Les cantines scolaires sont une initiative du gouvernement béninois pour accroître l’accès des enfants issus des milieux pauvres à des repas réguliers et améliorer leur fréquentation dans les écoles. Des milliers d’écoliers en profitent chaque année.
Financés par le gouvernement béninois, les cantines scolaires sont mises en œuvre par le programme alimentaire mondial (Pam) avec l’appui d’autres partenaires. Le programme mis en œuvre au Bénin depuis les années 2000 avec un faible taux de couverture nationale, a été relancé en 2016 sous l’impulsion du président Patrice Talon. De 31% en 2016 à plus de 60% en 2022, le taux de couverture des écoles primaires publiques en cantines scolaires est évalué à 75% en 2023. « Le budget consacré aux cantines scolaires est passé de 1,5 milliard en 2016 à 48,7 milliards de francs Cfa en 2022 ». Pour passer à 100 % de taux de couverture à l’horizon 2026, le gouvernement béninois entend mettre à disposition des cantines scolaires plus de 153 milliards de Fcfa, soit « 15.623.210.000 FCfa pour assurer l’extension du programme au cours de l’année scolaire 2021-2022 ; 31.241.510.000 Fcfa pour 2022-2023 puis 29.010.000.000 FCfa pour chacune des trois années suivantes ». « Le Bénin est un modèle non seulement au niveau de l’Afrique, mais au niveau mondial autour de l’alimentation scolaire. Beaucoup de pays aimeraient bénéficier de ce partage d’expériences. Ce sont des choses déjà en cours. », a indiqué Caroline Schaeffer, directrice adjointe du programme alimentaire mondial (Pam) au Bénin
Plus de repas pour plus d’enfants
L’extension des cantines scolaires pour lutter contre l’abandon, la déscolarisation ou les échecs est un objectif bien visible dans la feuille de route gouvernementale, en ce qui concerne les moyens à mettre en place pour rendre performant et davantage inclusif le système éducatif. Tout au long de l’année académique en cours, le programme va s’étendre à 65 nouvelles écoles avec la poursuite de la création des jardins potagers au sein des établissements. En outre, un millier de cuisinières ont été mobilisées pour une meilleure implémentation du programme.
L’élargissement du programme national d’alimentation scolaire permettra de toucher 187 152 élèves en 2021-2022, soit 62% de l’objectif (300 000 élèves bénéficiaires) escompté par les pouvoirs publics d’ici 2025. Jusqu’ici, les efforts du gouvernement béninois pour épargner les enfants de la faim ont contribué à rehausser le taux de fréquentation scolaire, le taux de rétention et d’achèvement à l’école primaire, à se rapprocher de l’objectif « Faim zéro » sur l’étendue du territoire et précipiter le recul de la malnutrition. La lutte contre la malnutrition et scolarisation se renforcent mutuellement : en étant scolarisés, les enfants bénéficient d’un repas à la cantine, et inversement, en étant mieux nourris, les enfants peuvent mieux étudier. Quand la cantine scolaire contribue à la scolarisation et à la lutte contre la malnutrition, tout devient possible pour ces enfants.
Des bénéfices multiples
Les cantines scolaires ont commencé à voir le jour en 2014. Aujourd’hui, 396 écoles primaires publiques en possèdent une. Elles nourrissent quotidiennement plus de 89 105 enfants dans 25 communes du pays. « Quand une cantine ouvre dans un établissement, les taux de scolarisation et d’assiduité s’améliorent instantanément », constate un directeur d’école.
