La décision d’interdiction aux navires de charger le pétrole nigérien aux abords des eaux béninoises tant que Niamey ne va pas rouvrir ses frontières continue d’agiter l’opinion nationale et internationale. Ce blocus imposé par Cotonou constitue, de l’avis de beaucoup d’analystes, un cinglant désaveu pour les autorités nigériennes qui ont opposé une fin de non-recevoir aux différentes doléances du Bénin, les invitant à rouvrir leurs frontières terrestres.
Les militaires au pouvoir à Niamey, n’entendent pas donner une suite favorable à cette requête tant que les soldats français seraient présents sur le territoire béninois. C’est du moins ce qu’ils ont allégué pour justifier leur position de maintien des frontières fermées depuis la levée des sanctions de la Cédéao en février 2024. C’est dans ce climat que la nouvelle de la production des premiers barils de pétrole a été annoncée début avril 2024. Selon des sources proches du dossier, en sus du fait d’avoir gardé closes leurs frontières avec le Bénin, l’autre sujet de crispation qui a provoqué une montée des tensions entre les deux pays et l’option d’avoir écarté le Bénin des préparatifs en vue de l’inauguration de la plateforme pétrolière de Sèmè-Podji. Le Niger dans cette perspective, a entrepris de ne traiter qu’avec la China national petroleum corporation (Cnpc) en charge de l’exploitation du pipeline. Avec la décision d’interdiction du pétrole nigérien aux abords des eaux béninoises, les Nigériens se retrouvent face à un dilemme : rouvrir leurs frontières pour rétablir et normaliser la situation ou maintenir leur posture d’intransigeance vis-à-vis du Bénin ? De toute évidence, ni le Bénin et plus encore le Niger n’ont rien à gagner de ce nouveau bras de fer entre les deux pays qui sont interdépendants dans plusieurs domaines.
La réouverture des frontières : l’ultime option
Dans la crise qui pointe entre les deux pays, la réouverture des frontières semble être la porte de sortie qui s’offre aux autorités nigériennes pour sortir du bourbier dans lequel elles se retrouvent du fait de la décision de Cotonou. Rouvrir les frontières terrestres aura le mérite de permettre aux milliers de camions qui alimentent le trafic entre les deux pays, de renouer avec leurs activités, au grand bonheur des opérateurs économiques nigériens. En effet, le commerce transfrontière formel avec le Benin a été sensiblement affecté négativement suite à la fermeture des frontières consécutive au putsch du 26 juillet 2023. Ce resserrement des contraintes extérieures s’exerce sur l’économie nigérienne et touche principalement les secteurs économiques concernés par les sanctions prises par les chefs d’Etat membres de la Cedeao. Ce blocage des transactions commerciales internationales au niveau des portes d’entrée et de sortie des marchandises du Bénin singulièrement, touche directement et instantanément la gestion des affaires publiques au Niger. Il impacte négativement les recettes douanières et, partant réduit drastiquement la capacité de l’État à faire face à ses dépenses de souveraineté (salaires des fonctionnaires, fonctionnement régulier de l’administration etc.). De même, le secteur privé a subi de plein fouet les effets de cette fermeture. Au regard de tous ces facteurs, la réouverture de la frontière s’impose comme l’ultime option pour le Niger pour relancer son économie durement éprouvée depuis la survenance du putsch.
Gabin Goubiyi