Le parti Les démocrates est véritablement dans le pétrin. Environ une semaine après le dépôt des dossiers de candidatures pour le compte des Législatives du 8 janvier 2023, le parti continue de courir après les quitus fiscaux de certains de ses candidats alors même que la Commission électorale nationale (Céna) est attendue pour rendre dans les prochaines heures, sa décision relativement aux partis en règle et susceptibles de prendre part à la compétition électorale.
A quelques jours de la publication par la Commission électorale nationale autonome (Céna), de sa décision relative aux partis politiques à jour pour participer au challenge électoral du 08 janvier 2023, la polémique autour du quitus fiscal agite l’opinion. Le débat est virulent du côté du parti Les démocrates qui taxe la Direction générale des impôts (Dgi), de velléités malveillantes visant à bloquer certains de ses candidats. Au soutien de ses prétentions, il est agité au sein de l’opinion que de faramineuses dettes fiscales sont mises à la charge des candidats en cause. La délivrance du précieux sésame est conditionnée par l’apurement de ces ardoises fiscales qui sont évaluées, pour les candidats concernés, à plus d’un milliard de francs Cfa. D’après les recoupements, les candidats concernés sont entre autres Patrick Djivo qui, selon une correspondance de la Dgi en date du 7 novembre 2022, adressée au parti Les démocrates, reste devoir 800 millions de FCfa aux impôts. L’ancien député Justin Adjovi doit quant à lui, 600 millions de FCfa, tandis que le vice-président du parti Les démocrates Nourénou Atchadé doit au titre des impôts des trois dernières années, une somme de 89 millions. Jean-Marie Allagbé, pressenti pour être candidat sur la même liste, doit libérer une somme de 86 millions de FCfa avant d’obtenir son quitus fiscal. Avant cet épisode, le parti avait confié avoir subi la croix et la bannière pour obtenir les quitus fiscaux de certains de ses prétendants à la prochaine Législature. Des dénonciations avaient fusé de la part des leaders pour dénoncer une énième manœuvre d’exclusion de la compétition électorale en vue. De potentiels candidats du parti avaient annoncé n’être plus dans la course pour n’avoir pas pu se faire délivrer le quitus fiscal, pièce requise au dossier de candidatures. Mais au fur et à mesure que les jours passent, les mêmes candidats reviennent à la charge pour annoncer avoir été satisfaits. Du coup, l’opinion s’embrouille quelque peu et a du mal à se situer par rapport à la vérité dans ce dossier. Entre temps, le parti a déposé dans la nuit du mercredi 02 novembre 2022, son dossier de candidatures. A cette occasion, il restait 17 quitus fiscaux au dossier. De ce nombre, quelques-uns ont été libérés à ce jour. Ce qui ramène à moins d’une dizaine, le nombre de quitus fiscaux du parti actuellement en souffrance. Aux dernières nouvelles, Nourénou Atchadé, Léon Basile Ahossi et Claude Djankaki, tous membres du parti Les démocrates, ont obtenu leurs quitus en fin de soirée d’hier, mardi 8 novembre 2022.
Une mauvaise foi manifeste, la Dgi accusée à tort
Dans le micmac du parti Les démocrates au sujet de l’actualité liée aux quitus fiscal, la Direction générale des impôts est pointée du doigt et livrée presque à la vindicte populaire. Et pourtant, Nicolas Yènoussi et ses collaborateurs ont joué leur partition pour s’être pliés en quatre pour satisfaire au mieux, les requérants de la fameuse pièce requise au dossier de candidatures aux Législatives. En effet, contrairement à ce qu’il laisse croire, le parti Les démocrates n’est pas le seul à avoir été éprouvé par cette formalité. Les partis de la mouvance ont eux aussi, subi la rigueur de la mise en œuvre de cette disposition légale. C’est notamment ce qui justifie l’absence sur les listes de candidatures de certains cadors insoupçonnés de ces partis. Sur ce registre, on peut citer le député Kokou Lucien Houngnibo de l’Union progressiste Le renouveau dont les entreprises Côte Africaine et Soleil d’Afrique doivent respectivement au titre des impôts 636.469.498 de FCfa et 42.881.313 de FCfa soit en tout 679.350.810 de FCfa. Outre cet élu du peuple qui fait ainsi ses adieux au Parlement, il y a également son collègue du Bloc républicain Nazaire Sado qui s’est vu opposer une fin de non recevoir pour accumulation de dettes fiscales par son entreprise Bureau d’ingénierie en management (Bim) Sarl. En effet, il reste encore à régulariser par ce dernier, 1.226.088 de FCfa. Rogatien Akouakou, maire en exercice de la Commune de Tori-Bossito, a subi la même mésaventure tout comme la deuxième adjointe au maire de Bohicon, Elisabeth Agbossaga, membre du Bloc républicain, tous deux contraints de mettre en veilleuse leurs ambitions de parlementaires pour défaut de quitus fiscal. Ces cas battent en brèche la thèse d’une politique de deux poids deux mesures dont est soupçonnée la Dgi dans le traitement des requêtes liées aux quitus fiscaux. Ils mettent par ailleurs à nu la mauvaise foi du parti Les démocrates dont les leaders n’ont visiblement pas été précautionneux.
Manque d’anticipation et de stratégie
Quoique la situation que vit actuellement le parti Les démocrates ne soit guère enviable, elle est à bien d’égards, la conséquence d’un manque criard d’anticipation et de stratégie. En effet, au regard de sa position sur l’échiquier, le parti se devait de prendre ses dispositions et d’éviter le triste scénario qui se dessine. D’autres formations politiques ont visiblement vu le mal de loin et ont subséquemment prévu un plan B qui consiste à faire prendre le quitus à des militants qui trainent des ardoises fiscales moins lourdes, histoire de faciliter la délivrance de la fameuse pièce. Cette stratégie aura le mérite d’éviter les ennuis actuels du parti qui risquent si rien n’est fait pour parer au plus pressé, de l’évincer à nouveau des starting-blocks des élections de janvier 2023.
Abdourhamane Touré