La cybercriminalité est un phénomène désormais connu de tous au Bénin. Le phénomène inquiète plus d’un notamment les pouvoirs publics qui mettent tout en œuvre à travers l’Office central de répression de la cybercriminalité (Ocrc) pour le circonscrire. Le professeur Dodji Amouzouvi, socio-anthropologue, pense que les facteurs de l’enracinement de la cybercriminalité au Bénin se trouvent dans la société avec à la clé, l’ouverture sur le monde. Il l’a fait savoir lors d’une interview accordée à un quotidien de la place dans laquelle, il a évoqué les origines et les implications du phénomène au Bénin.
Le socio-anthropologue Dodji Amouzouvi pense que les facteurs de l’enracinement de la cybercriminalité au Bénin se trouvent dans la société avec à la clé l’ouverture sur le monde. Selon ses dires, l’ouverture sur le monde est la clé de l’enracinement de la cybercriminalité occasionnant des dysfonctionnements dans la société d’aujourd’hui. « La clé, c’est dans tout ce que j’ai évoqué : l’ouverture du monde. La clé, c’est d’abord dans le fonctionnement de notre société. Comment fonctionne notre société aujourd’hui ? Je vous ai parlé du dysfonctionnement de nos institutions sociales. Qui est le père de famille aujourd’hui? Maintenant où on devient précocement parent, quelle est l’institution familiale aujourd’hui? Une famille à responsabilité limitée. L’institution école, c’est quoi aujourd’hui ? Elle forme à quoi ? Quel est le profil qui sort de notre système éducatif ? Nos institutions judiciaires, économiques, nos institutions de socialisation, que sont-elles devenues aujourd’hui ? Est-ce que chacun à son niveau, joue le rôle qu’il doit jouer ? Lorsqu’on reviendra à ces fondamentaux, on aura fait un pas en avant, on aura comblé un peu ou dessouché un peu les racines. Un deuxième pas, ça va être qui sont ceux qui s’adonnent et on trouvera qu’il y a plusieurs catégories de personnes qui s’adonnent à cette pratique condamnable. Il y a des gens qui sont bien instruits, calés, qui maîtrisent l’informatique. Mais la maîtrise du numérique aujourd’hui est une chose fantastique mais pourquoi le mettre au service de la cybercriminalité ? Pourquoi ne pas le mettre au service de e-learning, e-services au service d’un crime ? La question est là. Une fois encore, les facteurs de l’enracinement sont dans la société, se retrouvent au niveau du fonctionnement ou du dysfonctionnement de notre société. C’est à ce niveau qu’il faut aller les chercher », a-t-il expliqué.
La cybercriminalité en chiffres au Bénin de janvier à fin mai 2023
Il convient de préciser que les autorités judiciaires et sécuritaires béninoises continuent sans relâche la lutte contre la cybercriminalité au Bénin. Selon les derniers chiffres révélés par le directeur de l’Office central de répression de la cybercriminalité (Ocrc), Donatien Sokou, 623 personnes ont été arrêtées et plus de 34 véhicules ont été saisis en moins de six mois au Bénin de janvier à fin mai 2023. Dans le lot des personnes interpellées, figurent 39 femmes. Selon Donatien Sokou, les personnes arrêtées ont causé un préjudice évalué à plus de 741 millions de francs Cfa. En ce qui concerne les numéraires saisis, le patron de l’Ocrc a indiqué qu’ils sont évalués à plus de 89 millions de FCfa. « Nous avons pu mettre la main sur 57 motos et 34 véhicules», a-t-il révélé. A l’entendre, ces chiffres ont été obtenus sur une durée d’opération de cinq mois en 2023, soit du 1er janvier au 31 mai 2023. Ces chiffres sont nettement en hausse par rapport à 2022, a-t-il précisé. « En 2022, nous avons pu interpeller 728 personnes dont 24 femmes », a informé l’officier supérieur de la Police républicaine.
Léonce Adjévi