalisées.
En effet, depuis son lancement, Azoli a permis à de nombreux jeunes de sortir de la précarité. Certains ont trouvé un emploi stable, tandis que d’autres ont créé leur propre activité, dans des secteurs comme l’agriculture durable, le numérique ou l’artisanat. Ces réussites individuelles contribuent au dynamisme des communautés locales et inspirent une nouvelle génération.
A côté du dispositif Azoli, le gouvernement béninois mise aussi sur le Programme spécial d’insertion dans l’emploi (Psie) lancé en 2020. Ce dispositif permet à l’État de recruter chaque année des jeunes diplômés pour une immersion professionnelle de deux ans dans des entreprises privées et publiques. Les principaux résultats obtenus, au 31 décembre 2024 se présentent ainsi qu’il suit : 63 728 candidats à l’emploi inscrits sont éligibles au programme, 1 668 entreprises sont bénéficiaires, 15 501 postes sont demandés par les entreprises et publiés sur la plateforme du Psie, 7 130 candidats dont 30,1% de femmes sont insérés dans les entreprises, 68,6% des allocataires sont maintenus en emploi après le bénéfice de deux ans du contrat du Psie, 13 031 230 391 Fcfa de subventions sont accordées aux entreprises bénéficiaires sous forme de salaires directement payés aux allocataires par le trésor public. L’enquête effectuée en juin 2024 sur l’itinéraire professionnel des candidats à l’emploi insérés dans les entreprises révèle un impact significatif du programme sur l’employabilité et le revenu des bénéficiaires. En effet, sur l’ensemble des bénéficiaires arrivés au terme des deux (02) ans prévus au contrat du programme, 68,63 % sont maintenus en emploi, à raison de 55,69% dans l’emploi salarié et 12,94% dans l’emploi indépendant.
Précisons que le dispositif Azoli ne se limite pas à un simple programme de formation. Il incarne une vision ambitieuse pour l’avenir des jeunes béninois. En intégrant des valeurs d’inclusion sociale et d’innovation, ce dispositif reflète la volonté du gouvernement de faire des jeunes des acteurs clés du développement durable.
Occuper la jeunesse avec un emploi décent
Autrefois hantés par le problème de chômage et de sous-emploi, les jeunes béninois diplômés des universités et centres de formations techniques ou non sont de plus en plus rassurés par leurs insertions professionnelles, grâce aux nombreuses opportunités offertes par le gouvernement à travers son programme d’action. « Après ma licence en gestion des entreprises, j’ai été recruté par le programme spécial d’insertion dans l’emploi qui m’a confié à une entreprise (…) pour une expérience professionnelle de deux ans », a confié à votre journal, Patrice Godonou, estimant que la question de l’emploi des jeunes n’est plus tellement épineuse que dans un passé récent où les jeunes diplômés étaient voués au chômage et au sous-emploi.
Le Psie « vise à permettre à ces derniers de faire leurs armes sur le marché de l’emploi et de résoudre du coup le problème d’expérience professionnelle dont ils sont la plupart du temps confrontés dans leur recherche d’emploi », souligne une note gouvernementale.
Dans l’un de ses récents message à la nation devant les députés à Porto-Novo, le président Patrice Talon a estimé que les réformes dans l’enseignement supérieur ne manqueront pas de produire leurs effets sur la gouvernance des universités, comme sur la qualité des enseignements, en améliorant la formation des apprenants et à les rendre plus compétitifs sur le marché de l’emploi. « Un marché de l’emploi où, en dehors des recrutements au profit des forces de défense et de sécurité, l’Etat a déjà procédé au recrutement direct de près de 3.000 agents dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la justice entre 2021 et 2022. Sans oublier plus de 3.000 bénéficiaires en 2022 du projet d’insertion des jeunes et du Programme spécial d’insertion dans l’emploi », a-t-il indiqué. A Glo-Djigbé, a-t-il poursuivi, dans la zone industrielle, c’est plus de 6.000 jeunes béninois qui sont déjà employés à un titre ou à un autre. « Avant fin 2023, nous serons peut-être à 30.000 emplois. Ceci n’est qu’un début qui s’ajoute aux milliers d’emplois générés par les nombreux chantiers publics en cours de réalisation partout dans le pays », avait indiqué le président Talon.
Le programme Azoli doit contribuer à la réduction du taux de chômage et du sous-emploi des jeunes au Bénin “par l’insertion professionnelle dans l’emploi salarié ou dans l’emploi indépendant des peu ou pas instruits”.
Sergino Lokossou