Faire de la consommation locale un appui confortable pour l’économie nationale, c’est l’ambition du gouvernement du Bénin. Une ambition partagée par des producteurs et transformateurs de produits locaux, qui misent sur la qualité pour attirer les consommateurs d’ici et d’ailleurs.
Convaincre les Béninois et les amener à promouvoir les produits locaux en les consommant sans modération afin de pousser le gouvernement du président Patrice Talon à honorer son rendez-vous dans ce sens de l’initiative des ministres du commerce de l’Uemoa. L’Unesco reconnait que le développement doit être endogène car pour se développer, une société doit rester elle-même, puiser ses forces dans sa culture et dans les formes de pensée et d’action qui lui sont propres. Il doit ainsi devenir une réalité de transformation permanente du système social dans toutes les sociétés, qu’elles soient industrialisées ou en développement. Le développement endogène ou autocentré est un paradigme de développement territorial. Le développement endogène débouche sur le développement intégré, c’est-à-dire le contrôle local de la vie économique. Adhérer au concept du « consommer local » et l’appliquer au quotidien est bien possible, à condition que les uns et les autres en saisissent les enjeux. Mais, avant toute chose, il faut travailler à changer de mentalités et défaire cette aliénation culturelle qui conduit à croire que « ce qui vient d’ailleurs est meilleur ». « Consommer local », c’est avant tout faire le choix conscient de développer d’abord les compétences locales tout en donnant l’opportunité aux nôtres de grandir.
Promotion du consommons local
La promotion du consommons local répond à un double impératif, celui de susciter chez le Béninois la consommation du « made in Benin » et d’encourager les opérateurs économiques à investir dans la production locale, a indiqué récemment un commis de l’Etat. Selon ses explications, la consommation des produits locaux est un levier d’accroissement des investissements internes productifs et de développement de l’économie locale et nationale. « Consommer le « made in Benin », c’est manger sain, c’est soutenir l’entrepreneuriat local. C’est soutenir l’industrie. C’est participer à la création de la richesse locale. C’est également construire le Bénin », relève-t-il. Il réitère l’engagement du gouvernement du président Patrice Talon à promouvoir les produits locaux et invite les populations à intégrer dans leur consommation habituelle, la richesse du pays en matière de production locale, en commençant par les produits de chez nous. La promotion du consommons local doit être fait tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Bénin. La promotion interne peut s’accentuer sur l’administration publique, la présidence et le gouvernement, les élus du peuple, les ministères, les fonctionnaires publiques, le judiciaire, les forces de l’ordre (ex, militaires, policiers et gendarmes). Nous pouvons ensuite convaincre le privé de joindre le mouvement, que ce soit dans les secteurs de la banque, la télécommunication, l’assurance, le transport et logistique, etc. Toute personne vivant au Bénin ou visitant le pays peut être encouragé à manger et porter du local. Les travailleurs doivent porter du local du lundi au vendredi. La nourriture locale sera consommée pendant toutes les séances de formation dans l’administration publique : colloques, séminaires, etc. Quant à la promotion à l’extérieur, le Bénin peut se servir des missions à l’étranger, les ambassades et la diaspora. Ce beau monde peut être mobilisé pour promouvoir les richesses culturelles du pays. Pourquoi est-ce que nos représentants ne s’habillent pas à l’Africaine quand ils voyagent à l’étranger sur fonds publiques ? Ces missions diplomatiques sont des occasions rêvées pour vendre le label Benin. L’Etat béninois a aussi un rôle très important à jouer dans la promotion de notre patrimoine vodoun. Le vodoun devrait être enseigné par exemple dans le curriculum scolaire, de la maternelle au supérieur. Tout Béninois devrait par exemple maitriser l’art divinatoire du Fâ. La promotion du vodoun offre une opportunité énorme de développer le tourisme. Ceci nous permet aussi de vendre le label Bénin.
Le Bénin veut vaincre le complexe du produit importé
« Consommation des produits locaux, un levier d’accroissement des investissements productifs, de développement et d’intégration régionale ». L’objectif est de susciter une culture patriotique de la consommation locale afin de promouvoir le développement endogène et l’intégration économique des pays de l’Uemoa. De façon spécifique, il s’agit pour l’Uemoa, de renforcer la libre circulation des produits au sein de l’Union, la promotion de la production, la transformation et la commercialisation des produits locaux, l’amélioration de la compétitivité des entreprises de l’Union afin de leur permettre d’acquérir des parts de marché à l’international, la promotion de la démarche qualité dans la transformation et la commercialisation des produits locaux. C’est l’occasion aussi de promouvoir la création d’emplois dans l’espace à travers la transformation industrielle des produits et la fourniture des biens et services locaux, promouvoir l’autosuffisance et la sécurité alimentaire des populations, l’autonomisation financière des femmes et des jeunes, le renforcement du pouvoir d’achat des populations, la maîtrise des contraintes négatives imposées par l’instabilité persistante et les impacts négatifs liés à un environnement en pleine mutation, etc.
Au Bénin, le consommons local doit être un acte patriotique et de souveraineté économique. Il s’agit de vaincre aussi le complexe du produit importé par l’amélioration de la qualité des produits, les rendre disponibles et accessibles. « La célébration du mois du consommons local présente, de par la pertinence de son thème, vient une fois de plus nous rappeler l’impérieuse nécessité et l’urgence de sensibiliser les consommateurs à vaincre le complexe du produit importé et mettre en avant, dans leur acte d’achat, la notion de patriotisme économique. Mais ce patriotisme économique a des exigences et des défis. Au nombre de ces défis, il y a l’amélioration de la qualité, la disponibilité et l’accessibilité d’une diversité de produits locaux à des prix abordables, qui est de la responsabilité des acteurs de la chaîne de valeurs des filières desdits produits », explique le ministre en charge du commerce. Pour plusieurs personnes, accepter de consommer local, c’est aussi continuer l’œuvre du président Thomas Sankara qui rappelait sans cesse : « Consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons ». Il est important de lancer un appel patriotique à l’ensemble des Béninois à faire du consommons local, le principal levier du développement économique et social endogène du pays.
Sergino Lokossou
dynamiser l’économie