Demain dimanche 11 avril 2021, les Béninois iront aux urnes pour élire le prochain président de la République. En vue du déroulement du scrutin dans la paix et la quiétude, des voix s’élèvent pour condamner les actes de violence perpétrés ces derniers jours pour empêcher l’expression du droit de vote des citoyens. C’est le cas du docteur en droit, Désiré H. Aïhou. Dans la tribune ci-dessous publiée et intitulée : « Toutes et tous aux urnes, en confiance et sérénité, le 11 avril 2021 », l’avocat à la Cour se dit convaincu qu’après la fermeture des bureaux de vote et le décompte des voix, chaque Béninois sera comblé d’avoir œuvré, une fois encore à l’enracinement de la démocratie dans notre pays. De ce ce point de vue, « toute manœuvre tendant à priver le citoyen béninois de voter est constitutif d’un acte de confiscation de sa liberté, voire un acte de violence électorale et une tentative de mise en panne de la démocratie qui justifie des mesures de sécurité appropriées. Lire ci-dessous, l’intégralité de la tribune.
Ce n’est pas une tournure de phrase, il n’y a plus de détours à faire. La campagne électorale est bien terminée. Les cymbales sonores, les trompettes et les vuvuzelas et même les fanions, les banderoles, et autres oriflammes doivent être maintenant rangés, sans doute, pas au tréfonds des placards. Certains peuvent les reprendre bientôt pour fêter la victoire de leurs candidats ou tout simplement la victoire de la démocratie.
En effet, au Bénin, l’élection présidentielle a toujours été l’occasion d’une fête grandiose et cela a lieu tous les cinq (05) ans. La prochaine fête est prévue pour le dimanche 11 avril 2021. Et elle aura bel et bien lieu dans la paix et la sérénité.
Comme d’habitude, hommes et femmes, accompagnés parfois de leurs enfants en âge de voter, seront accueillis dans les centres et bureaux de vote pour accomplir leur devoir civique : le vote démocratique et secret qui consiste à déposer dans une urne scellée et transparente leur bulletin. Chacun va voter après avoir opéré librement son choix, en toute quiétude, à l’abri de toute influence et de tout regard partisan.
Comme d’habitude encore, les électeurs, quel que soit le candidat (de la mouvance ou de l’opposition) sur lequel ils ont porté leur choix, vont se côtoyer, discuter, se familiariser et même s’entraider tout au long de la journée dans les centres de vote et dans les alentours. Dans les centres de vote et dans les alentours, et sur toute l’étendue du territoire national, certains vont faire de nouvelle rencontres, d’autres vont retrouver de meilleurs amis où des membres de leur famille qu’ils avaient perdu de vue depuis longtemps, tout ceci dans des débats fraternels et festifs.
Comme d’habitude enfin, après la fermeture des bureaux de vote et le décompte public des voix, chacun sera comblé d’avoir œuvré, une fois encore, à l’enracinement de la démocratie béninoise.
Alors, peut-on douter encore sérieusement des fonctions sociales du vote ? Peut-on douter qu’à travers le rituel du bureau de vote, l’électeur entend partager des valeurs collectives nationales et consensuelles ?
Toute manœuvre tendant à priver le citoyen béninois de voter est constitutif d’un acte de confiscation de sa liberté (I), voire un acte de violence électorale et une tentative de mise en panne de notre démocratie qui justifie des mesures de sécurité appropriées. (II).
- Une tentative de confiscation de la liberté des électeurs béninois
Les lobbys du boycott et des marchés de la violence, faisant de l’insécurité leur profit, insufflent à la population et font circuler sur des réseaux sociaux et des médias à la solde des situations de détresse, d’incertitude, de peur et de malaise soutenues par des visées destructrices, à peine voilées.
Ces agitations, loin de compromettre, en aucune manière, le processus électoral en cours chez nous, portent au contraire, à l’histoire ce nouvel intérêt, que ces zélateurs les plus ardents n’étaient pas si éloignés des hommes entièrement dévoués à l’oligarchie, dont tout semble prouver qu’ils furent, dès l’origine, des serviteurs occultes.
Ces « démocrates » d’une espèce rare, quoi qu’envoie de disparition, heureusement, semblent ignorer que l’organisation d’un État moderne nécessite un contrat social pour concilier pouvoir collectif et liberté individuelle.Cette conciliation n’est, elle-même, possible que grâce à l’expression de la volonté générale librement manifestée à travers les urnes ; instruments consensuels de dévolution du pouvoir de l’État et « vecteur de légitimité nationale et internationale ».
Tout cela ressort de la dignité reconnue au citoyen électeur. L’en priver s’apparente à la négation de son existence, à son incapacité d’être libre et de déployer ses facultés pour augmenter ses chances d’indépendance et de bonheur au moyen d’une élection libre et transparente.
Evidemment, rien de cela n’est fait au hasard. Ces politiciens de l’ombre veulent bien conquérir le pouvoir politique et tous les autres pouvoirs de l’État mais en se passant, si on les laisse faire, d’une élection libre et de toutes les autres phases d’une élection démocratique. L’objectif de ces auteurs est de saper le processus électoral, l’intégrité des résultats et provoquer la panne de notre système démocratique.
