Femme au charisme indéniable et à la détermination inébranlable, Chantal Adjovi est députée élue à la faveur des Législatives du 8 janvier 2023 dans la 16ème circonscription électorale. Ancienne responsable des affaires féminines du Littoral du parti Fcbe, elle est membre fondatrice du parti Les démocrates. Dans une interview exclusive accordée à Le Matinal, Chantal Adjovi décrit son parcours politique et donne son avis sur le thème l’édition 2024 de la Journée internationale de la femme.
Le Matinal : Qu’est-ce qui vous a motivé à venir en politique ?
Chantal Adjovi : Ma motivation pour entrer en politique découle de ma conviction profonde envers le service public et le désir de contribuer positivement à la société. Je crois fermement en l’importance de représenter les intérêts de la communauté, de défendre les valeurs démocratiques et de travailler pour un avenir meilleur pour tous.
Décrivez-nous un peu votre parcours politique ?
J’ai commencé mon parcours politique en 1984 aux côtés du président Mathieu Kérékou. Cependant, lors de l’arrivée du président Soglo, je me suis retirée de la scène politique pendant un certain temps. J’y suis revenue lorsque le président Kérékou est revenu au pouvoir en 1996. En 2006, avec l’arrivée du président Thomas Boni Yayi, j’ai joué un rôle important dans la gestion du mouvement des femmes d’accueil des hôtes à l’aéroport. J’ai également occupé le poste de responsable de la 16ème Circonscription électorale au sein du même mouvement. J’ai été élue responsable des affaires féminines du Littoral de la Fcbe et membre du parti Les Démocrates depuis sa création. Enfin, j’ai été élue députée le 8 janvier 2023 et je suis membre du Caucus des femmes parlementaires.
Vous avez sûrement rencontré des défis en tant que femme dans le domaine politique. Parlez-nous-en.
En tant que femme engagée en politique, j’ai été confrontée à plusieurs défis, notamment la sous-représentation des femmes dans les sphères de pouvoir, les stéréotypes de genre persistants et parfois les préjugés qui peuvent exister dans ce domaine. Cependant, j’ai choisi de considérer ces défis comme des opportunités de promouvoir l’égalité, de défendre les droits des femmes et de montrer la force et la capacité des femmes à exercer un leadership efficace.
Il y a-t-il un évènement qui vous a marqué en politique ?
Oui. L’un des événements politiques qui m’a le plus marqué depuis mes débuts est la mise en place d’une réforme sociale majeure, visant à améliorer l’accès aux soins de santé pour toutes les femmes enceintes sous le régime du président Thomas Boni Yayi. Cette réforme était essentielle pour garantir l’équité et la justice dans notre société. Elle a nécessité des mois de travail acharné, de négociations et de compromis, mais elle a finalement abouti à la création d’un système de santé plus équitable et accessible pour tous. Cet événement m’a inspiré et m’a rappelé l’importance de persévérer pour réaliser des changements significatifs au sein de notre pays.
Comment voyez-vous votre rôle en tant que femme députée dans la promotion du leadership féminin?
En tant que femme députée, je considère mon rôle comme essentiel dans la promotion du leadership féminin. Je m’efforce d’être un modèle positif pour les femmes et les filles, en les encourageant à poursuivre leurs aspirations et à prendre leur place dans tous les domaines, y compris la politique. Je travaille activement pour créer des opportunités équitables pour les femmes, pour défendre l’égalité des chances et pour lutter contre les discriminations basées sur le genre. En assumant mes responsabilités avec intégrité, compétence et compassion, je souhaite inspirer d’autres femmes à se lancer dans des rôles de leadership et à contribuer pleinement à la vie de la société.
Quelles actions spécifiques avez-vous entreprises pour promouvoir l’égalité des sexes et le leadership des femmes?
En tant que femme députée, je travaille activement à prendre des mesures telles que proposer des lois pour l’égalité des sexes, sensibiliser aux enjeux, promouvoir la représentation des femmes en politique et créer des réseaux de soutien pour renforcer le leadership féminin.
Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à surmonter pour parvenir à une meilleure représentativité des femmes en politique?
