De gloire en gloire, de succès en succès. La diplomatie béninoise est depuis 2016 sous une nouvelle impulsion. Malgré la réduction de la carte diplomatique qui pour certains n’ayant pas compris la vision du gouvernement Talon est une erreur, les résultats enchainés constituent des indices au soutien de la rationalisation.
La résilience économique en période de crise
Le gouvernement de Patrice talon ne tergiverse au point de sortir de la ligne de conduite qu’il s’est tracé. Deux faits ont témoigné de l’engagement du gouvernement à être permanemment et fréquemment aux côtés de ses concitoyens : la gestion de la fermeture des frontières par le Nigeria et la gestion du Covid-19. En effet, en août 2019, le Nigeria a fermé ses frontières terrestres avec le Bénin, le Cameroun, le Tchad et le Niger. Seules les personnes étaient autorisées à passer, la circulation des biens était interdite. A suivre les autorités du Nigéria, le principal pays visé par la mesure protectionniste est le Bénin. Il reprochait au pays dirigé par Patrice Talon de favoriser par contrebande, l’acheminement au Nigeria des milliers de tonnes de riz par an et de s’y approvisionner illégalement en carburant. En réaction à cette supposée légèreté du gouvernement, les autorités nigérianes ont pris la mauvaise option d’interdire les importations de denrées alimentaires. A la base de cette mesure préjudiciable pour les économies voisines surtout celle du Bénin, le patronat nigérian. «Un certain nombre de chefs d’entreprise nigérians se plaignent de l’attitude de Cotonou. Ils affirment que leurs camions qui transitent sur le territoire béninois sont surtaxés à la frontière. De plus, le businessman Aliko Dangote, qui a racheté les parts de l’État nigérian au sein du groupe Lafarge, veut vendre son ciment au Bénin, ce que Talon refuse », avait décrypté un homme d’affaires béninois bien introduit au Nigeria selon Jeune Afrique. « Nos usines de ciment sont déjà en surcapacité, et nous faisons énormément pour lutter contre la contrebande, répond un collaborateur de Patrice Talon, qui, comme son président, n’a pas digéré la décision prise par Buhari. Comment un pays membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), un ensemble régi par la libre circulation, peut-il décider du jour au lendemain et sans concertation de fermer sa frontière avec son voisin ? Ce n’est pas acceptable ! » « Le Nigeria a toujours considéré le Bénin comme un simple pays de fraude. Cela a créé, à Abuja, un sentiment de toute-puissance. Nous voulons changer tout cela et avoir des relations d’égal à égal. Il faut qu’il y ait désormais un respect mutuel», a indiqué un membre de la garde rapprochée de Talon selon un média international.
Le Bénin surpris des reproches du Nigeria
La décision de la fermeture des frontières par le président Buhari a été une surprise au Bénin surtout l’argumentaire qui l’a irriguée. Pour le ministre Aurélien Agbénonci, c’est une décision brutale et unilatérale. « Il faut d’abord souligner la brutalité de la décision et l’absence d’information préalable, alors que de nombreux accords interdisent que de telles choses arrivent. Il faut aussi rappeler que le premier argument avancé était celui d’un exercice de sécurité. Ce n’est que quelques jours plus tard que les autorités nigérianes ont évoqué la réimportation de riz asiatique qui mettrait en péril des programmes de développement de la filière dans leur pays. Il y a une part de vérité, mais nombre d’opérateurs actifs dans ce secteur, sinon la majorité, sont du Nigeria… », a-t-il déclaré. Le 20 janvier 2020 à Londres, Muhammadu Buhari a évoqué la nécessité de lutter contre le trafic d’armes. Dans son discours, il a semblé pointer d’un doigt accusateur les pays frontaliers au Nigéria. « Je défie la partie nigériane de prouver que des armes arrivent du Bénin ! Dès notre arrivée à la tête de ce pays, nous avons mené une profonde réforme du secteur sécuritaire. Aujourd’hui, le Bénin est