Du 29 février au 04 mars 2024 dans les locaux du stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou, une trentaine de jeunes béninois dont deux femmes ont pris part à une formation des entraîneurs de niveau 1 et niveau 2 du rugby à VII. Il s’agit d’une initiative née de la collaboration entre la Fédération béninoise de rugby (FéBéRugby) et Rugby Afrique. Dans un format interactif meublé de séances théoriques et pratiques, les Béninois ont reçu de Dr Mostafa Jelti, expert de la fédération internationale de rugby (World Rugby), les rudiments nécessaires pour la détection et la formation des talents. Au micro du quotidien Le Matinal, des acteurs de cette initiative ont apporté des éclaircissements et ont exprimé leur satisfaction au regard de la qualité du stage. Ci-dessous, l’intégralité de leurs propos.
Faustin Dahito, président de la FéBéRugby
« Cette formation s’inscrit dans le cadre de la politique de la fédération qui consiste à faire émerger davantage de nouveaux experts techniques dans tous les domaines, que ce soit préparateurs physiques, entraîneurs, arbitres et médicaux. C’est dans ce cadre que nous avons déroulé, grâce à l’appui de Ruby Afrique cette formation dédiée aux entraîneurs niveaux 1 et niveau 2 du Rugby à 7. C’est un expert international qu’on nous envoie à chaque fois pour ces formations. Il y a quelques mois, il y a eu la formation des experts médicaux, niveau 1 et niveau 2 ainsi que pour les préparateurs physiques. Le Bénin est ainsi en train de construire sa base d’experts dans ces différents domaines. Pour nous, c’est la base pour révéler le Rugby. D’abord, dans tous les départements du pays et ensuite créer une expertise de classe internationale à laquelle Rugby Afrique peut faire appel pour officier des matchs à l’international. C’est aussi un rêve pour nous parce que le pays doit rayonner. Je suis très satisfait parce que j’ai constaté la motivation des jeunes. Du début jusqu’à la fin, l’effectif est resté intact. Les bénéficiaires n’ont pas déserté. Ils sont restés très motivés. Parmi eux, ce sont des gens qui ont déjà intellectuellement un certain bagage. C’est donc du concret, du béton qu’il y a en cours. Pour leur certification, il faut d’abord un travail en ligne pour valider certaines étapes pour être sûr d’être sur la plateforme de rugby Afrique et de World Rugby. Ce qui leur crée déjà une audience internationale. Le pays est organisé en zonage. Nous avons 4 ligues de rugby. Nous allons les répartis selon la localisation ou la préférence de chaque entraîneur pour qu’ils puissent avoir de la matière et pratiquer leurs expertises. Si nous n’avons pas ces experts, nous ne pouvons développer le rugby dans les 12 départements. L’attente de la FéBéRugby, est d’avoir l’encadrement nécessaire dans chaque département pour détecter de nouveaux talents, les former au niveau des établissements scolaires, des quartiers de ville et autres pour monter de nouveaux clubs à l’avenir. Il faut comprendre qu’on prépare ainsi la relève au niveau de tous les compartiments du rugby béninois. On ne peut pas garder que les vieux. Le bon leader, c’est celui qui prépare la relève puisqu’il n’est pas éternel. Je suis très heureux parce que c’est la crème des crèmes. Ce sont des jeunes qui sont dynamiques, ambitieux et nous comptons sur eux pour que le nom du Bénin résonne en parlant du rugby. Nous remercions Rugby Afrique et World Rugby pour l’attention qu’ils accordent au Bénin ».
Stacy Junior Ganmavo, participant
« La formation s’est axé sur pas mal de points, mais généralement sur la planification des séances, comment effectuer le profilage, comment organiser ses séances d’entraînement. On avait tendance à venir à la séance et on organise des trucs sur le volet. Avec ce que le formateur nous a donné comme connaissance, il faudrait que les choses changent maintenant. Il faudrait planifier toutes ses séances avant de venir. Ce n’est plus venu à l’entraînement et dire bon on fait ci, on fait ça. On doit changer maintenant. Cette formation est venue à point nommée. On s’est vraiment outillé. On a élevé notre niveau en termes de connaissance. On ne peut que remercier la fédération. Certes, quatre jours de formation, c’est court parce que c’était passionnant. On espère qu’on pourra réitérer ce genre de formation pour pouvoir pousser encore plus nos compétences. »
Fridosse Koura, participante
« Franchement, j’ai appris beaucoup de cette formation. J’ai eu à apprendre plus les valeurs du rugby, les techniques, comment planifier l’entraînement avant un match de rugby à VII, l’organisation, le planning et beaucoup d’autres choses. Après cette formation, je pense maintenant qu’on a plus de rudiments nécessaires pour un peu plus émerger dans la formation des enfants qui tient à cœur au comité exécutif de la Fédération béninoise de rugby. On va reverser à ces enfants qui sont à notre charge, tout ce qu’on a reçu du formateur afin de leur réserver un avenir meilleur. L’initiative elle est bien pensée, puisqu’il faut cela pour nous permettre de disposer des armes pour s’imposer sur le terrain. Merci, à la fédération, et l’engagement, il est pris pour l’atteinte des objectifs ».