Pour atteindre une meilleure représentativité des femmes en politique, il est crucial de surmonter divers obstacles tels que la discrimination, le manque de soutien, la culture politique dominée par les hommes, la double charge mentale et le harcèlement politique. En surmontant ces défis, nous pouvons favoriser une participation plus équitable des femmes dans le domaine politique.
Des conseils à l’endroit des jeunes femmes qui souhaitent se lancer en politique ou dans d’autres domaines de leadership ?
Voici des conseils précieux pour les jeunes femmes qui aspirent à s’engager en politique ou à exercer des fonctions de leadership : investissez dans votre éducation et votre développement professionnel, établissez des relations solides, cultivez la confiance en vous-même, faites preuve d’engagement et de persévérance, et enfin, représentez et défendez les intérêts des autres, en particulier des groupes sous-représentés.
Pensez-vous que des mesures spécifiques, telles que des quotas de genre, sont nécessaires pour promouvoir une plus grande participation des femmes en politique?
La question de l’introduction de quotas de genre pour promouvoir une plus grande participation des femmes en politique est un sujet débattu avec passion. Certains soutiennent que les quotas sont nécessaires pour assurer une représentation équitable des femmes et lutter contre la discrimination systémique. D’autres estiment que la sélection devrait être basée sur le mérite et les compétences, sans recourir à des quotas. Pour ma part, je pense que la question des quotas de genre en politique est complexe et suscite des opinions divergentes. Il est essentiel d’examiner attentivement les avantages et les inconvénients de telles mesures, ainsi que de rechercher des approches holistiques pour promouvoir une participation équitable des femmes en politique.
Quel est, selon vous, le rôle des médias dans la promotion du leadership féminin, et comment pourraient-ils contribuer à un changement positif dans ce domaine?
Les médias ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion du leadership féminin. En accordant une visibilité équitable aux femmes leaders et en mettant en avant leurs réalisations et compétences, ils contribuent à déconstruire les stéréotypes de genre et à inspirer les femmes à aspirer à des postes de leadership. Une narration positive et diversifiée autour du leadership féminin permet de renforcer la légitimité des femmes leaders et encourager d’autres à suivre leur exemple. Il est crucial que les médias s’engagent à représenter les femmes dans tous les domaines, à reconnaître et corriger les biais de genre interne. En offrant des modèles inspirants et en racontant les histoires de femmes leaders qui ont surmonté les obstacles, les médias peuvent jouer un rôle déterminant dans la création d’un changement positif et dans la promotion de l’égalité des sexes dans le domaine du pouvoir et du leadership.
Quels sont vos objectifs à long terme en tant que défenseure de l’égalité des sexes et du leadership féminin?
En tant que défenseure de l’égalité des sexes et du leadership féminin, mes objectifs à long terme sont axés sur la sensibilisation, la promotion des opportunités, l’engagement politique, la collaboration et l’encouragement de la prochaine génération. Je m’efforce de sensibiliser le public sur l’importance de l’égalité des sexes, de promouvoir les opportunités d’avancement pour les femmes, de favoriser leur engagement politique, de collaborer avec d’autres acteurs et de soutenir la prochaine génération de femmes leaders.
Un mot sur le thème du 08 mars 2024 ?
Le thème du 8 mars 2024, « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme », met en avant l’impératif d’investir activement dans les femmes et la nécessité de prendre des mesures concrètes pour intensifier les progrès vers l’égalité des sexes. Il souligne la nécessité d’instaurer des changements significatifs et durables afin de bâtir un monde où les femmes bénéficient d’opportunités équitables et peuvent pleinement exploiter leur potentiel. Investir en faveur des femmes implique l’allocation de ressources, qu’elles soient financières ou autres, pour promouvoir l’autonomisation des femmes, leur éducation, leur bien-être, et leur participation tant sur le plan économique que politique, tout en supprimant les obstacles qui entravent leur progression. Accélérer le rythme exige une action déterminée et immédiate pour réduire les disparités entre les genres, encourager la diversité et l’inclusion, et favoriser la création d’environnements propices à l’épanouissement des femmes.
Propos recueillis par Estelle Vodounnou (Coll)