La rentrée gouvernementale s’est muée en une rentrée médiatique pour le ministre des Affaires étrangères. A peine rentré de la Chine où il a pris une part active dans la déclinaison de l’agenda officiel de la visite d’Etat de Patrice Talon dans ce pays, Olushégun Adjadi Bakari a été convié sur un plateau spécial, hier mercredi 6 septembre 2023. L’exercice médiatique a consisté pour le nouveau patron de la diplomatie béninoise à lever le voile sur la nouvelle dynamique de la diplomatie béninoise, à travers quatre thématiques.
Sa nomination à la tête de la diplomatie béninoise a été perçue comme une rupture d’avec le format classique de la mise en œuvre de la politique étrangère de l’Etat mais pour Olushegun Adjadi Bakari, il ne s’agit pas d’une rupture de paradigme, mais plutôt de franchir un nouveau palier. L’autorité ministérielle a notamment indiqué qu’il s’agit de faire en sorte que la diplomatie béninoise serve à améliorer le quotidien des Béninois. Ce qui passe par une série d’actions fortes notamment son arrimage vers les actions de développement, d’appui à la coopération, d’appui à la mobilisation des ressources financières, d’attraction des investissements directs étrangers. Il s’agit également d’une diplomatie d’influence et de présence du Bénin sur la scène sous régionale, continentale et internationale. L’autre volet non moins important qui va caractériser la nouvelle dynamique de la diplomatie béninoise est la consolidation du lien entre l’Etat béninois et les compatriotes de la diaspora, a confié Olushegun Adjadi Bakari.
Les 100 premiers jours pour appréhender les défis diplomatiques
Ayant pris officiellement fonction le 7 juin 2023, le nouveau chef de la diplomatie béninoise va boucler ses 100 premiers jours le 14 septembre prochain. Pour Olushegun Adjadi Bakari, l’heure n’est pas à la célébration même si sa mission a pratiquement démarré sur des chapeaux de roue. Ce fut selon les explications de l’homme, une période de prise d’adaptation avec l’environnement et d’appropriation des défis. « Ces 100 jours, je ne les ai pas vu passer…. Ils m’ont essentiellement permis de prendre mes marques, de découvrir les dossiers, la maison, d’être au sein d’une équipe et de contribuer à la réalisation des objectifs et de l’ambition du président de la République pour le Bénin », a-t-il souligné
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Le regain de coopération entre le Bénin et le Nigéria
La redynamisation de la coopération entre le Bénin et le Nigéria a été l’un des sujets phares de l’émission. Pour le patron de la diplomatie béninoise, le Bénin et le Nigéria entretiennent des liens séculaires qui se doivent d’être consolidés pour le bonheur de leurs peuples respectifs. « Le Bénin et le Nigéria sont des pays siamois », a notamment martelé, le ministre des Affaires étrangères. Olushegun Bakari souligne que les deux Etats partagent 800 km de frontières, les mêmes peuples et les mêmes langues. Autant de facteurs qui postulent pour la nécessité d’un rapprochement de la ligne Cotonou-Abuja qui s’est accéléré grâce à la volonté personnelle du chef de l’Etat, Patrice Talon et celle de son homologue, Bola Ahmed Tinubu. La présence du dirigeant nigérian, en qualité d’invité d’honneur, aux festivités marquant la célébration du 63ème anniversaire de l’accession du Bénin à l’indépendance, le 1er août dernier, constitue selon le ministre Bakari, le signe du réchauffement des relations entre les deux pays. Les quintes de toux et les moments d’incompréhension qui ont caractérisé les relations entre les deux pays sont désormais un lointain souvenir et les équipes des deux Etats, travailleront à mettre en œuvre, les actions prioritaires définies par les personnalités aux dires du ministre des Affaires étrangères.
Le Niger objet de grande préoccupation
Comme il fallait s’y attendre, la crise politique que vit le Niger depuis le malheureux coup d’Etat du 26 juillet dernier a été au menu de l’émission. Sur le sujet, le ministre des Affaires étrangères a fustigé la cabale contre le Bénin, malicieusement orchestrée par des esprits retors. « Il y a eu suffisamment de fausses informations depuis le début de cette crise, sur la position du Bénin », a déploré le ministre qui a expliqué la justesse du choix du Bénin, qui s’aligne sur la position de la Cédéao, une Communauté à laquelle il appartient. Il a réitéré que la position de l’organisation communautaire qui s’appuie sur trois principaux principes : la condamnation du coup d’Etat, le rétablissement de l’ordre constitutionnel et l’utilisation des moyens qui s’imposent pour faire rétablir l’ordre constitutionnel. Ce sont ces valeurs que défend également le Bénin au regard de son histoire. Depuis 1990, le pays a en effet opté pour la conquête du pouvoir par les urnes. Pour le ministre des Affaires étrangères, tous les Etats sont unanimes sur la condamnation des coups d’Etat. La Cédéao privilégie la diplomatie dans la recherche de solution à cette situation. C’est ce qui justifie toutes les missions dépêchées sur le terrain. Olushegun Bakari a par ailleurs indiqué que toutes les options restent sur la table de la Cédéao et qu’un pourrissement de la situation serait imputable aux putschistes. Poursuivant son développement, Olushegun Bakari a martelé que rien ne saurait opposer les peuples du Bénin à ceux du Niger. « Le peuple nigérien est un peuple frère du Bénin…. Nos populations sont les mêmes de part et d’autre des frontières, et nous n’avons absolument rien contre le peuple nigérien. Nous sommes condamnés à travailler ensemble. », a insisté le chef de la diplomatie béninoise.
La visite d’Etat de Talon en Chine
Le dernier segment de l’actualité abordé au cours du grand oral du patron de la diplomatie béninoise est la récente visite d’Etat du président de la République, Patrice Talon en Chine. Au total, treize accords ont été signés lors de cette visite au cours de laquelle les deux pays ont affiché leur ambition de renforcer l’axe Cotonou-Pékin. Le modèle chinois inspire plusieurs pays qui aspirent au développement. Au nombre des retombées de ce voyage, figure la suppression des visas aux Chinois. Sur la question, Olushegun Bakari a exposé la pertinence de cette décision du chef de l’Etat, qui selon lui, devrait booster le nombre de touristes chinois au Bénin. La Chine est le plus grand pourvoyeur de touristes au monde, avec plus de 200 millions de visiteurs dans les pays du monde. Cette décision selon le patron de la diplomatie béninoise, va permettre au Bénin de capter un nombre important de touristes chinois sur son territoire. Il y a également la question relative au développement de l’Afrique, où le président béninois a plaidé pour un changement de paradigme. Pour lui, l’aide qu’accordent les Nations développées aux pays africains, a révélé ses limites en ce qu’elle n’a véritablement pas permis d’impulser un réel essor aux pays bénéficiaires. D’où la nécessité d’y repenser et de la transformer en une aide à l’investissement direct étranger. Un discours empreint d’objectivité et de courage qui, pour la première fois de l’histoire du continent a été porté un tel niveau.
G.G




















