La promotion du leadership féminin souhaitée par le gouvernement du président Patrice Talon prend corps à travers la mise en œuvre du Programme d’appui à l’égalité de genre (Paeg) au Bénin. Un programme dont la première phase (2022-2026) a été lancée le 28 février 2023. Qu’est-ce que le Paeg ? Qu’en est-il de sa mise en œuvre ? Qui en sont les bénéficiaires ? Et quel est son impact réel sur la communauté? Autant de préoccupations qui permettent de comprendre les tenants et les aboutissants d’un programme qui ambitionne à terme de corriger de façon significative les inégalités et les injustices sociales dont est victime la femme béninoise.
La construction d’un environnement protecteur de la femme béninoise est l’une des priorités de la gouvernance du président Patrice Talon. Depuis qu’il a pris les rênes du pays, il a engagé des réformes pour améliorer les conditions de vie et de travail des femmes de toutes les catégories socioprofessionnelles. Au plan politique par exemple, des dispositions ont été prises pour garantir une meilleure représentativité des femmes dans les grandes instances de décision comme le parlement. Des projets et programmes sont en cours pour renforcer l’égalité de genre au sein de la société béninoise et réduire de manière durable la vulnérabilité socio-économique des femmes. C’est la raison d’être du Programme d’appui à l’égalité de genre (Paeg). Un programme mis en œuvre à travers un accord de partenariat entre la Confédération Suisse et le gouvernement béninois.
D’un coût global de 4,2 milliards de FCfa (7’000’000 CHF), la phase 1 du Paeg, en cours dans les douze (12) départements du Bénin pour une durée de 4 ans, est financée par la Coopération Suisse en appui au gouvernement du Bénin avec la contribution technique et financière de trois consortia d’Organisation de la société civile (Osc). Selon Valérie Idossou, cheffe de l’unité de gestion du Paeg phase 1, pour atteindre les résultats du projet, trois consortia d’ONG ont été retenus pour mettre en œuvre des actions concrètes. Il s’agit de : « Baani » pour la zone 1 : Alibori, Atacora, Borgou, Donga ; « Edidé » pour la zone 2 : Collines, Couffo, Mono et Zou et « Rifonga-Wanep-Fenep » pour la zone 3 : Atlantique, Littoral, Ouémé et Plateau. En dehors de ces partenaires du projet, il y a le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance qui est un partenaire institutionnel du programme. Elle précise que c’est le ministre qui préside le comité de pilotage de ce programme. L’Institut national de la femme (Inf) et les centres intégrés de prise en charge des victimes de violence basée sur le genre sont eux aussi partenaires dudit projet. Le Programme d’appui à l’égalité de genre est un programme qui s’arrime aux différentes politiques sectorielles, au Programme d’actions du gouvernement ainsi qu’aux Odd et à l’agenda 2030. Le Paeg met les femmes au centre de son intervention, car ce sont les femmes qui sont les plus touchées par les inégalités de notre société.
Effets, cibles et objectif du programme
Le programme selon la cheffe de l’unité de gestion est axé de trois (03) effets. Le premier est que les femmes soient engagées dans les instances de prise de décision et qu’elles contribuent à la promotion d’un environnement de paix. Le deuxième effet est de s’investir dans la délivrance des services de qualité qui répondent aux besoins spécifiques des femmes et favorisent l’égalité de genre et l’inclusion sociale (il s’agit notamment des services de lutte contre les violences basées sur le genre). Le troisième effet voudrait que tous les services de la Coopération Suisse puissent de manière systématique et transversale adopter ou pratiquer le genre transversal dans leurs interventions. Le premier résultat est assuré par les Organisations de la société civile. Le programme va toucher directement 500 femmes leaders, 1000 survivantes de Violences faites aux Femmes et aux Filles (Vff) ou de Violences Basées sur le Genre (Vbg), 300 hommes selon la démarche de la masculinité positive. Sont également prises en charge, plus de 200 femmes appuyées dans le cadre des projets/programmes de la Coopération Suisse. À travers des effets multiplicateurs sur le terrain, le Paeg ambitionne d’impacter plus de 10.000 femmes et hommes. Par ailleurs, un appui spécifique est alloué aux services d’écoute des