À l’occasion du mois d’octobre, l’Institut national de la femme (Inf) a organisé, ce vendredi 31 octobre 2025, une “journée rose” placée sous le thème : “Violences faites aux femmes et risques accrus de cancer : brisons le silence”. L’événement, tenu au siège de l’Inf à Cotonou, a réuni plusieurs spécialistes du corps médical, des psychologues et des acteurs institutionnels autour d’un débat éclairant sur le lien entre violences basées sur le genre et santé féminine.
Partenaire de cette initiative, Air France a marqué sa présence à travers son directeur général au Bénin, Jean-Marc Breton, qui a salué l’engagement de l’Inf et rappelé la mobilisation internationale autour d’Octobre Rose. « Chaque année, Octobre Rose mobilise le monde entier pour sensibiliser à la lutte contre le cancer du sein, une maladie qui touche une femme sur huit. Depuis plus de 20 ans, Air France s’associe à des actions de prévention et de sensibilisation partout dans le monde », a-t-il déclaré, avant de remercier le corps médical et la présidente de l’Institut, Huguette Bokpè Gnacadja, pour cetteInitiative cruciale. Dans son allocution, Huguette Bokpè Gnacadja a insisté sur la nécessité d’aborder conjointement les violences faites aux femmes et les cancers féminins, deux réalités souvent tues et destructrices. « Le cancer, c’est violent, et la violence, c’est violent. Entre les deux, il y a le silence, qui tue », a-t-elle martelé. « Nous voulons mettre ensemble ces deux silences pour les briser, car la lutte contre les violences faites aux femmes est aussi un enjeu de santé publique, de dignité et de vie ». La présidente de l’Inf a également souligné l’impact du stress, de la peur et de la honte sur le retard de dépistage et la dégradation de l’état de santé des femmes victimes de violences.
Des experts pour éclairer le lien entre santé mentale et cancer du sein
Le panel a réuni d’éminents spécialistes, dont le professeur Jean-Léon Olory-Togbé (chirurgien viscéral), le Dr Freddy Gnangnon (chirurgien oncologue), le Dr Ewagnignon Emmanuel et le Dr Hermyonne Ahounou Adjogbo (gynécologues obstétriciens), ainsi que la psychologue Souliatou Abiola. Abordant le lien entre le stress et le cancer du sein, Souliatou Abiola a expliqué que le stress chronique provoque un déséquilibre hormonal et affaiblit le système immunitaire. « Le stress crée une surproduction de cortisol qui fragilise l’organisme. Il favorise aussi des comportements à risque, comme la négligence de sa santé ou la consommation d’alcool. Gérer son stress, c’est déjà prévenir la maladie », a-t-elle indiqué, préconisant sport, alimentation équilibrée et accompagnement psychologique comme moyens de prévention. De son côté, le Dr Freddy Gnangnon, chirurgien spécialiste du cancer et point focal du ministère de la Santé, a livré des chiffres préoccupants sur la situation au Bénin. « Le cancer du sein est le premier cancer de la femme, et même du Bénin, tous sexes confondus. Pour dix femmes diagnostiquées, seules quatre à cinq survivent au bout de cinq ans », a-t-il déploré. Il a rappelé l’importance du dépistage précoce, soulignant qu’il permet non seulement de guérir la maladie tout en conservant le sein, mais aussi de réduire considérablement les coûts de traitement.
Prévenir pour sauver des vies
Le Dr Gnangnon a détaillé les quatre niveaux de prévention médicale. Il s’agit de la prévention primaire qui consiste à éviter les facteurs de risque (alcool, tabac, surpoids, mauvaise alimentation) ; la prévention secondaire, c’est-à-dire le dépistage précoce via l’autopalpation, les visites médicales et la mammographie ; la prévention tertiaire, c’est-à-dire le traitement des malades déjà atteints (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie) et la prévention quaternaire, c’est-à-dire l’accompagnement humain et psychologique des patients en phase terminale. En clôturant la rencontre, la présidente de l’Inf a rappelé que briser le silence, c’est aussi agir collectivement. « Ce combat n’est pas celui des femmes contre les hommes. C’est une dette sociale et politique envers toutes les femmes et filles du pays », a-t-elle conclu, remerciant les partenaires, les panélistes et le public pour leur engagement.
L.A.


















