Dans certaines écoles, les clubs écologiques font leur retour et constituent des occasions d’éducation à l’Environnement des plus jeunes. Mais il faudra plus pour faire des enfants, des catalyseurs de changement, selon certains spécialistes.
Elève en Terminale C au Collège d’enseignement général Les Pylônes à Cotonou, Géo Moïse Adjovi fait attention à tout, dans la cour de récréation. Le responsable du club écologique Sonuyon (demain, sera meilleur en langue fon) veille à ce que ses camarades s’approprient les gestes éco citoyens. «Les membres de mon club et moi, réunissons nos camarades pour leur expliquer les conséquences de la pollution, notre part de responsabilité et les approches de solutions», confie-t-il. Et sa détermination n’est pas vaine. Ses pairs du Ceg Les Pylônes prennent conscience de l’enjeu. «Je suis devenu conscient de l’enjeu grâce à la sensibilisation de certains camarades, membres du club. À mon tour, je sensibilise d’autres amis à maintenir notre cadre de vie propre», témoigne David Messinou, élève en classe de 1ère au Ceg Les Pylônes. Peace Noutché, élève en classe de 1ère D prouve plutôt la sensibilité de ses pairs, en faisant le lien entre l’Environnement et la Santé, tout en veillant elle-même à être un modèle. «Je fais tout pour être un bon exemple. Ce qui me permet d’avoir de la facilité à exhorter mes camarades ,mes parents et d’autres adultes sur le fait que les sachets constituent un danger pour l’environnement et notre santé», martèle-t-elle avant de déplorer que «bien qu’il y ait des poubelles un peu partout dans l’établissement, certains d’entre les camarades préfèrent jeter les déchets là où ils veulent dans la cours de l’école».
Miser sur les enfants
En effet, les enfants constituent une cible privilégiée des programmes d’éducation à l’Environnement. Au-delà des écoles, des organisations non-gouvernementales et associatives créent des espaces pour éveiller ces citoyens de demain. C’est le cas du scoutisme, un mouvement mondial qui a pour but de contribuer au développement des jeunes. «La méthode scoute nous amène à être confronté aux réalités de la nature et à œuvrer à sa protection. Vous apprenez du monde qui vous entoure, de vos coéquipiers, de la biodiversité, de la vie tout simplement .Ces aventures aident les jeunes à retrouver l’équilibre de vie. Nous formons dans l’espoir que les jeunes deviennent des ambassadeurs de l’écocitoyenneté auprès de leurs familles et amis, dans leur école et partout où ils se retrouvent», explique Dr Jean-Roitinos, Environnementaliste et Commissaire Général de l’Association des Scouts catholiques du Bénin. Sandra Idossou activiste et initiatrice de la campagne Sachet Heloue cible elle aussi les enfants, les adultes de demain. «Ils sont en effet nos ambassadeurs dans leur foyer, dans leur maison, dans leur milieu, dans leur communauté puisqu’ils portent le message de l’importance de la protection de l’environnement», fait-elle remarquer. À l’en croire, c’est important de commencer la sensibilisation des enfants, dès leur bas âge, pas seulement dans la société, mais aussi dans les écoles.
Cibler les écoles
Pourtant, beaucoup d’écoles ne disposent pas de clubs écologiques. Les élèves se contentent des cours des sciences de la vie et de la terre, qui ne mettent pas forcément sur les responsabilités des plus jeunes. Le besoin est pressant. «Aujourd’hui, on a intérêt davantage à éduquer les enfants à cause de leur capacité d’assimilation et parce qu’ils vont à leur tour éduquer les adultes. Il faut sensibiliser les enfants pour sensibiliser le monde», insiste Jean-Roitinos Aïssi. L’environnementaliste voit les enseignants comme de grands acteurs capables d’impulser cette dynamique. «Les enseignants font le nécessaire lors des cours. Mais ce n’est pas suffisant. L’idéal est d’aller au-delà pour susciter les débats, permettre aux enfants de bien comprendre combien dans 10 ans nous seront davantage face à des vagues de chaleur et aux chocs hydriques. Les clubs sont mieux placés pour cela. Si en classe de 6ème, vous arrivez à façonner 10 ou 20 ambassadeurs pour la protection de l’environnement, c’est peut-être 200,300 personnes qui sont touchées directement de par l’engagement de ces derniers», préconise t-il. «Il faut plus de pratique lors des cours sur la préservation de l’environnement», renchérit l’activiste Sandra Idossou. Pour cette cause, tout le monde est appelé à jouer sa partition. «Ce n’est pas l’affaire des gouvernements ou des Ong uniquement. Nous sommes tous concernés, et le changement doit commencer maintenant», précise Carin Karl Atondé, directeur des programmes de l’Ong Jeunes volontaires pour l’environnement (Jve-Bénin). Puis que chaque enfant qu’on enseigne est un homme que l’on gagne.
Par Estelle Vodounnou (Coll)