Le citoyen béninois, privé d’expression réelle, n’aura qu’à se résoudre à mendier son pain quotidien à la cadence de l’obéissance qu’auront imposée les maîtres absolus qui auront réussi à effacer de sa conscience la démocratie électorale.
Pourtant, nul n’est sans savoir que, de nos jours,la liberté de l’électeur est la valeur axiale, modératrice du système démocratique. Le processus électoral doit être géré de manière à garantir à tous les citoyens électeurs une participation de qualité au choix de leurs dirigeants. La participation de qualité résulte, entre autres, de la garantie donnée au citoyen d’accéder librement au lieu de vote le jour du scrutin et d’accomplir, sans aucune influence, son devoir d’électeur.
Toute tentative d’empêcher un citoyen électeur de se rendre aux urnes, ou de l’en dissuader est une confiscation pure et simple de sa liberté équipollente à la violence électorale ; ce qui peut être et doit même justifier de la part des pouvoirs étatiques la prise des mesures de sécurité appropriées.
- Des mesures de sécurité appropriées
Que l’on aime le président Patrice Talon ou pas, l’on doit avouer que sa politique sécuritaire est l’une des meilleures depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Depuis cinq ans, l’on n’assiste plus aux braquages intempestifs de citoyens, d’étrangers résidant au Bénin et des banques. Depuis son accession à la magistrature suprême, les coupeurs de route se sont terrés ; de nombreux trafiquants ont pris la route de l’exil ; les citoyens se livrent en confiance et sérénité à leurs occupations quotidiennes ; la nation est en construction sans tambour ni trompette.
Ce savoir-faire dont témoignent les actions réussies de la Police Républicaine et le professionnalisme de notre armée est nécessairement mis au service des citoyens, ce dimanche 11 avril 2021, aux fins de garantir leur sécurité et les accompagner à jouir paisiblement de leur droit constitutionnel d’électeur.
Comme dans toute élection, les autorités ont pris des mesures pour veiller à ce que les électeurs, le personnel des bureaux de vote, les observateurs et d’autres acteurs impliqués dans le processus vivent à l’abri de la peur ou du danger. La sécurité des citoyens est et sera garantie avant, pendant et après les opérations électorales. Autrement, le citoyen serait privé de ses droits fondamentaux.
En effet, à l’heure du vote, la sécurité prend en compte le citoyen électeur comme sujet ayant des droits : le droit d’aller et de venir, le droit d’exprimer librement son opinion dans les urnes, le droit au respect de son intégrité physique, le droit à la vie…C’est donc sur ces volets où sécurité se concilie avec liberté qu’il faut mettre l’accent et rappeler qu’à l’heure du vote, aucun acte d’insécurité qui résulterait de la délinquance violente à l’égard du citoyen appelé à accomplir son devoir civique ne peut être toléré.
Dans ce contexte, la notion de sécurité n’est pas réductible à une vision policière. La sécurité passe aussi par le respect des droits individuels du citoyen dont la garantie est confiée au juge. La sécurité interpelle également la coordination des organisations de la société civile et les familles dont les membres devraient être appelés à la conscience citoyenne aux fins de garantir un environnement sécuritaire adéquat durant le processus électoral.
Il faut attendre de la conjugaison de ces actions une forte participation des électeurs dont l’élan de mobilisation massive est prévisible au regard de l’enthousiasme manifesté par nos concitoyens au cours de la campagne électorale intensément organisée pendant quinze jours sur fond de rencontres bienveillantes. Cela est prévisible, les motivations des béninois et des béninoises – dont les conditions de vie se sont sensiblement améliorées depuis seulement cinq (05) ans, sous le mandat du président Patrice Talon, – prennent le pas sur le climat de psychose que tentent d’installer au Bénin certains groupuscules, majoritairement installés à l’étranger, dont les voix et les actes d’incivisme notoires ont relayées par une radio dite internationale qui ne réalise son chiffre d’affaires que sur une clientèle presque exclusivement africaine.
En conclusion, il faut rappeler à nos compatriotes que le vote est une étape ultime du processus électoral, celle qui détermine la désignation, par la Cour constitutionnelle, du candidat que le peuple souverain a plébiscité. C’est de ce processus, préalablement organisé par la Constitution, que le peuple électeur tient son pouvoir qu’il est librement appelé à mettre en œuvre à travers les urnes. Il n’a d’injonction à recevoir de personne pour jouir de ses prérogatives. Si les zélateurs ont cru pouvoir trouver une autre issue pour conquérir le pouvoir, cela ne devrait se faire au préjudice de ses intérêts, encore moins au prix des menaces proférées contre sa tranquillité, contre sa vie et la paix publique. Heureusement, les appels à l’insurrection n’ont trouvé écho qu’auprès de quelques esprits faibles et facilement manipulables dont les actes d’incivisme ont été très rapidement contenues, traduisant l’échec cuisant des destructeurs de démocratie.
Les funérailles de ces vaines tentatives contre la démocratie béninoise sont programmées pour le dimanche 11 avril 2021 ; ce jour où les béninoises et béninois se déplaceront massivement aux urnes pour voter et célébrer en famille, entre amis ou tout simplement entre électeurs de tout bord, la fête de la démocratie.
Désiré H. Aïhou
Docteur en droit
Professeur à l’Université d’Abomey-Calavi
Avocat à la Cour