l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest où il n’y a pas de barrages sur les routes, mais où les frontières sont sérieusement surveillées. Les armes de petit calibre ne transitent pas par le Bénin, je suis formel », a précisé le patron de la diplomatie béninoise. Au cours du bilan An 4 de la Rupture, le numéro 1 de la coopération internationale au Bénin est revenu sur la question de la fermeture des frontières par le Nigéria en ces termes : « Cette décision unilatérale, sans préavis, du gouvernement du Nigeria de fermer ses frontières avec le Bénin a causé du tort à plusieurs de nos compatriotes, surtout ceux qui sont dans le secteur des affaires. Cette décision a aussi provoqué des difficultés au plan humain, au niveau des communautés qui vivent des deux côtés de la frontière. Dès la survenance de cet évènement, le président de la République a immédiatement rencontré son homologue nigérian à Yokohama le 28 août 2019, en marge de la Ticad 7, puis en marge du Sommet extraordinaire de la Cedeao sur la sécurité et le terrorisme, le 14 septembre 2019 à Ouagadougou. Un cadre tripartite Bénin-Niger-Nigeria a été mis en place et s’est traduit par la tenue d’une réunion ministérielle le 14 novembre 2019. Deux réunions ont suivi au niveau technique les 26 novembre et 10 décembre 2019. »
Le réalisme du gouvernement de Patrice Talon
Dans cette crise qui met en mal l’économie béninoise, le Bénin a adopté une posture réaliste. A entendre le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Aurélien Agbénonci, les difficultés évoquées par le Nigeria ne sont pas à nier mais il faut aussi donner une information équilibrée. Pour lui, il vrai que le trafic de riz importé d’Asie porte atteinte au programme de riz mis en place par le Nigéria, mais les acteurs de cette filière ne sont pas que des Béninois. « Il faut dire aussi que les produits manufacturés du Bénin (huile, eau…) n’ont jamais été acceptés sur le marché nigérian. J’évoque tout cela pour dire que de part et d’autre, il y a des choses à corriger », a-t-il reconnu. D’ailleurs, dès l’accession à la plus haute charge de l’Etat, le président de la République a toujours souhaité qu’il y ait une concertation entre le Nigeria, le Niger et le Bénin pour passer en revue ces difficultés, pour que ces violations des règles communautaires ne puissent pas persister. « Les agendas politiques n’ont surement pas permis que ces rencontres aient lieu. Après les diverses rencontres d’Abuja et de Yokohama, le président du Burkina Faso désigné par ses pairs pour coordonner l’effort lié à la libre circulation dans notre espace communautaire a convoqué non seulement les trois pays (Bénin, Niger et Nigeria) mais aussi les autres pays impactés par cette fermeture (Côte d’Ivoire, Ghana et Togo). Au cours de cette réunion, la feuille de route établie à Abuja et comportant treize (13) points a été examinée. Le constat est que dix (10) points ont été respectés. Les trois points restants sont des actions conjointes. Le Nigeria s’est engagé à ce que les deux autres parties avec leurs homologues du Nigeria prennent les actions qui s’imposent pour que nous puissions arriver assez rapidement à une ouverture. C’est dans cette dynamique que nous étions quand est survenue la pandémie du coronavirus qui a amené l’ensemble des pays à fermer leurs frontières pour pouvoir contrôler les flux des personnes infectées », a expliqué l’ancien fonctionnaire des Nations Unies avant de souligner : « Si cela ne tenait qu’au gouvernement du Bénin, les frontières devraient être ouvertes immédiatement. Mais le Bénin ne décide pas de ce qui se passe à Abuja. Le fait que la Cedeao se soit emparée du dossier, le dernier sommet d’Abuja a demandé à la partie nigériane de coopérer comme il se doit dans la résolution de la question. C’est un ensemble de faisceaux qui m’amène à croire que lorsque cette crise sanitaire sera surmontée, la partie nigériane prendra les mesures qu’il faut. »
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