A Djakotomey, dans le département du Couffo, un bras de fer oppose le maire Bruno Fangnigbé au secrétaire exécutif, Wenceslas Lokonon Il au sujet de la nomination de la Personne responsable des marchés publics (Prmp) de la mairie. La tension est tellement forte que les deux personnalités sont obligées de s’affronter à distance et en silence. Elles ne s’accordent pas les violons sur les textes qui prescrivent cette nomination. D’après nos sources, le maire Bruno Fangnigbé serait prêt à saisir le président de la République afin de faire entendre raison au secrétaire exécutif au sujet de cette nomination.
Le torchon brûle entre maire de Djakotomey, Bruno Fangnigbé et le secrétaire exécutif, Wenceslas Lokonon. Selon les informations, le secrétaire exécutif a voulu remplacer la Personne responsable des marchés publics (Prmp) de la mairie, pour un motif que le maire Bruno Fangnigbé dit ignorer. Nos sources indiquent que le maire, bien que ne connaissant pas les raisons qui sous-tendent cette nomination, s’oppose au choix du secrétaire exécutif au motif que le cadre pressenti au poste serait de moralité douteuse. Des proches du maire rapportent que ledit cadre est un ancien collaborateur du maire avec qui, il n’avait pas eu de très bons rapports. L’autorité communale lui reprocherait certaines attitudes non évoquées par nos sources. Mieux, des élus auraient estimé que ce dernier venait de passer service en tant que secrétaire général et qu’il ne serait plus opportun de le désigner Prmp. Outre le maire, on apprend qu’il y a également ses adjoints et une frange du Conseil de supervision qui sont vent debout contre le choix et la méthode du secrétaire exécutif.
Or, l’article 133 de la loi N°2021-14 du 21 décembre 2021 portant Code de l’administration territoriale en République du Bénin dispose que « Sauf pour les fonctions inscrites au fichier national des principales fonctions administratives des mairies, le secrétaire exécutif nomme aux emplois communaux de rang de chef de service au moins, après avis du Conseil de supervision ».
De son côté, le secrétaire exécutif (Se) dit ne pas être là pour gérer la Commune au gré des humeurs et querelles personnelles. Il évoque un argument relatif au traitement salarial du cadre à nommer. Dans un courrier en date du 02 janvier 2023, en réponse à une précédente correspondance du maire à lui adressée le 28 décembre 2022, le Se explique que non seulement il est dans ses prérogatives, mais aussi, que son choix a été fait pour éviter à la mairie de continuer par payer des primes à l’actuelle Prmp qui est un agent de l’Etat recruté pour le compte d’un Ministère et détaché à la mairie. Il serait toujours dans une logique de bien faire, selon ses proches.
Saisie du dossier, il y a quelques semaines, la Cellule de suivi et de contrôle de gestion des Communes de la Présidence de la République, avait demandé au Se d’opérer un choix entre les deux cadres en question. Ce qu’il a fait par un acte de nomination prononcé en décembre 2022. La personne qu’il a désignée n’a pu prendre fonction à ce jour en raison de l’opposition du maire qui évoque entre autres, une question liée à sa moralité.
Le Conseil communal attendu sur le dossier
Le maire, président du Conseil communal, a demandé la convocation d’une session extraordinaire pour trancher le dossier. Il a évoqué dans un courrier adressé au Se le 28 décembre 2022, l’article 11 du Décret 2022-321 du 1er juin 2022 fixant le cadre général du règlement intérieur des Conseils communaux qui stipule que : « Le Conseil communal se réunit en session extraordinaire sur convocation du maire chaque fois qu’il le juge utile. Le Conseil communal peut également se réunir en session extraordinaire en cas de dysfonctionnement des services communaux ou pour répondre à une situation d’urgence à la demande motivée de la majorité absolue des membres du Conseil communal. Dans cette hypothèse, l’ordre du jour de la session extraordinaire ne peut porter que sur le cas de dysfonctionnement grave ou de la situation d’urgence constatée… »
La compétence prime-t-elle sur la moralité ? Le préfet du Couffo, Christophe Mégbédji, pourrait intervenir pour régler le différend. Mais à cette allure, quelle sera la suite de la collaboration entre le maire et le Se pour le développement de Djakotomey, surtout que l’autorité communale persiste que la Prmp désignée ne prendra pas service tant que le Se ne révise pas sa position ?
On se rappelle encore du cas de N’dali où le Secrétaire exécutif a fait les frais d’un bras de fer avec le maire pour question de moralité. On attend jusqu’où le Se de Djakotomey va tirer cette affaire avec son maire et les membres du Conseil de supervision. Précisons que les deux cadres, au coeur de la discorde, sont tous natifs et originaires de la Commune de Djakotomey.
Abdourhamane Touré