(Faible taux d’exécution du budget, la pomme de discorde ; les deux autorités s’expliquent)
Dans la Commune de Dogbo située dans le département du Couffo, une mésintelligence s’est installée entre le Conseil communal et le Secrétaire exécutif (Se), Iliwanou Adam. Ce qui s’apparente à une crise latente est née du faible taux d’exécution du budget 2023 de la Commune. Une situation qui agace le maire Magloire Agossou et face à laquelle, le Secrétaire exécutif ne semble faire montre d’aucune diligence en dépit des nombreuses alertes du Conseil de supervision.
La crise persiste depuis plusieurs mois. Mais les divergences d’approche quant à la gestion de la Commune ont fait que finalement, les choses sont en train de prendre une autre tournure. A la mairie de Dogbo, la cohabitation entre le maire et le Secrétaire exécutif (Se) a du plomb dans l’aile. Même si le maire Magloire Dogbo, joint par la rédaction de « Le Matinal », semble nier ce qui apparait comme un secret de Polichinelle, les lignes peinent à bouger au niveau de la Commune. Le maire est mis en index par les populations de Dogbo qui critiquent vertement sa gestion et le soupçonnent même d’accointance avec le Se. Celles-ci disent ne voir aucune action concrète de développement sur le terrain. Ce dernier s’en défend et pointe du doigt le Secrétaire exécutif et le Responsable des affaires administratives et financières (Raaf). De façon, concrète, le conseil communal et le conseil de supervision reprochent au Raaf de ne pas œuvrer pour un taux optimal de consommation du budget. « Pour le budget 2022, on n’a pas pu faire grand-chose. En ce qui concerne le budget 2023, rien n’a pratiquement été touché. Au troisième trimestre où on évaluait les choses pour élaborer le budget de 2024, le taux d’exécution s’établissait à 14%. Le collectif budgétaire est là et vous pouvez venir vérifier », s’est désolé le maire qui a confié que cette piètre performance est imputable à la gestion non dynamique du Responsable des affaires administratives et financières. A en croire Magloire Agossou, le faible taux d’exécution du budget a eu pour conséquence la reconduction des fonds sur le budget 2024 qui est établi à plus d’un milliard 800 millions de FCfa, une première pour la Commune de Dogbo. Pour le maire de Dogbo, cet accroissement budgétaire est loin d’être une prouesse puisqu’un changement de paradigme et de méthode de gestion aurait permis de consommer le budget à un taux plus ou moins conséquent étant donné que les fonds existent. Par ailleurs, l’autorité communale s’offusque du retard accusé dans l’adoption du budget communal. « Le budget exercice 2024 est voté le 15 novembre 2023 au lieu du 15 octobre. On est le dernier à ce niveau dans le département du Couffo », a-t-il indiqué. Il va sans dire que rien à priori ne justifie cette situation que le Secrétaire exécutif et le Responsable des affaires administratives et financières mettent sous le couvert des formalités administratives. Pour pallier cette nonchalance, et prenant ses responsabilités, le maire, sur le fondement de l’article 101 de la loi portant Code de l’administration territoriale au Bénin, a invité le Se à procéder au changement du Raaf qui officie également en qualité de Personne responsable des marchés publics (Prmp). Lesquels marchés sont au statu quo depuis plusieurs mois au grand désarroi du Conseil communal et du maire qui essuie quotidiennement une flopée de critiques de la part de ses administrés.
Des alertes sans grand résultat
Selon les explications de Magloire Agossou, la situation a été portée à la connaissance de la Cellule de suivi et du contrôle de la gestion des Communes. « Deux fois de suite, elle (la Cellule de suivi) est venue. Elle a relevé plus de neuf choses à corriger. Jusqu’à l’heure où je vous parle, trois de ces points ne sont pas encore corrigés », a-t-il déploré. Avant cette diligence, le Conseil de supervision a adressé une correspondance au Se pour attirer son attention sur la situation. La lettre a été signée à l’unanimité des sept membres dudit Conseil. Par ailleurs, les syndicats se sont levés pour rédiger une lettre qu’ils ont lue au drapeau et dans laquelle, ils se sont plaints du statu quo qui prévaut dans la Commune et dénoncé certains agissements du Se.
« Ils ont raison mais…», dixit le Se Iliwanou Adam
Ces nombreuses dénonciations semblent ne pas ébranler outre mesure le patron de l’administration communale de Dogbo. Joint par la rédaction de « Le Matinal », le Se, Iliwanou Adam dit attendre la suite de la procédure en cours avant de prendre toute décision. Face à la demande de changement du Raaf, pour laquelle le Conseil de supervision, lui met la pression, Iliwanou Adam a indiqué qu’il attend le rapport du quatrième trimestre de l’année 2023 qui serait en cours d’élaboration. « Ils ont raison de vouloir aller plus vite mais les procédures ne permettent pas d’aller à la vitesse que les autorités souhaitent », a-t-il indiqué.
Gabin Goubiyi