Le parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) peine à oublier son cuisant échec aux dernières élections législatives. Paul Hounkpè et les siens ne cessent, à chacune de leurs sorties, de trouver des arguments fallacieux pour justifier leur débâcle.
Les leaders du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) n’ont visiblement pas digéré leur piètre performance aux élections législatives du 8 janvier 2023. De l’argumentaire constant du parti, les causes de l’échec sont à rechercher ailleurs. Le parti dans son diagnostic des résultats qu’il a enregistrés aux élections, pointe un doigt accusateur sur les partis de la mouvance. C’est du moins ce qu’a soutenu le secrétaire exécutif national (Sen) du parti au cours d’une sortie médiatique début avril 2023. En effet, au détour d’un entretien qu’il a accordé à une radio privée de la place, Paul Hounkpè a justifié en grande partie l’échec de son parti aux dernières législatives, par les agissements de la mouvance et de certains opposants. A l’en croire, les mauvais résultats enregistrés par la Fcbe sont la conséquence des assauts subis par le parti de la part de la mouvance. Il pointe également un doigt accusateur sur ses anciens camarades devenus membres du parti Les démocrates. Il a notamment indexé l’ancien chef de l’Etat Boni Yayi qu’il a taxé d’avoir œuvré à la déconfiture du parti. « Il a été vraiment décidé de disloquer et de détruire notre parti, ce qui a conduit à la démission de plusieurs conseillers communaux. C’est dans cette ambiance que nous sommes allés aux élections. La Fcbe était dans le champ de mire de toutes les forces de la mouvance et de nos camarades de l’opposition », s’est plaint le premier responsable de la Fcbe qui estime que les 4,42% (Ndlr: résultats proclamés par la Céna et la Cour constitutionnelle) ne reflètent pas le poids réel du parti. Comme s’il était en phase avec le premier responsable du parti, le conseiller politique de la Fcbe Alain Adihou, a révélé au cours d’une émission le dimanche 7 mai 2023, les montants exposés par les trois grandes formations politiques ayant réussi à arracher des sièges, aux Législatives. D’après les chiffres rendus publics par le parti, le Bloc républicain (Br) a déboursé 1 928 226 716 de FCfa. A sa suite, on retrouve l’Union progressiste Le renouveau (Up Le renouveau) avec 1 763 685 142 de FCfa de dépenses. Le parti Les Démocrates ferme la marche avec 1 011 847 226 de FCfa engloutis. En dévoilant ces chiffres, l’ancien ministre chargé des relations avec les institutions de feu Mathieu Kérékou a semblé insinuer que les trois partis qui ont réussi à arracher des sièges pour le compte de la 9ème Législature ont dû débourser plus du milliard.
Des arguments cousus de fil blanc
En passant au scanner de l’analyse, les raisons évoquées par le parti Fcbe pour justifier son mauvais résultat aux dernières joutes électorales, il est aisé de relever qu’elles manquent cruellement de pertinence. Sur le motif tiré des éventuels coups reçus, Paul Hounkpè et les siens ne sont pas censé ignorer que la politique reste un rapport de forces et que chaque chapelle s’emploie à étendre son hégémonie. Il appartenait au parti de trouver la formule pour éviter que la saignée ne soit prononcée au point d’affecter l’ancrage du parti. Au demeurant, certains conseillers qui ont fait défection, ont de sérieux griefs contre le management du parti par les responsables, Paul Hounkpè en premier. Dans ce cas, pointer un doigt accusateur sur les autres formations politiques apparaît comme une parade pour maquiller les réels problèmes du parti. Sur le motif tiré du fait que c’est les partis les plus dépensiers qui ont réussi à arracher des sièges, il convient de relever que cet alibi ne tient pas non plus. S’il est vrai que les deux partis de la mouvance présidentielle (Up le renouveau et le Bloc républicain) ont à priori, assez de marges de manœuvres en raison de certains avantages tirés de leur statut, cette raison ne tient pas pour le parti Les démocrates. Contrairement à la Fcbe et aux deux grands parti de la majorité présidentielle, cette formation politique n’a pas bénéficié depuis le vote de la loi, du financement public. Sans contester les chiffres dévoilés, on pourrait toutefois demander ce que le parti de Paul Hounkpè a fait de son financement même si la destination première des fonds n’est pas de couvrir les dépenses liées à la campagne électorale. A moins de prétendre que la campagne électorale pourrait se faire sans financement, Alain Adihou devra trouver un motif plus valable pour justifier la contre-performance de son parti.
Abdourhamane Touré