Le processus de renaissance et de consolidation du secteur agricole béninois se poursuit grâce à la politique du gouvernement visant à créer un écosystème favorable au développement du secteur. C’est dans cette vision que l’Exécutif a décidé, à l’issue du Conseil des ministres du mercredi 25 janvier 2023, de la prise de participation de l’Etat du Bénin au capital social de la Société de développement et d’agrégation des productions agricoles.
Il convient de souligner que ce sont les bonnes performances de la production du riz, année après année, qui ont conduit à cette décision pour consolider les acquis et engranger de meilleurs résultats. La Société de développement et d’agrégation des productions agricoles est notamment chargée entre autres, d’assurer la collecte et l’agrégation du riz paddy et aussi de toutes opérations de manutention, stockage/entreposage et transaction ainsi que l’exportation du surplus de production non transformée localement. Cette décision se justifie par la pertinence du postulat du gouvernement selon lequel le Bénin gagnerait à organiser la transformation sur place de ces productions pour, notamment créer de la valeur ajoutée, développer des chaînes de valeur du soja, ce qui ne serait pas possible avec l’exportation des noix brutes ou du soja grain. A travers cette prise de participation de l’Etat qui est à hauteur de 30%, l’Exécutif entend aller vers une meilleure structuration de cette activité de transformation du riz paddy. Pour ce faire, il faut au préalable un bon mécanisme de collecte et de vente de la production. Cette implication de l’Etat va inéluctablement contribuer à la transformation structurelle de l’économie béninoise et donc au renforcement du tissu industriel du pays.
Vers une transformation plus accrue
La Zone de développement industriel de Glo-Djigbé qui commence à attirer beaucoup d’investisseurs, a également pour vocation d’assurer la transformation de produits agricoles. Pour mieux comprendre le bien-fondé de la création de la Société, il faut faire remarquer que certaines cultures, contrairement au coton, ne sont pas encore des filières à proprement parler et que leur niveau d’organisation actuelle ne permet pas d’accélérer leur développement pendant que leur production connaît une tendance haussière continue. Par ailleurs, une forte proportion de la production de ces cultures, par exemple, 65% de la production de riz paddy, est exportée de façon informelle vers les pays limitrophes. Ces dispositions du gouvernement sont nécessaires et préalables à la mise en œuvre sans accrocs de la mesure qui entre en vigueur le 1er avril 2024. Dans la perspective d’une transformation plus accrue, il s’avère nécessaire de promouvoir des chaînes d’approvisionnement sécurisées au profit des industriels, à travers un mécanisme transparent et équitable de collecte et de distribution du riz paddy. Parvenir à un tel dispositif nécessite d’importants moyens financiers et une ingénierie que l’Etat, à lui seul, ne saurait mobiliser sans pénaliser d’autres secteurs non moins importants. L’Etat, en prenant une participation au capital de cette nouvelle société, va contribuer à créer davantage de valeur pour le riz et peut-être plus tard pour d’autres filières et induire une meilleure structuration. Toute chose qui devrait profiter aux acteurs du secteur dont les producteurs.
Des avantages certains
Les avantages de la création de cette Société de développement et d’agrégation des productions agricoles pour chaque acteur de la chaîne sont évidents. En effet, elle constitue une avancée notable pour les producteurs en ce qu’elle va contribuer à l’amélioration de la productivité, la garantie d’un prix de vente convenable et stable, l’amélioration des revenus des producteurs et une meilleure visibilité sur les conditions d’achat, l’accès aux opportunités de financement et aux services publics tels que la couverture sociale, les services de proximité, la formation, etc. En ce qui concerne les industriels, les bénéfices attendus incluent la sécurisation de l’approvisionnement en matières premières de qualité et le développement des activités d’agro-transformation, générant une plus grande valeur ajoutée. Pour l’Etat, il s’agit d’améliorer la balance commerciale grâce à une meilleure valorisation des exportations et une substitution à certaines importations. Maîtriser la traçabilité des flux, renforcer la sécurité alimentaire du Bénin et renforcer son indépendance stratégique puis créer des emplois aussi bien le long des chaînes de valeurs agricoles que dans les services de logistique sont d’autres retombées de cette initiative. En somme, c’est l’organisation et le développement de l’agriculture béninoise qui prennent une nouvelle dimension.
Abdourhamane Touré