Le 1er congrès ordinaire du parti « Les démocrates » a consacré l’élection de l’ancien président de la République Thomas Boni Yayi, à la tête de cette formation politique. Cette option stratégique du principal parti d’opposition au Bénin, fait poindre un challenge Talon-Yayi pour les élections de 2026 au Bénin. Quoique ne pouvant figurer dans les starting-blocks, les deux personnalités seront inévitablement au cœur du jeu politique à ce scrutin majeur.
Boni Yayi est désormais aux manettes du parti « Les démocrates ». En acceptant cette charge qui selon Guy Mitokpè, premier secrétaire à la communication du parti, serait une réponse au vœu d’une frange importante de militants, Boni Yayi signe son retour dans l’activité politique. Même s’il y était déjà de par son manteau de président d’honneur, Yayi a désormais les coudées franches pour faire bouger les lignes au niveau du principal parti d’opposition au Bénin. La mission de l’ancien président reste claire. Il en a d’ailleurs donné le signal dans son adresse consécutive à son élection. « Nous avons désormais vaincu l’esprit de dignité et reçu celui de vigueur, de courage pour prendre en mains, la mission historique qui incombe aujourd’hui aux démocrates, parti du peuple. Aussi, mieux que par le passé, devrions-nous nous atteler à rallier toutes les forces politiques de l’opposition, les unir, les fortifier pour mener ensemble le combat de la restauration de la démocratie, de l’Etat de droit, des droits de la personne humaine et du panier de la ménagère », a déclaré le tout nouveau président du parti « Les démocrates ». En clair, l’homme semble conscient de sa mission et des défis qui l’attendent. Laquelle mission s’annonce à la fois noble et périlleuse pour l’ancien chef d’Etat qui, selon le politologue Richard Ouorou, n’a pas droit à l’erreur. Aujourd’hui, pense le politologue, « en prenant la tête du plus grand parti d’opposition, il (Boni Yayi ndlr) jouit désormais de la légitimité qu’il faut pour mener son combat. Ne pas le faire ou ne pas le réussir sera alors une trahison pour les Béninois et les Béninoises qui placeront tant d’espoir et d’espérance en sa personne. Le moment venu, il devra rendre compte et présenter un bilan d’exercice. ». Il va sans dire que l’arrivée de Yayi à la tête des démocrates déchaine des espoirs. Reste à savoir si l’homme sera à la hauteur des attentes.
Yayi, Talon et 2026
Sur la piste du nouveau pari dans lequel il vient de s’engager, Boni Yayi a, en face, un adversaire de taille. Il s’agit de Patrice Talon, son successeur dans la fonction présidentielle et actuel locataire du palais de La Marina. L’avènement de Yayi à la tête du parti de l’opposition fait désormais de lui, le chef de file de l’opposition, et donc la figure de proue de l’opposition béninoise. Il se retrouve de facto dans une position d’affrontement de son ancien allié politique devenu « ennemi ». Bien entendu, les deux personnalités sont forcloses de toute ambition de candidature à l’élection présidentielle de 2026 au regard des dispositions de la loi N°2019-40 du 7 novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin. Entre le défi de restaurer la démocratie qui passe inéluctablement par l’alternance au sommet de l’Etat et la continuité dans le progrès, le peuple sera appelé à opérer un choix. 2026 sonne comme l’ultime challenge entre les deux personnalités après les nombreux déboires subis par Yayi de la part de son ancien allié politique. Elle s’annonce comme l’ultime combat politique de Yayi. C’est à la fois une question d’honneur pour lui mais aussi pour Patrice Talon qui devra œuvrer à consolider ses acquis à travers la victoire de son joker en 2026. De toute évidence, les challenges électoraux de 2026 s’annoncent épiques. Les feuilletons qui vont jalonner le parcours risquent d’être interdits aux cardiaques. Pourvu que le peuple soit épargné du pire.
Abdourhamane Touré