Wenceslas Mahoussi, expert média et pratiques info-numériques, a donné son point de vue l’état de la presse au Bénin. C’était ce dimanche 26 février 2023 sur l’émission « Cartes sur table » de Océan Fm.
Invité sur l’émission « Cartes sur table » de Océan Fm, ce dimanche 26 février 2023, Wenceslas Mahoussi, expert média et pratiques info-numériques, a donné son point de vue sur l’état de la presse au Bénin. Se référant aux différents rapports de Reporter sans frontière, ces 15 dernières années, l’universitaire a fait savoir que la liberté d’expression, la liberté de presse, l’accès à l’information au Bénin, est en demi-teinte et peu affirmé, même s’il y a des efforts à faire. A titre illustratif, il a évoqué les contrats que certains médias signent avec les gouvernants, qui in fine restreint l’indépendance médiatique ; les Unes siamoises, la suppression de l’Agence bénin presse (Abp) et de certains médias de l’espace médiatique béninois ainsi que l’arrestation de journalistes avec l’avènement du Code du numérique etc. « Depuis un moment, on peut observer à la fois synchronique et de façon diachronique qu’on a des raisons de se poser des questions sur à la fois ce qu’on peut appeler la liberté d’expression mais aussi sur la liberté de presse. Je m’en tiendrai au rapport de Reporter sans frontière ces 15 voire 20 dernières années qui montrent que nous avons chuté. Il y a une dégringolade dans l’attribution des points quant à des questions d’information, des questions liées à la liberté d’expression et à la liberté de presse. Quand dans un pays des gouvernants signent des contrats avec des organes de presse, cela relève de ce qu’on peut appeler un pacte de non-agression. De ce point de vue, on n’a plus l’indépendance médiatique qu’il faut, les journalistes ne sont plus en ce moment-là très indépendants pour jouer leur rôle et pour critiquer», a fait savoir l’invité du journaliste Joël Tchogbé. A l’en croire, le phénomène existait et continue d’exister. « Cela a été l’un des critères pour montrer que la presse au Bénin n’est pas vraiment indépendante », a-t-il ajouté.
Les Unes siamoises
« Il y a dans ce même sillage ce qu’on peut appeler les Unes siamoises. Il s’agit de la publication de Unes identiques. Selon Wenceslas Mahoussi, ces unes sont le fruit de contrats signés soit avec le gouvernement ou les opposants. En vertu des contrats, des directives sont données et les journaux publient pratiquement les mêmes unes. Cela pose un problème de savoir que le journaliste n’est plus totalement indépendant de faire un sujet lui-même et là, les sujets deviennent des sujets fléchés. Ça c’est aussi quelque chose qu’il faut observer ».
La suppression de certains organes de presse
« Il faut observer également la suppression de certains médias de presse. Il y a des groupes de presse qui ont cessé d’émettre. Il y a aussi certains médias qui ne restent plus, mais il y a d’autres qui ont repris. Ces éléments montrent qu’il y a quand même un essoufflement d’une part de ceux qui ont eu des pressions, mais aussi que l’entreprise de presse n’était plus vraiment viable et que certaines entreprises ont fermé. On a ensuite, quand le gouvernement lui-même se décide de supprimer par exemple certaines agences liées à la presse, comme l’Abp par exemple, qui pendant longtemps a servi de fournitures d’informations, de dépêche aux organes de presse et là, en matière d’information quand reporter sans frontière va analyser, on verra que la source pour avoir la vraie information a été supprimée et là, on n’a pas encore une solution. Donc, on restreint l’accès à l’information. De ce point de vue-là, les médias ne sont pas totalement libres ».
Les journalistes envoyés en prison
Le dernier point, c’est la restriction de la liberté. Quand on a vu la libération de l’espace audiovisuel avec la loi de 2015 qui dépénalise les délits de presse et que ces six dernières années, on observe que les journalistes pour une raison ou pour une autre avec l’avènement du code du numérique, certains font la prison, cela voudra dire qu’il n’y pas totalement liberté d’expression, ni liberté des médias. Tout ça mis ensemble peut amener à dire que la liberté d’expression, la liberté de presse, l’accès à l’information, est en demi-teinte sous nos cieux, même s’il y a des efforts », a-t-il ajouté.