D’importants progrès ont été enregistrés en matière de couverture sanitaire universelle au Bénin. Le gouvernement continue de faire des efforts pour l’accès des services de santé essentiels à tous.
La couverture sanitaire universelle (Csu) est un système qui permet à chaque personne d’avoir accès aux services de santé de qualité dont elle a besoin, sans subir de difficultés financières Au moins la moitié de la population mondiale ne bénéficie pas actuellement d’une couverture complète des services de santé essentiels. Au Bénin, des efforts sont consentis par les gouvernants pour l’effectivité de la Csu. La couverture sanitaire universelle (Csu) est un engagement politique ancré dans la conviction que le meilleur état de santé physique et mentale possible est un droit humain fondamental et que chacun doit avoir accès à des services de santé essentiels de qualité sans subir de difficultés financières. La Csu s’appuie sur les régimes de soins de santé primaires des pays et entend fournir à toute la population des services de santé complets et de haute qualité tout au long de la vie et dans tout le continuum de soins, y compris la promotion de la santé, la prévention, le dépistage, la gestion, la réadaptation et les services de soins palliatifs. Elle veille également à protéger les individus contre les dépenses élevées et accorde la priorité aux communautés défavorisées. Les soins de santé primaires (Ssp) sont considérés comme le moteur de la Csu, car ils émancipent les communautés, encouragent la responsabilité sociale et l’action multisectorielle, et permettent l’intégration des services de santé et de solutions numériques innovantes.
Engagements politiques en faveur de la santé pour tous
En septembre 2023 s’est tenue la deuxième Réunion de haut niveau (Rhn) des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle (Csu), une opportunité majeure pour faire progresser la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (Mnt), ainsi que d’autres priorités de santé. Ce sera également l’occasion de faire le point sur les progrès accomplis depuis la première Rhn sur la Csu en 2019 et d’identifier les domaines pour faire progresser la politique de Csu en vue d’atteindre les objectifs de santé. Il s’agit tout particulièrement de l’Objectif de développement durable (Odd) 3.8 qui vise à « faire en sorte que chacun bénéficie d’une couverture santé universelle, comprenant une protection contre les risques financiers et donnant accès à des services de santé essentiels de qualité et à des médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et d’un coût abordable. » En 2019, les dirigeants mondiaux ont signé la première Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle, dans laquelle ils se sont engagés à fournir progressivement à un milliard de personnes supplémentaires d’ici 2023 des services de santé essentiels de qualité et des médicaments essentiels à un prix abordable. Ils se sont également engagés à stopper et inverser la tendance à la hausse des dépenses de santé à la charge des patients, qui constitue une situation catastrophique, et à éliminer la paupérisation due à ces dernières d’ici 2030. Malgré ces engagements politiques, la Csu n’a pas encore été pleinement réalisée. Environ la moitié de la population mondiale n’a pas accès aux services de santé essentiels et 100 millions de personnes tombent chaque année dans l’extrême pauvreté en raison des dépenses de santé à leur charge. Et, selon les objectifs fixés en 2019, 710 millions de personnes restent encore à atteindre d’ici 2030.
Des progrès importants au Bénin
Le Bénin a engagé des actions et réformes pour renforcer les systèmes de santé, l’offre des services et améliorer l’état de santé des populations. Autant de progrès rappelés récemment par les ministres en charge de la Santé et des Affaires sociales lors d’une sortie en novembre dernier, en prélude aux manifestations entrant dans le cadre de la journée internationale de la Csu célébrée le 12 décembre. Au Bénin, la Couverture sanitaire universelle (Csu) est au cœur des efforts du gouvernement pour renforcer les systèmes de santé, l’offre des services et améliorer l’état de santé des populations. Le gouvernement y met un point d’honneur à telle enseigne que la Csu est même devenue indispensable, soutient le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin. Les raisons, ce sont entre autres l’allocation insuffisante de ressources pour la santé, le faible niveau des dépenses domestiques de santé, le niveau élevé des dépenses directes des ménages, des dépenses en santé inefficientes et non équitables, une forte dépendance du financement de la santé de l’aide extérieure et l’insuffisance de financement des priorités.
