La communauté internationale, a célébré hier, mardi 03 mai 2022, la 31ème édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette célébration a été une fois encore l’occasion pour les professionnels des médias, de faire l’état des lieux, un état des lieux qui laissent à désirer.
Placée sur le sur le thème : « Le journalisme sous l’emprise du numérique », la célébration de la 31ème édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse, n’a pas suscité grand émoi dans le rang des professionnels des médias du Bénin. Le tableau peint de l’état de la presse au Bénin, n’est guère reluisant. Depuis quelques années en effet, le Bénin ne cesse de dégringoler dans le classement mondial de l’Ong internationale Reporters sans frontières (Rsf). De la 113ème place en 2020, le Bénin est classé à la 121ème place dans le classement de l’année 2021, perdant du coup 7 places. Un classement qui montre clairement que la liberté de presse est en net recul dans le pays. Le rapport de Rsf indique que sur le continent, “coexistent à la fois la presse foisonnante du Sénégal (73e du classement) ou d’Afrique du Sud (35e) et le silence assourdissant des médias privés en Érythrée (179e) ou à Djibouti (164e)”. Evoquant les raisons qui explique le déclassement de certains pays, Reporters sans frontières pointe du doigt les nouvelles menaces qui pèsent sur la presse en Afrique. Elles vont des lois qui criminalisent la presse en ligne aux fausses nouvelles (fake news). «Ces dernières années, la multiplication de lois répressives criminalisant le journalisme en ligne est venue porter un nouveau coup au droit à l’information. Dans le même temps, la prolifération des rumeurs, de la propagande et de la désinformation a contribué à affaiblir le journalisme et l’accès à une information de qualité», a analysé Reporters sans frontières.
L’état des lieux de l’Upmb et du Cnpa
Dans une déclaration de presse conjointe, l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb) et le Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa) ont établi quelques faisceaux qui pourraient justifier, cette énième chute du Bénin dans le classement de Reporters sans frontières. Tout en se réjouissant de l’engagement des professionnels des médias à exercer leur mission en dépit du contexte relativement difficile et des nouveaux défis du métier, l’Assemblée spéciale des bureaux de l’Upmb et du Cnpa, regrette que la profession soit livrée à elle-même, abandonnée par les décideurs politiques. « …Il est à déplorer, au cours de ces dernières années et particulièrement ces douze derniers mois, l’absence d’initiatives véritables pour redorer le blason de la profession, rudement mise à l’épreuve par les difficultés de financement aux entreprises de presse, la multiplication des interpellations et condamnations des journalistes, la fermeture d’entreprises de presse critiques, les mesures fiscales à l’encontre de certains organes, la suspension d’organes en ligne, l’avènement de normes de régulation des médias aux antipodes des standards en la matière, l’absence d’interlocuteurs valables au niveau des partenaires gouvernementaux pour des réponses adéquates aux défis auxquels les acteurs des médias sont confrontés.». Pour l’Upmb et le Cnpa, ce diagnostic rend précaire l’exercice du métier de journaliste et handicape fortement la viabilité des entreprises de presse. A tout cela, s’ajoutent la situation sécuritaire marquée par la multiplication des attaques terroristes contre le Bénin a conduit à l’interpellation de nombreux journalistes dans la partie septentrionale qui écoutés par les autorités judiciaires à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
Recommandations
Pour l’assemblée spéciale des instances faitières des professionnels des médias, la situation du Bénin en matière de liberté de presse peut être corrigée. Pour ce faire, il reviendra aux décideurs politiques de jouer sur les leviers financier, juridique et institutionnel afin de permettre à la presse, d’assumer avec efficacité son rôle de baromètre de la santé démocratique au Bénin. Ceci passe par l’opérationnalisation du Fonds d’appui au développement des médias (Fadem) qui apportera un souffle substantiel aux organes de presse asphyxiés par la conjoncture économique. Il faudra également, procéder à la relecture de la Loi N°2017-20 du 20 avril 2018 portant Code du numérique en République du Bénin, une loi qui selon les présidents l’Upmb et de la Cnpa, constitue un véritable goulot d’étranglement à l’exercice aisé du métier de journalisme au Bénin.
Gabin Goubiyi