Parce qu’une bonne nutrition joue un rôle fondamental dans le développement d’un enfant, ses résultats scolaires et sa productivité à l’âge adulte, la Banque mondiale a lancé fin 2018, son tout premier indice du capital humain. Aussi important que les indicateurs économiques, ce nouvel outil mesure la contribution de la santé et de l’éducation à la productivité de la prochaine génération d’un pays. Ainsi, en offrant un repas équilibré et consistant aux élèves, la cantine permet également de lutter contre les problèmes de malnutrition qui concernent des familles extrêmement pauvres et d’améliorer l’indice de développement humain du Bénin qui se classe actuellement 127e sur 157 pays. « Dans certaines communes, nous avons un seuil de pauvreté et de malnutrition qui ont déjà franchi la ligne rouge. À peine deux ménages sur dix parviennent à prendre un repas par jour. Le repas servi par la cantine apporte un minimum d’équilibre nutritionnel aux élèves et contribue à les maintenir en bonne santé, avec l’attention et la vitalité nécessaires pour suivre les cours », explique Kassoumou Arouna, chef du service de l’alimentation scolaire à la direction départementale de l’enseignement maternel et primaire des départements de l’Atacora et de la Donga. « Nous avons constaté qu’il y a très peu de mortalité infantile liée à la malnutrition dans les écoles où les cantines sont implantées. ». En confiant la préparation des repas à des fournisseurs locaux, le programme contribue aussi à stimuler l’économie de la collectivité. « Tout ce que les enfants mangent, provient des exploitations locales », précise Basile Ossoté. « Cela revient moins cher et nous sommes sûrs de la qualité » Dans certaines écoles, les parents d’élèves ont même aménagé des potagers pour offrir certains produits à la cantine.
Couverture intégrale
Pour l’année scolaire 2024-2025, le gouvernement du président Patrice Talon a vu les choses en grand. Après le vaste programme de cantines scolaires visant à faciliter l’accès à l’éducation et à améliorer la rétention scolaire des enfants, le gouvernement béninois envisage d’autres mesures pour un avenir inclusif et prospère en République du Bénin. À cet effet, dans le cadre de l’exécution de la loi des finances 2024, les autorités béninoises ont pris plusieurs mesures concernant le secteur éducatif. Le gouvernement béninois souhaite se pencher sur le cas des écoliers de la maternelle, du primaire, des filles des séries scientifiques dans les lycées et celle de l’enseignement secondaire général. Ainsi, ces mesures prises par le gouvernement concernent le niveau préélémentaire, primaire et le niveau secondaire. « Pour la rentrée scolaire 2024-2025, le gouvernement veut assurer « la couverture intégrale de la prise en charge des frais d’écolage des enfants à la maternelle et au primaire et des filles des séries scientifiques dans les lycées. Il est prévu que le programme des cantines scolaires soit étendu à d’autres communes du Bénin, la mesure de gratuité des frais de scolarité des filles de l’enseignement secondaire général ». Ces exonérations de frais d’écolage en faveur des enfants de la maternelle et du primaire, des filles des séries scientifiques dans les lycées et celles de l’enseignement secondaire général, devront coûter un bon paquet d’argent au gouvernement en place. D’un coût global de 3,44 milliards de Fcfa, cette mesure vise à maintenir les jeunes filles à l’école tout en soulageant leurs parents des frais de scolarité.
Contrer les cas de vol
Selon le directeur général de l’Anan, Alain Hinkati, un certain nombre de mesures ont été prises à savoir : le cadre de collaboration avec la Police républicaine avec comme point focal le directeur général de la Police républicaine, tout citoyen qui est témoin du cas de vol de vivres dans les écoles peut saisir la Police républicaine. L’autre mesure est que toutes les unités de Police dans les régions sont instruites par leur hiérarchie pour traiter avec diligence tous les cas de vol de cambriolage de vivres qui leur sont signalés, et la dernière mesure est que les unités, notamment les commissaires de Police sont instruits pour faire les visites de routine dans les écoles et pour s’autosaisir des cas de malversations éventuelles qui pourraient être constatés dans le cadre de la gestion des programmes de cantines scolaires. « La Police républicaine réaffirme son engagement indéfectible à œuvrer aux côtés de l’Agence nationale de l’alimentation et de la nutrition afin de donner un coup d’arrêt décisif à ces cas de cambriolage », a indiqué Eric Yérima porte-parole de la Police républicaine. Il a rappelé que compte tenu de l’importance du programme des cantines scolaires, il est de bon ton que chaque citoyen joue pleinement son rôle en dénonçant toute velléité de cambriolage ou de soustraction frauduleuse de vivres destinés aux cantines scolaires.
Sergino Lokossou