Centre de promotion sociale (Cps), bras opérationnels du ministère des Affaires sociales et de la microfinance (Masm) au niveau communautaire. Les Centres intégrés de prise en charge (Cipec) du Ministère de la Santé et l’Institut national de la femme (Inf) sont aussi des parties prenantes du Paeg 1. Le Paeg a pour objectif de renforcer l’égalité de genre au sein de la société béninoise et réduire de manière durable, la vulnérabilité socio-économique dans le pays. Piloté par le Ministère des affaires sociales, le programme met un point d’honneur sur le leadership politique féminin, la budgétisation sensible genre, la femme et promotion de la paix. Il prévoit, en outre, un appui renforcé à la lutte contre les Violences basées sur le genre (Vbg) dans cinquante Centres de promotions sociales (Cps) avec l’implication des collectivités locales. La mise en œuvre du Paeg est axée sur la construction d’un environnement protecteur pour les femmes au Bénin qui garantit leur participation à la gestion politique. À cet effet, il met un accent particulier sur la promotion du genre transformateur, la promotion de l’inclusion sociale (ne laisser personne de côté : Lnob) et la promotion de la masculinité positive. Le Paeg, à travers le concept du genre transversal, veut amener les partenaires de la Coopération Suisse à appliquer de manière systématique et transversale, les principes d’égalité des sexes et d’inclusion sociale dans leurs interventions.
Un challenge pour le Bénin
Pour Géneviève Arawo, directrice départementale des Affaires sociales et de la microfinance du Littoral, les acteurs gouvernementaux s’activent depuis quelques mois pour que le Paeg soit une réalité dans toutes les communautés. « Toutes les structures du ministère des Affaires sociales et de la microfinance sont impliquées du niveau central jusqu’au niveau déconcentré. Nous avons fondamentalement les Centres de promotion sociale qui interviennent dans le cadre de ce projet et qui mènent des activités pour toucher les communautés et les familles. Ces actions se mènent sous la coordination des douze (12) directions départementales des Affaires Sociales et de la Microfinance », a indiqué la directrice avant de mentionner qu’il y a des volets spécifiques (l’accompagnement des victimes des Vbg, les filles et femmes victimes de violence) qui appellent nécessairement l’intervention des Centres de promotion sociale. Les Cps travaillent pour la sensibilisation et la vulgarisation des textes qui existent sur la question du genre. Ces actions ne sont pas menées sans difficultés, et à en croire Geneviève Arawo, il y a des cas de résistance au sein des communautés, mais à travers les sensibilisations et la mobilisation des acteurs, l’adhésion est obtenue. Elle précise que certains cas de Vbg débouchent sur des poursuites judiciaires parce qu’il faut sanctionner. « Sans la répression nous n’allons pas atteindre nos objectifs. Certains cas méritent des interventions. Nous saluons l’Institut national de la femme qui se positionne chaque fois que nous sommes soumis à des situations qui nécessitent une assistance judiciaire. L’Inf est systématiquement saisi. Des ressources sont prévues sur le fond Paeg pour soutenir la victime », a fait savoir la directrice départementale. Au dire de Valérie Idossou, cheffe de l’unité de gestion du Paeg, « les difficultés, c’est surtout la capacité des structures de l’Etat d’aller plus loin. On aurait souhaité qu’il y ait plus d’investisses au niveau arrondissement pour impacter le plus grand nombre possible ». C’est un challenge pour le Bénin tout entier afin qu’aux cotés des hommes, les femmes puissent avoir leur mot à dire. Plusieurs acteurs reconnaissent que lorsque les femmes expriment leurs besoins, elles ont tendance à mettre au-devant de la scène les besoins de la famille, les besoins de la communauté. « C’est un gain supplémentaire lorsque dans un ministère, dans une direction, à l’Assemblée nationale, au sein des communes quelqu’un qui peut en un clin d’œil peut penser à tout le monde à la fois. C’est ça le défi », avoue d’un air rassurant Valérie Idossou.
Par ailleurs, il faut préciser que pour l’accompagnement et la coordination des acteurs de mise en œuvre du Paeg, Phase 1 (2022-2026), la Coopération Suisse au Bénin a mandaté le cabinet allemand, Particip GmbH.
Sergino Lokossou