Face à un tel tableau, le Bénin a fait des efforts depuis avril 2016 pour faire de la santé « une dimension essentielle du bien-être de la population et un facteur clé de sa productivité ». Le gouvernement a engagé de profondes réformes visant à réorganiser le système sanitaire et à garantir aux populations une large couverture en soins de santé de meilleure qualité, explique le ministre. Dans le domaine législatif, trois lois majeures ont été initiées pour améliorer la gouvernance du système sanitaire. Il s’agit de la loi sur la protection de la santé des personnes, celle réglementant l’activité pharmaceutique et la loi sur l’exercice de la médecine en clientèle privée.
Pour renforcer le management et le leadership dans le système de santé, plusieurs organes ont été mis en place notamment le Conseil national des soins de santé primaires et le Conseil national de la médecine hospitalière. A ces organes s’ajoutent l’Agence nationale des soins de santé primaires, l’Agence béninoise du médicament et des autres produits de santé, l’Agence nationale de contrôle de qualité des produits de santé et de l’eau et l’Agence des infrastructures sanitaires, des équipements et de la maintenance. L’engagement du gouvernement pour la Csu a aussi pris en compte l’assainissement de l’exercice en clientèle privée des professions médicales ou paramédicales. En dehors de l’interdiction faite aux agents publics d’y exercer, il faut ajouter la fermeture de plus de 1 300 établissements sanitaires illégaux. « Ces réformes touchent chacune des trois dimensions de la couverture sanitaire universelle et visent à assurer aux populations un accès effectif et équitable aux soins de santé », insiste le ministre.
Investir dans la santé…
Pour la ministre des Affaires sociales, Véronique Tognifodé, le gouvernement « a pris dès le départ la mesure et l’importance d’investir dans la santé de la population et particulièrement des personnes vulnérables ». Il a mis en place, soutient-elle, l’Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch) dont le volet principal est d’assurer les soins de santé primaires gratuitement aux personnes pauvres. Sur cet autre chantier, l’Exécutif a, avant toutes choses, procédé à l’indentification des pauvres extrêmes « afin d’apprécier la portée et les besoins de sa cible ». Ce recensement, renseigne-t-elle, indique environ 1 200 000 individus pauvres extrêmes. En août 2019, une phase pilote a permis de tester le dispositif et a couvert trois zones sanitaires avec une évaluation après deux ans. « Dès l’année 2021, le gouvernement, se basant sur les bons résultats obtenus au cours de la phase pilote, a démarré la généralisation qui, à ce jour, a permis de distribuer 889 000 cartes biométriques dans les 77 communes du Bénin », illustre la ministre. Au cours de cette même phase, 5 000 lecteurs d’empreintes ont été acquis et environ 3 000 agents de santé ont été formés à leur utilisation.
Côté finances, ce sont aussi de colossaux moyens qui ont été engagés, révèle-t-elle. Par exemple, l’implémentation du processus aura coûté environ dix milliards F Cfa, soit trois milliards pour l’identification des pauvres extrêmes, un milliard pour l’établissement de cartes biométriques et déploiement et plus de cinq milliards pour les prestations et services incluant les césariennes gratuites et autres prestations de santé. Autant de moyens engagés parce que « le gouvernement tient à atteindre la Csu qui permettra à tout Béninois travaillant, y compris dans le secteur informel, d’avoir un accès aux soins de santé de qualité », selon Véronique Tognifodé. Des détails complémentaires sur cet engagement sont aussi rappelés par le ministre de la Santé pour qui, tout est en train d’être mis en place pour « un mécanisme d’assurance maladie obligatoire » pour l’accès aux soins de santé de qualité. Le panier de base de l’assurance maladie obligatoire contient non seulement l’ensemble des affections aiguës courantes, mais aussi les soins d’urgence et de réanimation, les interventions chirurgicales et les traumatismes. Sur le plan des équipements, un état des lieux a été fait et un vaste plan de renforcement et de modernisation des équipements des hôpitaux et centres de santé se déploie actuellement.
Sergino Lokossou