Évrard Edoh Gbozinkpa, sélectionneur national
« C’est une grande joie que je n’arrive vraiment pas à extérioriser. Autant qu’ils sont, les participants sont restés vraiment attentifs durant toute la formation. Ce qui a fait plaisir à Dr Mostafa Jelti. Ce qui fait plus plaisir est que nous, nous partirons et eux, ils vont prendre notre place pour gérer cette discipline sportive. Ils sont conscients de l’enjeu et ils l’ont démontré avec leur engagement. Ce sont des techniciens qui ont bien réagi lors des phases théoriques de la formation. Ça prouve qu’ils ont l’essentiel. Le reste, c’est la pratique, et avec l’habitude du terrain, ils vont mieux se construire pour mieux se gérer sur le terrain. À notre niveau, avec le Dtn, nous allons prendre le relais pour assurer leur suivi. On passera de temps à autre dans leur club pour constater le travail. Ils auront également à nous faire parvenir parfois des enregistrements vidéo qu’on va analyser pour leur notifier ce qu’il faut corriger à chaque fois, afin qu’ils deviennent de bons entraîneurs. C’est l’objectif. Pour ma part, je remercie profondément la FéBéRugby pour cette initiative mise en place. Ça se passait avant, mais pas de cette manière. Tout est désormais différent, et ça fait plaisir de savoir que la relève est assurée ».
Dr Mostafa Jelti, expert-formateur
« Je suis content du niveau des apprenants, car ils sont tous jeunes. Ils ont moins de 30 ans et ils ont la connaissance. Ils suivent un peu le rugby international. On ne peut qu’être fier d’eux. La suite, elle est du compte de la Fédération béninoise de rugby. Moi, j’ai transmis le contenu de la formation. On a bien travaillé ces 4 jours. On a fait les deux niveaux (1 et 2) qui ont été suivis et les jeunes étaient très motivés. Ils ont beaucoup manifesté beaucoup de ce » vouloir acquérir des connaissances ». Il y a maintenant des tests à faire pour valider leur formation, puisque la formation n’est pas encore achevée. Par la suite, on va postuler à d’autres niveaux supérieurs pour ceux qui seront compétents dans cette formation. La majorité a eu son premier niveau. Pour le deuxième niveau, il reste encore une partie entretien qui sera faite dans les prochains mois. Il y a un processus qui est imposé par l’instance internationale qui est World rugby. À partir du deuxième niveau, on fait une formation sur le terrain et en salle. Après, il y a des tests à faire individuellement sur la plateforme World rugby en ligne. Quand ils vont réussir ces tests, ils vont passer sur le terrain. Ils vont faire un cycle d’au moins 6 séances, chacun dans son club ou dans son association. Ils seront suivis par le Directeur technique national et celui qui va faire le premier rapport sur les intéressés. À partir de là, on va faire un cumul de tout ça : la formation ici et les tests en ligne. Ceux qui ont réussi ces deux premières étapes, ils passeront à l’entretien. L’entretien, on le fera en face-à-face pour aboutir à la certification ».
Leïlath Fousséni, entraîneure de Dauphins Rc
« Durant ces 4 jours de formation, nous avons reçu beaucoup de choses que nous ignorons. Par exemple, les principes du jeu. Avant, nous, on venait sur le terrain, on jouait, on encadrait nos jeunes comme on pouvait, mais ce n’était pas ça. Il faut s’accentuer plus sur le principe du jeu et comment un entraîneur doit planifier son programme. Il ne faut pas qu’il vienne sur le terrain et décider sur un coup de tête ce qu’il doit faire. Il faudrait qu’il planifie, si c’est sur trois mois, ce qu’il doit faire dans cette période. C’est sur ça que le formateur s’est vraiment accentué durant le stage. Beaucoup de choses vont changer dans notre habitude de gérer nos équipes. Comme je l’ai dit, on ne planifiait pas nos séances d’entraînement. On venait seulement manipuler la balle. On va aussi insister sur les principes du jeu parce que nous (dauphins et dauphines), on avait l’habitude de prendre la balle et avancer. Or, ce n’est pas ce qui est recommandé. Quand on prend la balle, on la conserve le plus longtemps possible avant de libérer. Moi, je ne faisais pas ça avec mes joueurs. Je leur disais, quand vous avez la balle avancez, mais ce n’est pas l’idéal. Comme c’est le Rugby à VII, la formation nous recommande de conserver la balle avant de la libérer. C’est donc des principes du jeu qu’on n’avait pas, mais désormais, je vais insister sur les principes du jeu avec mes joueurs. Parlant de la suite de la formation, j’ai déjà fait les tests en ligne que j’ai validée. Il reste pour le niveau 2 que le formateur vient de nous donner et nous allons aussi valider. Au plus vite, on va s’y mettre pour valider ces tests pour attaquer d’autres paliers de notre formation ».
Propos recueillis par Karol B. Sékou (Coll)