Dans sa dynamique de suivre les pas des pays développés et de bénéficier de leur savoir-faire, le gouvernement de Patrice Talon a démontré que le Bénin peut résister quand le Nigéria se permet le vilain plaisir de bloquer le circuit commercial. La fermeture des frontières sur plus d’un an mélangée au Covid-19 n’a pas fait fléchir le rythme de la croissance économique du pays. Au contraire, ces situations lui ont permis de prouver la résilience de son économie.
« Maintenant que le message est entré avec nos voisins, nous envisageons de rouvrir les frontières dès que possible », a déclaré le président Buhari dans le Tweet. Après la réouverture des frontières, le ministre des Affaires étrangères Béninois a annoncé le 30 décembre 2020 au cours d’une rencontre de presse que le président béninois Patrice Talon et son homologue Nigérian Muhammadu Buhari se rencontreront. Sans annoncer de date, Aurélien Agbénonci a confié que les deux chefs d’Etat ont émis le désir de se voir et que les deux parties travaillent à trouver le moment idéal. « Il y a du travail qui est en cours. C’est dans l’ordre normal des choses que les deux chefs d’Etat se rencontrent surtout quand ils sont voisins et qu’ils ont des relations fraternelles. Peut-être le début de l’année prochaine serait le bon moment pour se voir mais nous n’avons pas encore une date précise », a confié le patron de la diplomatie béninoise. Le 19 janvier 2021, Patrice Talon, sur son initiative a rencontré le président Buhari à Abuja. Pour la circonstance, le premier magistrat du Bénin s’est fait logiquement accompagner d’une délégation composée notamment du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Aurélien Agbénonci, et celui de l’Economie et des finances, Romuald Wadagni. Au Nigéria, la délégation béninoise a été accueillie par le ministre Nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama à l’aéroport international Nmamdi Azikiwe. Première étape, Patrice Talon et sa suite se sont rendus à l’Aso Villa, pour une rencontre avec les ministres et certains conseillers du gouvernement Nigérian. Au Nigéria, le Bénin a soumis un projet d’accord au grand voisin. Cet accord a prévu que des douaniers et policiers nigérians seront stationnés au Bénin, notamment au Port autonome de Cotonou (Pac), afin d’y faire les contrôles nécessaires sur les marchandises destinées à être convoyées vers le Nigeria. Une proposition qui a reçu l’assentiment des autorités Nigérianes. Pour une mise en œuvre efficace, un groupe de travail a été mis sur pied entre les autorités des deux pays pour régler les questions réglementaires devant permettre la mise en place de ce système. L’objectif est qu’il soit effectivement mis en place au plus tard le 1er juin 2021.
Le point officiel de la rencontre des deux chefs d’Etat
Le communiqué officiel du gouvernement du premier pays producteur de l’or noir en Afrique précise que : « Le président Muhammadu Buhari, jeudi à Abuja, a souligné l’importance de la paix dans la République du Bénin voisin. S’exprimant devant le président de la République du Bénin, Patrice Talon, à la State House, le dirigeant nigérian a souligné l’impératif de bon voisinage tout en promettant le soutien du Nigéria aux efforts visant à rétablir la stabilité politique chez son voisin occidental. Le président Talon, venu féliciter le président Buhari pour sa réélection et son investiture réussie, a également informé le dirigeant nigérian de la situation politique actuelle dans son pays. ». Au cours de l’audience, le président Nigérian a réaffirmé sa bonne foi au gouvernement Talon. Selon les points faits, il a dit n’être pas opposé au transit de marchandises avant de s’engager à ce que ces échanges commerciaux soient de nouveau possibles dans les meilleurs délais. A l’analyse ces déclarations sont venues éclairer sa position lors de la fermeture unilatérale en 2019. « Le bon voisinage est très important dans nos vies. La survie de votre voisin est également la vôtre, et nous continuerons à travailler avec nos voisins à la lumière de cette compréhension ». C’était l’essentiel des propos du président Buhari rapportés par Femi Adesina, son Conseiller spécial. Suite à cette audience d’Abuja, l’on comprend que pour le président nigérian, le bon voisinage fait partie des questions sur lesquelles ils doivent continuer à s’engager, pour le bien des pays et de la population. « Toutes les irritations qui surgissent doivent être levées », a insisté Femi Adesina tout en rappelant l’une des priorités du Président Nigérian à sa prise de fonction en 2015 qui est de forger une compréhension commune sur des questions cruciales, notamment la sécurité, le commerce et le développement, avec les pays voisins à savoir : le Tchad, le Niger, le Cameroun et le Bénin.
Toujours dans la perspective d’un bon voisinage, pendant que la délégation béninoise est en visite dans la capitale Nigériane, le directeur général des douanes béninoises et ses équipes ont profité pour se rendre à la frontière de Sèmè-Krakè. L’objectif de cette descente avec l’immigration et les douanes nigérianes a été d’inspecter les sites de dépotage des conteneurs.
L’avis de Ngozi Okonjo-Iweala sur la fermeture
Le 28 janvier 2022 à Paris, Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Omc depuis mars 2021, celle que le Bénin a soutenu en annulant sa candidature a fait une analyse de la fermeture de la frontière par le Nigéria devant des personnalités réunies lors d’un évènement organisé par Jeune Afrique, The Africa Report et Concerto. Le média organisateur de la cérémonie indique que la Directrice de l’Organissation mondiale du commerce (Omc) a défendu en substance que le Nigeria ne pratique pas un nationalisme économique de pacotille. « Selon, les règles de l’union douanière de la Cedeao, un produit fabriqué dans un pays membre peut circuler librement dans les autres pays de la zone. Mais ce qui s’est passé, et je l’ai vu moi-même, c’est que certaines marchandises étaient importées dans des pays [tels que le Bénin], puis réempaquetées comme si elles étaient produites localement, avant d’être ensuite envoyées vers d’autres pays [le Nigeria] où elles sont vendues moins cher que les produits locaux, » a-t-elle expliqué. « Ce n’était pas correct, c’était une atteinte à la concurrence….Je connais donc les raisons pour lesquelles les autorités nigérianes avaient pris cette décision », a-déclaré l’ancienne numéro deux de la Banque mondiale avant de préciser qu’elle n’était pas « favorable à la fermeture des frontières qu’elle juge « trop brutale ». Pour Ngozi Okonjo-Iweala, selon Jeune Afrique, il est indispensable de trouver de meilleurs instruments pour régler ce type de problème. « Par exemple, à l’époque où j’étais ministre des Finances, a-t-elle rappelé, le président Obasanjo avait demandé que nous organisions une inspection en République du Bénin pour vérifier si les usines locales produisaient réellement certains des textiles qui arrivaient chez nous. Ce que nous avions commencé à faire », a-t-elle raconté. Cependant depuis que les relations commerciales ont repris, chacun des pays tient son engagement pour que les populations saluent la bonne entente et prie que cette crise ne se reproduise.
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