L’année 2023 a été particulièrement marquée au Bénin par deux drames d’envergure. Retour sur les tragédies de Dassa-Zoumé et de Sèmè-Kraké qui ont endeuillé tout un pays.
L’année qui tire vers sa fin a connu son lot de malheurs pour le Bénin, car des drames ont mis le pays dans l’émoi et de nombreuses familles dans le deuil. Le souvenir douloureux le plus récent est celui de l’incendie survenu dans un entrepôt d’essence de contrebande à Sèmè-Kraké, dans la Commune de Sèmè-Podji. Il a enfumé une trentaine de vies. Mais avant cet épisode infernal, c’est la ville de Dassa-Zoumè qui a été le théâtre du premier drame de l’année, le dimanche 29 janvier 2023. Il s’agit de l’accident meurtrier suivi de feu suite à une collision entre un autobus de transport en commun de la compagnie Baobab express et un camion. Le bilan humain présenté par l’Exécutif au Parlement, suite à la question d’actualité sans débat adressée au gouvernement par le député Kamel Abdel Ouassangari du groupe parlementaire ‘’Les démocrates’’ fait état de 29 décès dont 20 personnes décédées calcinées sur les lieux ; une personne décédée sur le trajet Dassa-Zoumè-Cotonou au cours de l’évacuation et 08 personnes décédées au Cnhu-Hkm en soins intensifs et de réanimation.

Les mesures urgentes prises par le gouvernement

Le gouvernement, après avoir exprimé sa compassion à l’endroit de toute la Nation et présenté ses vives condoléances à toutes les familles éplorées, a mis en place de trois cellules de crise respectivement à Cotonou, Parakou et à Dassa-Zoumè aux fins d’assister les familles affectées et leur apporter les informations appropriées ainsi qu’un soutien psychologique. Le ministre de la Santé et le ministre chargé de la Justice, ont été instruits aux fins de déterminer, par des tests d’Adn, l’identité des personnes décédées dont les corps sont méconnaissables afin de permettre aux familles de faire leur deuil. Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a été également instruit pour intensifier, par la Police républicaine, les contrôles routiers avec des moyens adéquats ; notamment des caméras dédiées assorties de microphone. Enfin, le garde des sceaux, ministre de la Justice et de la législation, a été commis, pour engager les poursuites appropriées à l’issue des enquêtes diligentées. Mais avant, dès les premiers instants après le drame, des ministres du gouvernement ont été dépêchés sur le terrain aux fins de porter une assistante sans faille aux victimes. Ainsi, grâce à la promptitude des services concernés, tous les blessés sont pris en charge dans les centres de santé de référence dont : le Centre national hospitalier et universitaire Hubert K. Maga (Cnhu-Hkm). Leurs soins se sont déroulés dans les meilleures conditions et ont été entièrement pris en charge par le gouvernement. Le ministre des Infrastructures et des transports et le ministre de l’Intérieur et de la sécurité se sont portés sur les lieux du drame pour les constats d’usage. Le Conseil des ministres du 1er février 2023 a également souligné la nécessité de renforcer les mesures de sécurité routière et d’accélérer les réformes en cours dans le sous-secteur du transport routier, notamment la professionnalisation du métier de transporteur ; la règlementation sur la qualité du parc automobile avec des véhicules répondant aux normes ; la transmission à l’Assemblée nationale, du projet du nouveau Code déjà examiné par le gouvernement et l’adoption prochaine de la politique nationale de sécurité routière. Tirant leçon de ce drame, sans omettre les cas d’accidents mortels de plus en plus récurrents sur les routes, et pour éviter à l’avenir la résurgence de pareilles situations, le gouvernement entend donc prendre des mesures radicales pour combattre le mal et en appelle à la prise de conscience des populations afin que les règles du Code de la route soient strictement respectées.
Sèmè-Kraké: Le diktat du kpayo

L’autre drame qui a marqué l’année 2023 au Bénin est l’incendie meurtrier d’un dépôt d’essence de contrebande à Sèmè Kraké près de la frontière avec le Nigéria le samedi 23 septembre 2023, dans lequel 36 personnes ont perdu la vie. Alors que le drame a plongé tout le pays dans l’émoi, le gouvernement a pris des mesures urgentes pour prévenir de tels drames à l’avenir. Il s’agit d’une assistance psychosociale, l’ouverture d’une enquête par le procureur de la République près le Tribunal de Porto-Novo et le point des dépôts d’essence de contrebande. En effet, quelques heures après le drame, plusieurs membres du gouvernement se sont rendus sur les lieux de l’incendie pour constater les dégâts. La délégation gouvernementale était conduite par le ministre d’Etat chargé de l’économie et des finances, Romuald Wadagni, son homologue de la Santé Benjamin Hounkpatin et Véronique Tognifodé, ministre des Affaires sociales et de la microfinance. « Dès que les patients ont été transférés au Cnhu, nos assistants sociaux s’organisent, parallèlement à la prise en charge sanitaire, pour apporter une assistance psychologique aux rescapés et aux familles des victimes. Car, en de pareilles circonstances, ces drames occasionnent un traumatisme pour ceux qui sont conscients et également aux familles. En plus de cela, nous réfléchissons à la mise en place d’une cellule d’écoute, soit à Sèmè ou à Cotonou pour recueillir les informations précises sur les victimes et leurs familles », a indiqué Véronique Tognifodé. Le ministre de la Santé a, à la suite de sa collègue des Affaires sociales annoncé la prise en charge par le gouvernement de la vingtaine de rescapés de l’incendie. Une cellule de crise a été également mise en place aux fins de renseigner les parents des victimes, recueillir les informations permettant d’établir la cause exacte de l’incendie, de déterminer toute responsabilité criminelle éventuelle, et de garantir que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles. Des dispositions ont été mises en place pour assurer la prise en charge et le respect des protocoles d’identification des victimes. Parallèlement à ces mesures, le gouvernement a ordonné le recensement des entrepôts d’essence. Cette démarche, renseigne une note du ministre de la Décentralisation et de la gouvernance locale adressée aux préfets est préventive pour “éviter la survenue de pareille situation dans d’autres localités. Le drame de Sèmè-Kraké a aussi permis d’accélérer les réformes dans le secteur de la commercialisation de l’essence de contrebande. Dans la foulée, Romuald Wadagni, ministre d’Etat, chargé de l’économie et des finances a annoncé que l’année dernière le Bénin a commandé des milliers de mini-stations-services destinées à la distribution de proximité du carburant. « 2000 sont arrivées depuis le mois de juin 2023 et d’ici 2024, partout dans le pays, nous aurons ces mini-stations pour permettre à ces acteurs qui restent dans l’activité de vente de ce carburant de le faire dans les conditions de sécurité totale. En vue de concrétiser cette volonté, Romuald Wadagni a rencontré, lundi 25 septembre 2023, les acteurs du commerce de l’essence de contrebande au Bénin.
Emplois décents
Le déploiement de mini stations-services, selon Romuald Wadagni, constitue seulement une partie de la solution. La réinsertion ou la reconversion des acteurs est également envisagée dans d’autres secteurs d’activité à travers des emplois décents. Romuald Wadagni a révélé que le gouvernement pilote un programme ambitieux qui permet de former ces vendeurs et de les transformer en acteurs économiques d’un métier décent. Outre ces tragédies, ce sont aussi les fleuves qui ont sévi. On y a également dénombré des dizaines de décès par noyade et aussi des naufrages du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest.

Odi I. Aîtchédji